S

343 25 3
                                    

Chapitre 1 de "Satlker"-

-Lundi-




La semaine commence. Ma joie du week-end se dissipe peu à peu, alors que mon cerveau analyse toutes les informations que j'ai reçues hier soir. Je dois jouer à cet horrible jeu qui met en danger la vie des gens que j'aime le plus au monde. Sans eux, je suis seule.

Je marche à pas lents en direction de l'école. Plus j'avance, plus je redoute la journée qui s'annonce. Je ne pensais jamais que je pourrais faire face à quelque chose dans le genre. En fait, j'ignorais que certaines personnes, dans le monde, avaient affaire à des histoires aussi morbides que celles-ci. Je n'ai jamais rien demandé. J'ai toujours voulu rester simple, mais cette fois, c'est différent. Je souhaite quelque chose. J'aimerais ne jamais avoir reçu cette lettre. Mais puis-je vraiment changer quelque chose dans tout cela?

Lorsque j'arrive à l'école, la cloche sonne. Je me dépêche de me rendre à ma case et de prendre mes cahiers pour mon premier cours de la journée. Dans la classe, je cherche, des yeux, mes amies. Lee-Moon et Hyaline sont assises au fond du local et me regardent courir à travers la pièce pour les rejoindre. Elles rient à gorge déployée sous le regard curieux des autres élèves. Je m'installe juste en avant d'elles et prends mon stylo. Le professeur commence son cours.

La journée vient à peine de se terminer. Je sors de l'école en embrassant Nathan. En me mettant en route vers ma maison, je regarde derrière moi. Je suis sur le qui-vive. Chaque pas que je fais me rapproche de l'horrible papier blanc que je dois remplir avec des lettres quelconques. Ces lettres formeront, à leur tour, des mots. Ceux-ci créeront des phrases qui constitueront ma question. J'ai peur. Mes jambes sont flageolantes. Je peux tomber d'un moment à l'autre.

Lorsque j'arrive à la maison, je m'installe dans la causeuse du salon. Habituellement si confortable, le canapé me semble d'une dureté terriblement désagréable.

Les minutes défilent à vue d'œil, alors que je commence à faire mes devoirs. Tout à coup, la sonnette retentit. Mon cœur bat la chamade, mes joues s'enflamment et mes jambes cèdent sous l'angoisse. J'ouvre la porte, mais personne n'est là. Seul un morceau de papier déchiré se dresse sur le balcon. Je le prends et entre à l'intérieur de la maison.

La soirée passe et je n'ai toujours pas choisi ma question. Je dois sélectionner mes mots avec soin. Une pression énorme est mise sur mes frêles épaules. Je réfléchis donc une bonne partie de la veillée à tout cela.

Il est environ 22 h et je n'ai pas pris une décision. Il est évident que je ne peux pas lui poser des questions du genre : qui es-tu? Quel est ton prénom? Mais ce sont les seules qui me viennent en tête. Quelques minutes passent, lorsque j'ai une idée. Je prends un stylo et inscris ces lettres-ci : «Habites-tu dans le centre-ville?» Je dois savoir où chercher et je trouve cela logique de commencer par cela. J'ai une bonne base et grâce à la réponse, j'aurais sans doute d'autres idées plus intéressantes. Qui sait, peut-être ai-je des chances de réussir?

Mes pas sont lents et discrets, ne voulant pas réveiller toute la maisonnée. Je cours dans le froid de la nuit jusqu'à la boîte aux lettres au coin de la rue et dépose ma question. Je retourne dans ma chambre et me glisse sous les couvertures. Mes yeux restent ouverts une bonne partie de la nuit, jusqu'à ce que ma mère cogne à la porte. Je fait semblant de dormir d'un sommeil lourd.

–Zélie? Zélie? Il est l'heure de te réveiller, dit ma mère doucement.

Je fais mine d'avoir l'air endormi et me lève tranquillement. Je prends une douche brûlante pour effacer la nuit peu potable que je viens de passer et m'habille d'un lainage blanc crème et d'un jean bordeaux.

Après avoir mangé une pomme et bu un grand verre de jus d'orange, je commence à marcher pour l'école. J'ai très peur et je reste sur mes gardes. Lorsque j'arrive à la fin de ma rue, j'ouvre la boîte aux lettres et constate le résultat. Il est bel et bien venu chercher ma question.

Plus j'avance vers mon lycée, plus la boule dans ma gorge devient présente. Mes mains tremblent sous l'angoisse et la pression qui reposent sur mes épaules.

Je monte les quelques marches devant l'immense entrée de l'école et pénètre à l'intérieur de celle-ci. Je me rends à ma case, alors que Nathan m'embrasse la joue au passage. Il me suit jusqu'à mon casier et m'aide à ranger mes choses comme il a l'habitude de le faire parfois.

La cloche du premier cours sonne. Lee-Moon vient me rejoindre en me saluant. Nous avons du français à la première période.

– Bonjour Zélie, dit ma meilleure amie. Comment va ma bolée préférée?

Je déteste lorsqu'elle m'appelle comme cela, mais je dois admettre que ce n'était pas totalement faux. J'aime bien l'école et apprendre d'autres connaissances. Cependant, je ne suis pas l'élève énervante, qui veut gagner des points en étant trop merveilleux avec les enseignants.

Je me rends à ma dernière période. Je n'ai pas vraiment d'ami dans ce cours, alors je m'installe au fond de la classe. Plusieurs élèves entrent et se placent un peu partout. L'enseignant fait de même et place ses papiers sur son bureau. Nous n'avons aucun professeur attirant comme dans les films ou les livres. Nous nous contentons d'enseignants banaux et vieux. Par contre, ils ne sont pas tous monotones.

La cloche annonçant la fin de la journée sonne, alors que je me dirige vers ma case. Nathan m'attend et lorsqu'il m'aperçoit, son sourire s'agrandit.

– Tu veux venir chez moi ce soir, me demande-t-il.

Je souris en l'embrassant, mais toutes mes pensées s'éteignent d'un coup. Je ne pourrais plus avoir de vie normale.

– Euh... J'ai beaucoup de travaux à faire pour demain.

Il hoche la tête en me prenant dans ses bras, puis s'en va vers son casier.

Je fais mon sac et sors de l'école en saluant Lee-Moon et Hyaline
qui va rejoindre son frère.

"Stalker"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant