Chapitre 2 La vie

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Ce matin, je me lève de bonne heure. C'est un samedi et je dois aller travailler. Je suis en retard, comme toujours. Je fais un rapide saut dans la salle de bain pour me brosser les dents et j'attache mes longs cheveux bruns en une queue haute. Je m'applique un brillant à lèvres à la fraise et je me pince rapidement les joues pour me donner bonne mine. Je me juge présentable et je sors de la salle de bain en trombe. Après avoir enfilé ma tenue de travail et mon imperméable, parfait pour camoufler celle-ci, je sors de chez moi pratiquement en courant. Heureusement, le trajet à pieds n'est pas bien long. L'air frais du matin me réveille. Une nouvelle journée commence.

J'ai pris ce job au supermarché en plus du lycée. J'y travaille tous les samedis et certains soirs en semaine si le patron a besoin de moi. J'essaie d'économiser pour m'acheter une voiture et pouvoir m'en aller de cet endroit qui m'est devenu trop familier. Endroit que j'aime malgré tout. C'est là que j'ai grandi. Chaque rue m'est familière, je m'y sens en sécurité. La seule idée de m'en aller me terrifie mais ce qui me fait davantage peur, c'est d'y rester. De toute façon, la faculté que je convoite est située à plus de mille kilomètres d'ici. Je serai bien obligée de mettre les voiles après l'obtention de mon diplôme ! J'ai toujours rêvé d'un Road trip. Ce trajet jusqu'à New York sera l'occasion de concrétiser ce rêve. M'éloigner des gens que j'aime me fait peur, mais mon envie de connaître de nouvelles choses commence à prendre le dessus.

Ce matin, le chef d'équipe nous montre la liste des produits en promotion qu'il faut mettre en avant dans les rayons. Il plaisante et motive les troupes nous suggérant de prendre un bon café avant de commencer car la journée s'annonce rude. C'est souvent le cas le samedi, les gens préférant faire leurs courses le week-end. Heureusement pour moi, je suis rarement en caisse, étant plus efficace dans les rayons.

Toute la journée, le magasin ne désemplit pas. Je passe mon temps à ranger les articles à leur place, à conseiller les gens, étiqueter, soulever des caisses... Je suis épuisée. Dans ces moments, je me dis qu'à chaque seconde qui passe, au fur et à mesure que mon temps de travail s'écoule et diminue, les dollars s'accumulent, je gagne de l'argent. Cela me donne de l'énergie. Ainsi les heures passent plus vite.

Je m'active donc, à ranger des boites de céréales dans leur rayon, tout en m'efforçant de penser que la journée est bientôt finie et que je vais pouvoir rentrer à la maison... Et soudain, quelqu'un attire mon attention. Il est devant moi, enfin, à six mètres de moi... Je suis immédiatement hypnotisée. C'est un garçon brun, grand et mince, portant un jeans bleu clair et un pull noir près du corps, qui laisse deviner le résultat prometteur de quelques séances de musculations. Je suis comme happée par sa beauté, si bien que je suis presque sûre d'être en train de délirer. Il ne peut pas exister, car la perfection n'existe pas. Il dégage une prestance irréelle, qui mettrait au placard n'importe quel mannequin à la carrière confirmée. Ses traits sont fins. Chaque détail de son visage donne l'impression d'avoir été dessiné par un prodige du troisième art. Il est si beau que c'en est presque douloureux de le regarder.

Je l'observe, obnubilée, qui fait rouler devant lui un caddie vide, scrutant du regard les étagères bondées de briques de lait. Son teint est pâle et lumineux. Son visage m'obsède tellement que je le contemple plus que ne l'autorise la courtoisie. J'ai l'impression que le temps est figé. Les clients du magasin se sont stoppés net dans leur mouvement. La musique d'ambiance s'est arrêtée. Je n'entends plus les « ding ding ding » des tiroirs caisse, ni le son des «bips» sur les codes barre. Seuls lui et moi semblons avoir été épargnés de la touche «pause» de ma télécommande imaginaire. Léna est....

J'entends le grincement des roues de son chariot rouler et le bruit de ses pas qui avancent en ma direction. On dirait une scène de cinéma au ralenti. Mon cœur capricieux ne joue pas le jeu de la scène au ralenti. Il bat la chamade. Attendue au ra....

He's sheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant