Chapitre 12

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Dans la voiture je me sentais mal.

Nous partons demain après-midi, et je me promets de profiter de cette dernière soirée auprès de lui.

Kassem ne parle pas. Et ce silence devient gênant. A-t-il des regrets ?

Nous arrivons devant la porte que je reconnais dorénavant très bien. Mon compagnon descend le premier, puis il me tend la main pour m'aider à descendre, mais ensuite il conserve ma main dans la sienne.

La chaleur familière m'envahit, même si je me sens un peu au bord des larmes. Mais je veille à les retenir. Cela dévoilerait trop la profondeur de mes sentiments. Et cela je ne le veux en aucune façon. Il donne des ordres à Hassan qui disparaît par une petite porte située dans un coin de la petite cour.

Nous entrons dans l'appartement, et je me retrouve tout contre lui, mes lèvres emprisonnées par les siennes. Je n'ai pas envie de partir, de m'éloigner de lui, et pourtant...

Notre baiser s'achève, mais il me garde blottie contre lui.

— Je crois que nous devons parler, dit-il.

Je lève la tête, et j'opine du chef.

Il m'accompagne jusqu'au canapé où nous nous asseyons côte à côte.

— Vous partez quand ?

— Demain après-midi.

Il soupire :

— Déjà...

Un silence s'installe qu'il rompt en disant doucement, ma main dans la sienne, et son regard ne lâchant pas le mien :

— Je préfère vous dire que vous ne restez pas ici cette nuit.

— Que...

Il me regarde plus intensément.

— J'en ai envie... énormément. Mais cela ne serait pas raisonnable. Je ne veux pas que tout s'achève sur une nuit, même si celle-ci serait belle. Vous méritez plus.

— Kassem, je...

— Ce qu'il y a entre nous est trop fort pour qu'une seule nuit puisse l'exprimer.

Sa main caresse ma joue. Je ferme les yeux. C'est si doux.

— Je ne comprends pas, murmuré-je.

— Je veux vous proposer quelque chose.

— Quoi ?

— Demain, ne partez pas, restez quelques jours avec moi.  Annie, des rencontres comme la nôtre, c'est rare. Et j'ai envie de vous revoir encore. Peut-être même de voir jusqu'où nous pouvons aller ensemble.

— Ce n'est pas possible...

— Pourquoi ?

— Nous sommes trop différents, et puis ma vie est en France. Non, ce n'est pas possible.

Je me lève.

— Je crois qu'il vaut mieux que je parte maintenant.

— Annie. Laissez-nous une chance, s'il-vous-plaît.

Je m'avance vers la porte, faisant tout mon possible pour conserver un air assuré et il me rejoint pour m'obliger à le regarder.

— Vous allez donc partir ? demande-t-il d'une voix rauque.

— Oui.

— Bien, je préviens Hassan.

Il se dirige vers le téléphone mural et donne un ordre bref en arabe, puis il revient vers moi.

— Sachez seulement que si vous changez d'avis, quelqu'un sera là à l'aéroport.

— Kassem...

— Je n'abandonne pas, Annie. Je sais qu'entre nous deux il peut y avoir une belle histoire. J'ai failli tout gâcher par ma stupidité, mais je ferais tout pour me rattraper.

— Mais pourquoi ?

— Avec vous, je suis un homme, et pas seulement un milliardaire, ou un cheikh. Et le regard que vous posez sur moi me fait comprendre que vous me voyez comme je suis. Et en ce qui me concerne, j'ai envie aussi d'en connaître plus sur vous. Mais j'ai surtout envie d'être avec vous.

À la porte, on entend frapper.

Sur un mot de Kassem, Hassan entre dans la pièce.

— Bien, vous comprendrez que je ne vous raccompagne pas moi-même, je vous dis juste un au revoir.

— Kassem...

Il prend ma main dans la sienne, sans se soucier de la présence d'Hassan.

— N'oubliez pas. Demain, j'enverrai quelqu'un à l'aéroport, si vous changer d'avis. Je vous propose juste de passer un jour ou deux avec moi.

Je ne dis rien, il me sourit et sur le sur le seuil il me dit :

— A demain, j'espère.

Il soupire.

— Sinon, bon voyage et bon retour chez vous.

Je hoche la tête, et il referme la porte. Je reste immobile un instant.

— Mademoiselle ?

Je respire un grand coup.

— Je vous suis.

Hassan s'incline devant moi, et m'accompagne vers la voiture.

Le voyage me semble interminable.

Que dois-je faire ?

Une fois à l'hôtel, Hassan me conduit jusqu'à ma chambre où il me laisse devant le seuil sur un bonsoir amical.

Je me prépare pour la nuit machinalement.

Et lorsque je me couche, je ne sais toujours pas quoi faire...


Rencontre dans le désert.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant