Chapitre 4 Tu le peux

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Après ce samedi plus que riche en émotions et en événements, je passe le reste du week-end recluse dans mon lit à regarder des DVD en m'efforçant de ne pas penser à Margaret, et de ne pas penser à lui, ainsi qu'à son étrange présence de la veille. Mais ça m'est pratiquement impossible. Je ne trouve pas d'explication logique à sa présence devant la maison de Madame Guilbert. Peut-être est-il un parent ? Un neveu ou un ami ? Comment savait-il que nous allions nous revoir plus tard comme il l'a murmuré ? Qui m'a fichu la peur de ma vie chez la vieille dame ? Est-ce que c'était lui ? Trop de questions se bousculent dans ma tête sans que je ne puisse les ignorer. Il faut que je le voie à nouveau, que je lui parle. Sans savoir comment je vais faire pour le retrouver, ignorant son existence il y a moins de vingt-quatre heures, je sais au fond de moi qu'on sera amené à se revoir. J'en suis persuadée. Même si je ne comprends pas pourquoi, c'est clair que quelque chose l'attire en moi. J'en ai presque la certitude. Il était sur le point de venir à ma rencontre hier soir. Il avait l'air heureux de me voir et il avait l'intention de venir me parler.

Le Week-end s'achève et il faut retourner au lycée pour une nouvelle semaine. Ce lundi matin je me lève à reculons. Après avoir enfilé un jean délavé et un pull en coton noir, j'avale un rapide petit déjeuner. Je m'empare des clés de voiture de ma mère, une Ford Victoria que j'ai la chance de conduire pour aller au lycée pendant son absence. Cela m'évite de prendre le bus et me fait gagner du temps.

Avant de monter dans la voiture, je jette un coup d'œil vers la maison de Margaret. Les lumières du rez-de-chaussée que j'ai abandonnées samedi soir sont toujours allumées. Je décide de prévenir les voisins d'en face, ne voulant absolument pas m'aventurer une nouvelle fois dans la maison. Ils me remercient, m'apprennent que l'état de la vieille dame est stable et me promettent de s'occuper de sa maison.

Je traverse la ville rapidement, la circulation étant fluide. En arrivant devant le lycée, je constate que les places du parking sont déjà pour la plupart occupées, ce qui me confirme que je ne suis pas en avance. Je trottine jusqu'à l'entrée du bâtiment principal. En longeant les couloirs, je balaye du regard les nombreux casiers qui ornent les murs, et mes yeux s'arrêtent sur celui qui porte un sticker représentant le signe de l'infini, c'est le mien. J'y range quelques manuels et en ressors d'autres. Plongée dans mes pensées, je ne remarque pas que quelqu'un se tient derrière moi...

— Salut Léna, dit une voix masculine.

Un instant j'imagine que c'est lui. Le trac au ventre, je me retourne et mon fantasme s'évanouit. C'est Jefferson Mc Cleenlay, un garçon populaire du lycée qui joue dans l'équipe de hockey sur glace. Je papote avec lui de temps en temps. Grand, athlétique, châtain clair aux yeux bleus. Il a toujours l'air de rentrer de vacances à cause de son teint naturellement hâlé. Sympa, malgré sa réputation de play-boy. À vrai dire je n'ai jamais cherché à le connaître davantage. Il me court après depuis quelque temps et je fais mine de l'ignorer. Avant il se contentait de me lancer des regards insistants, mais depuis le mois de mars, il ne cesse de passer à l'offensive.

— Salut, Jeff, comment ça va ?

Je m'efforce d'être aimable malgré la déception. J'ai vraiment cru que c'était le garçon du supermarché ? N'importe quoi...

— Bien et toi ? lance-t-il en souriant de toutes ses dents parfaitement alignées.

— Ça va...

— Dis donc, c'est dommage que tu ne sois pas venu à ma soirée samedi soir ! J'avais demandé à Trish de t'inviter.

C'était donc chez lui cette fameuse soirée dont Trish n'arrêtait pas de me parler.

He's sheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant