Un mot.

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  "- Un mot ; heureuse.
Une phrase ; sois heureuse.
Une question ; ne pourras-tu ne jamais être heureuse ? Lui demandais-je de la voix la plus sèche que je pouvais faire.

- Je ne sais pas. Peut-être que je ne le mérite seulement pas, m'avait-elle répondu simplement en regardant le ciel.

- Tout le monde mérite d'être heureux, même les plus blessés et les plus faibles, lui dis-je alors "

Nous étions sur une colline un peu haute, pour regarder le paysage. Cette fille ? C'était une inconnue. Une jolie inconnue qui, un jour, est arrivé de nulle part sur cette colline. J'dois bien vous avouez que l'homme que j'étais, avait été ébloui dès le premier regard.

" - Célestin, ne penses-tu pas qu'il serait temps ? Me demanda-t-elle en me regardant de ces grands yeux noisette.

- Je ne sais pas, Annie. Depuis le début, nous nous appelons comme ça. J'aime bien ce prénom, il te va si joliment, lui répondis-je simplement. "

L'été se finissait petit à petit. Le temps passait vite, à ses côtés. Il faudra qu'elle retourne au lycée. Je ne savais rien sur elle, bien sûr. Tout ça, n'était que des estimations de ma part.

" - Tu vas bientôt reprendre le lycée, lui dis-je.

- Tu vas être triste de ne plus me voir ? Me demanda-t-elle.

- Bien sûr. On a beau ne s'être dit de nos prénoms, âge, nous savons bien les secrets de l'un l'autre. C'est la plus facile des choses à faire, lui répondis-je.

- Ne serait-il pas tant de se dire la vérité ? Tu sais, qu'on sache à qui on parle depuis deux mois et demi. Ce serait bien non ? "

Je la regardais de mes yeux. Elle était si jolie. Elle n'avait jamais osé me regarder vraiment. Elle devenait rouge dès qu'elle regardait mes yeux qui n'étaient pas de la même couleur. Et moi, je ne pouvais que l'observer comme un gamin. Un gamin amoureux d'une jolie inconnue.

" - Je m'appelle vraiment Célestin. J'ai un œil bleu et l'autre vert, je suis brun. J'suis un mec au style bizarre. J'ai dix-huit ans, et je suis amoureux, dis-je d'un coup. "

Elle me regarda. Et quand je la regardai, elle ne tourna pas la tête, elle devint juste rouge. C'était mignon.

" - Moi, c'est Hélène. J'ai seize ans. J'ai les yeux noisette et je suis châtaine. J'suis banale, mais j'aimerais avoir un style un peu fou, répondit-elle.

- Amoureuse ? Demandais-je, curieux.

- Sûrement, oui. Si je savais ce qu'il pense de moi, peut-être que tu le saurais aussi, répondit-elle simplement.

- Triste et amoureuse, tout pour plaire, dis-je. "

Elle me regarda de ses yeux profonds. Et je la regardais, aussi. Nous étions si loin, mais si proches. J'aurais tellement voulu l'embrasser. Que nous embrasions nous deux corps ensemble. Cette fille qui ne souriait pas. Qui ne voulait jouer avec un masque. Je la voulais.

" - Avant que l'heure de partir arrive, puis-je t'embrasser ? J'en ai tellement envie, lui demandais-je.

- Oui, j'attends ça depuis un moment, maintenant. "

J'avais peur, comme jamais. Mais je pue l'embrasser. Et c'était si fort, à ce moment-là. Je sentis un sourire sur ces douces lèvres, pendant ce baiser. Il était si doux mais si passionné. Si je l'avais pu, je serais encore revenu une paire de fois sur cette colline. Mais je n'en avais plus eu le courage. J'étais parti comme un lâche après ce foutu baiser.

Et puis finalement, un jour. Un malheureux jour où je ne souriais pas et qu'il pleuvait un peu, j'y suis allé. Juste comme ça, pour voir. Je n'espérais rien. Je ne suis pas du genre à espérer des choses. Mais quand je suis arrivé en haut de cette colline, que j'ai vu des cheveux de couleurs rouges mouillés, j'ai eu comme une sensation bizarre. Une sensation de déjà vu. Cette fille regardait l'horizon comme ma belle inconnue. Et puis, d'un coup, le vent a soufflé. Et dieu merci, heureusement qu'il l'a fait, car pour la première fois, je pus voir cette fille sourire, en regardant le paysage. J'ai pu voir ma jolie inconnue sourire. À ce moment même, je ne pus que sourire aussi.
Et quand elle remarqua enfin ma présence, elle sortit :

" - Enchanté, je m'appelle Annie.
Un mot ; amoureux.
Une phrase ; tu es amoureux.
Une question ; es-tu amoureux de moi ?

- Enchanté, je suis Célestin.
Oui, je suis amoureux de toi. "

Et à ce moment-là, nous nous sommes câlinés et embrassés comme si tout pouvait se finir. Encore. Mais rien ne s'est fini, puisque je suis là, encore, avec elle, sur cette colline avec nos rides et nos os fragilisés par le temps.

Qu'il est bon de parler du passé.


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