Chapitre 17 - Un dimanche houleux

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PDV de McKenzie

La libération. Telle une épée sortie de son fourreau, j'accueille la chaleur bénéfique des rayons du soleil matinal comme un ultime encouragement avant la bataille. Dernier instant de ma régénération, que je sais n'être que temporaire, j'apprécie d'autant plus le répit qui m'est accordé. Comme pour me rassurer avant d'effectuer le premier pas vers mon quotidien, je serre dans ma main mon droit à l'espoir d'une accalmie, mes bienfaiteurs artificiels. Seuls remparts lorsque je ferai de nouveau face au précipice, mes médicaments sont à cet instant des alliés que je chéris.

Dans le taxi qui me ramène à l'hôtel, j'allume mon téléphone resté éteint tout le week end. Édulcorée ces dernières heures, je refais aussitôt prise avec la réalité par les dizaines de notifications, appels manqués, et mails qui s'affichent. Je commence par le plus fun, Snapchat, car ça ne peut être que des délires des Twins. A la vue de leurs photos et vidéos, aussi stupides les unes que les autres, je sens une vieille ennemie de ces derniers mois se réveiller. Il n'aura pas fallu attendre longtemps avant le premier combat. Mais habituée à ses basses manœuvres, qui se veulent insidieusement bienveillantes, je refoule la nostalgie aisément. Je m'attends à retrouver les conneries de mes deux petits démons sur WhatsApp, mais je suis surprise de constater que Léa m'a inclus dans le groupe « 55 ». Je poste donc immédiatement « de retour chez les fromages qui puent » et les réponses arrivent instantanément en rafale.

Alexis, lui, m'a rajouté au groupe «centrale hydroélectrique». Sur le coup, je ne comprends pas très bien, la plupart des posts concernent des liens et une liste de dates pour des rendez-vous. Après consultation de mes mails, je m'aperçois qu'Aissatou a fait un échange de groupe pour l'étude de cas. Sur le coup, ça m'énerve qu'elle n'ait pas pris la peine de me demander mon avis. Elle a certes tenté de me joindre mais il n'y a aucune urgence à ce changement car nous avons 6 semaines pour rendre nos dossiers. Elle aurait donc pu attendre lundi pour m'informer de son souhait. Mais d'un autre coté, cela m'arrange bien car rien que le fait de penser au sujet me met en bad. J'ai occulté jusqu'ici ce problème et je suis tout de même contente qu'il se résolve de lui-même. Il faut bien avouer qu'une étude de marché sur les centrales hydroéléctriques est quand même beaucoup plus intéressante. C'est un domaine que je ne maîtrise pas vraiment et je me réjouis de pouvoir approfondir mes connaissances. Je vais commencer dès cet après midi, lire tous les liens, trouver mes propres sources et voir si je peux facilement construire un plan.

Lorsque le taxi se gare devant mon hôtel, je vois Alexis qui revient du sport.

Durant les trois semaines écoulées, on ne s'est beaucoup parlé. La charge de travail s'est fortement intensifiée, ce qui ne m'a pas laissé beaucoup de temps libre. J'ai également fini les deux travaux que j'avais en cours, dont un qui me tient particulièrement à cœur, un système de sauvegarde automatique installé sur un périphérique externe pour les fichiers qui y sont enregistrés. Avant qu'il soit réellement commercialisable, il y a encore beaucoup du travail à faire, mais ce n'est plus de mon ressort car j'ai rempli ma part du cahier des charges. J'ai beaucoup travaillé avec Théo qui est assez doué en codage, ce qui m'a bien aidé. Il s'est calmé avec moi, il a bien compris que je n'étais pas intéressée. Mais il n'arrête pas de lancer des regards noirs à Alexis et vis versa. Ces deux là ne s'apprécient pas, sans que j'en connaisse la raison. Peut-être que c'est à cause de Maëlys. La bande du 55 ne semble pas trop l'apprécier, ce qui ne m'étonne guère. Apparemment, elle squatte pas mal chez eux, et pour l'instant ils ne disent rien à cause d'Alexis. Elle ne m'adresse presque plus la parole. A croire qu'elle ne me côtoyait uniquement pour se rapprocher de lui. Maintenant qu'ils sont ensemble, elle n'a plus aucun intérêt à me fréquenter.

En sortant de la voiture, je croise le regard de mon Sexy Grincheux et il me fait simplement un signe de la main en guise de salut. Je pense qu'il va venir me voir mais il continue de se diriger vers sa voiture. Je trouve ça étonnant de sa part, mais je ne m'en formalise pas. Il est peut être pressé ou attendu. Je vais donc à sa rencontre pour avoir plus d'informations sur l'organisation et répartition des tâches pour notre travail en commun. En m'approchant, j'en profite pour le reluquer. Son jogging lui moule les fesses à la perfection. Il a un cul à tomber. Son tee shirt sans manche laisse apparaître ses bras. Chaque muscle est magnifiquement dessiné. Les deltoïdes, biceps et triceps sont volumineux et parfaitement bien proportionnés. Il me fait penser à la statue de David de Michel-Ange. Je m'imagine très bien l'utiliser comme modèle pour un croquis de nu artistique. Ce mec est un vrai fantasme ambulant.

La mécanique des coeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant