Texte sans titre 1

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  Je l'ai revu aujourd'hui, sur le bas-côté du trottoir. Titubant et boitant entre les passants qui passaient dans cette petite rue pour aller prendre ce café délicieux non loin de là.

Il était maigre. Peut-être même, en pleine anorexie. Sa peau était plus blanche qu'avant et ses cheveux, plus clairs, étaient tout ébouriffés par le vent gelé de l'hiver. Son pantalon était arraché, ses chaussures bousillées et son pull salit. Il était dans un état déplorable. Un gars souillé, fatigué par la vie.

Les sourcils froncés, les lèvres pincées, il avançait comme il pouvait encore et encore, s'agrippant au mur qui semblait être à ce moment-là, son meilleur allié dans ce monde dégueulasse dans lequel nous devions vivre.

Et d'un coup, nos regards se croisèrent. Je pus voir ses yeux bruns que j'aimais tellement, plus noirs que jamais avec toute la colère contre le monde. Il m'avait regardé un moment, comme pour essayer de se souvenir de quelque chose. Se souvenir de moi. Quelques secondes plus tard, ses sourcils s'étaient relevés, et ses yeux avaient cette petite étincelle, cette petite lumière qu'ils avaient toujours eu.

Mon corps s'était figé dès que je l'avais vu. Je n'osais plus bouger, c'était un tel choc de le voir de cette façon si pitoyable. Et nous ne faisions que nous regarder dans les yeux. Nous étions, chacun, de l'autre côté de la rue, se regardant fixement au milieu de la foule. Il m'observait de cette manière dont j'aimais. Il regardait ce changement que j'avais fait, pendant son absence. Il m'analysait.

Et quand j'eus enfin décidé d'aller le voir, il se renfrogna. Comme s'il ne voulait pas que je le vois encore plus sale qu'il ne l'était déjà. Il reprit son chemin, me regardant une dernière fois avant de tourner au coin de la rue, avec de la tristesse dans son regard.

C'était peut-être la dernière fois que je pus voir cet homme pourrit par le malheur. Cet homme que j'avais pu aimer comme un frère. Cet homme qui avait été précieux à mon cœur.

"Je serais toujours là pour toi. Je serais cette étoile que tu observe par ta fenêtre quand tu te réveilles, à quatre du matin. Je serais cette étoile, quand tu auras besoin de moi. Tu pourras te confier à moi, douce fille, m'avait-il dit sous la lune éclatante sans m'avoir laissé le temps de lui dire un au revoir. "

Et tout c'était, comme arrêté là. Juste en pensant à ces simples paroles dites un soir d'été.   


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⏰ Dernière mise à jour : Dec 02, 2015 ⏰

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