Chapitre 19 - Big Bang

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En media, Glory Box de Portishead

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PDV de McKenzie

Je suis venue me réfugier à la bibliothèque plus pour me planquer que pour bosser sur un sujet certes intéressant, mais qui me ramène inconsciemment à lui : « Ce qui est le meilleur dans le nouveau est ce qui répond à un désir ancien ». J'ai beau tout faire pour me concentrer et canaliser mes pensées, je reviens systématiquement au même point. Les gribouillis de son prénom sur mon bloc note en témoignent.

Ça y est, je me transforme en fille nunuche. Je me prends la tête pour un mec! C'est vrai que je souhaitais être comme la moyenne de la gente féminine, mais ça ne faisait pas partie de mes plans, ça!

Pourquoi a t-il fallu que ça tombe sur moi! Je veux être fun, sexe et rock'nroll. Pas cette fille avec constamment la mer Caspienne au fond de sa culotte, obnubilée par des yeux incroyables, un corps d'Adonis et une odeur, qui me donne envie de faire de lui ma chupa chups. Il faut vraiment que je me le sorte de la tête.

Je suis en mode chienne en chaleur et ça m'énerve que mes foutues hormones dansent le Twerk à son contact. Mais comment faire pour contrôler ma libido après cette séance d'allumage bien en règle au lac.

Comme si cela ne suffisait pas, il a bien fait en sorte, cette semaine, d'entretenir le brasier par des gestes qui se voulaient anodins à première vue, mais qui faisaient office d'accélérateur à mon excitation, déjà bien mal maîtrisée : main sur ma hanche, murmure à mon oreille, souffle dans mon cou, regard enveloppant accompagné d'un sourire carnassier, qui ne laissaient aucun doute sur ses pensées.

Un mec, il faut que je me trouve un mec.

Donc, je me mets en pause, et je pars me chercher un sextoy fait de chair et de sang. Et ce, dès ce soir. Ce n'est pas comme si je n'en avais pas l'habitude. Avec Ethan, je n'avais plus eu besoin d'y avoir recours. Mais Alexis m'a tellement chauffée que mes doigts et le pommeau de douche ne me suffisent plus. Il me faut de la chair, une langue, des mains et surtout un pénis, bien dur, bien long et bien épais tant qu'à faire. Je me fais pas trop d'illusions, trouver le phallus parfait en si peu de temps, autant croire au Père Noel. Au pire, des doigts experts feront l'affaire.

Et dire que je croyais cette phase révolue. On ne peut pas dire que je sois très fière de ma période boulimie de queues, mais c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour accepter mon corps et savoir comment réagir face aux diverses réactions, qu'il pouvait susciter.

Lors de cette période, pendant laquelle je me mettais en position de n'être qu'un objet exploitable, j'ai appris la faculté à dissocier mon esprit de mon corps. La première fois que je me suis comportée de cette façon, j'ai pensé à ma mère. Je ne pense jamais à elle, sauf dans ces instants.

Dans ma tête de cinglée, c'est comme si je me rapprochais d'elle, un peu, juste un peu. A des années d'écart, dans des vies diamétralement opposées, on a certainement ressenti la même chose. A la différence qu'elle c'était subi et pour pouvoir survivre, alors que moi c'était par choix, et pour pouvoir avancer.

Je sais aussi que j'ai un autre point commun avec elle, sauf que j'ai survécu, ce qui n'est pas son cas. Je n'ai encore jamais abordé cet aspect avec mon psy. Il trouverait certainement quelque chose d'intéressant la dedans.

Très peu de personnes connaissent mes blessures internes, et je fais tout pour qu'elles soient indécelables pour autrui. Mais les cicatrices sur mon corps sont impossibles à camoufler, elles.

Les sociétés, quelles qu'elles soient, ont toujours porté un jugement de valeur sur l'apparence. Notre corps est une sorte de carte de visite. Nous ressemblons à ce que nous sommes.

La mécanique des coeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant