Chapitre 16 - Maître du Jeu

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En média : Every Breath you take de Police 

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PDV d'Alexis

Dans la nuit du samedi au dimanche 28 septembre

Je ne suis pas seul dans mon lit et je ne trouve pas le sommeil. Maëlys, une fois de plus, m'a fait le plus grand bien. Après l'avoir pris sauvagement trois fois aujourd'hui, je devrais être en plein repos du guerrier.

On pourra dire ce qu'on voudra sur cette fille, mais il faut lui reconnaître un certain mérite. Mon petit vide couilles personnel, comme l'appelle Manon, répond toujours immédiatement à mes demandes et assouvit convenablement mes besoins. Et le moindre que l'on puisse dire, c'est que la concernant, je ne fais jamais dans le soft et la délicatesse. Elle ne s'en est jamais plainte jusqu'à présent. Elle est passée du statut de one shot à régulière sans que je le veuille réellement . Elle était là, à disposition, j'ai choisi la facilité. Mais, quel que soit le nombre de nos rapports, quelles que soient leurs intensités ou les positions, je ressens toujours cette même frustration et insatisfaction.

Pour « service rendu », je la laisse maintenant partager mon lit. On se voit trop régulièrement désormais pour faire autrement. Ça ne me plait absolument pas, mais je n'ai pas vraiment le choix parce que je suis peut-être un bâtard mais un minimum civilisé. Alors qu'elle dort paisiblement dans mes bras, je lui caresse mécaniquement les fesses. Me rendant compte de ce geste, je cesse immédiatement. Je dois m'abstenir de toutes démonstrations d'affection de ce genre, et ce, même si elle dort. Car contrairement à notre accord tacite, j'ai bien peur qu'elle s'attache plus qu'elle ne le devrait. Elle est loin de se douter de celle qui accapare toutes mes pensées à cette heure ci matinale.

Je me lève en emportant mon ordinateur et descend dans le salon. Quitte à ne pas dormir, autant bosser un peu.

Un mois que nous avons fait notre entrée dans cette école de renommée internationale et la concurrence entre nous se fait de plus en plus présente. On sait que 10% des effectifs ne passera pas cette première année. La pression s'accroît un peu plus chaque jour. On a vécu le même phénomène en prépa. Nous sommes des warriors, amenés à faire partie de l'élite française. Pour cela, nous avons déjà passé deux sélections importantes, notre intégration en prépa et notre acceptation dans cette prestigieuse école. Nous sommes comme des sportifs de haut niveau à qui l'on demande constamment de se surpasser. Pour tenir le coup, nous devons planifier nos efforts, tout rationaliser, de nos heures de travail jusqu'à celles de sommeil. Les stratégies économiques, financières, commerciales n'auront plus aucun secret pour nous. De la géopolitique à la cryptologie, nous sommes plongés en apnée dans le monde réel. Fini la généralité et cours théoriques de la prépa. Nous devons non seulement adapter nos méthodes de travail, notre sens pratique mais également toujours être au courant de l'actualité nationale et internationale. Fusions, acquisitions, évolution des marchés financiers, projet de lois, actualité sociale, rien ne doit nous échapper. Le rythme de travail est plus que soutenu pour ne pas dire insupportable.

On doute tous à un moment ou à un autre de nos capacités et de nos objectifs. D'où l'importance d'être bien entouré, d'avoir de véritables amis sur qui compter. Car on vit inévitablement des moments délicats psychologiquement et physiquement.

Je crains que ma tigresse soit dans une de ces périodes. Je suis inquiet pour elle. Cette semaine, elle n'était qu'un corps sans vie. Elle ne suivait rien en cours au point qu'elle enregistrait tout sur son téléphone. Elle se contentait de dessiner des schémas et sigles incompréhensibles sur son bloc note et d'écrire quelques mots. Comme si elle pouvait résumer plusieurs heures de cours en trois phrases. Je la voyais dépérir un peu plus, jour après jour, sans pouvoir faire quoi que ce soit. Et je crois bien que vendredi a été l'apothéose. Je n'ai pas cru, une seule minute, à son histoire d'indigestion. Elle ne se nourrissait que de pommes et à ma connaissance ce fruit n'a jamais causé ce type de problème gastrique. Seulement, toujours fidèle à elle même, comme un animal sauvage, elle ne nous a pas laissé l'approcher et a refusé systématiquement toutes tentatives d'aide de notre part. J'ai suivi les conseils de Léa, me comporter normalement, ne pas lui poser de questions, en somme, faire comme si tout allait bien. Mais mon impuissance me bouffe littéralement.

La mécanique des coeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant