Il me tend la main, comme pour m'inviter à danser. Pendant une seconde, j'hésite. Il doit me haïr, moi qui l'ai quitté lui et notre enfant sans aucune explication.
Puis, cédant, je lui tends à mon tour une main pudique. Il me la prend brusquement, la retourne et trace avec un coutelas une croix à l'intérieur de mon poignet.
Je pousse un cri de frayeur et de douleur.
-Mais... pourquoi...?
Ses yeux vert habituellement si doux me lancent des éclairs. D'un ton menaçant, il murmure :
-C'est la marque que tu as laissée sur le poignet de notre enfant avant de nous abandonner!
Je reste stupéfaite, la marque que j'ai faite à mon fils?! De quoi parle-t-il?
Tout d'un coup j'ai un flash-back. Ma mère m'enlevant le bébé des bras le jour où elle m'a annoncé ma malédiction... Que lui a-t-elle fait?
Mais déjà, mon premier, mon seul amour est sur le point de partir. Je le retiens.
-Ce n'est pas moi qui ai fait ça, je te le jure. S'il te plait, ne pars pas.
Il ricane :
-Ne pars pas? C'est toi qui oses me dire ça?
Je baisse la tête, il a raison, qui suis-je pour lui dire ça.
Il me prend par le menton pour me lever la tête et plante son regard vert dans mes yeux. J'en ai presque mal :
-À une époque, j'aurais tout fait pour toi. Tout! Et puis, tu semblais si heureuse! Et le jour où nous devenions enfin une vraie famille, il a fallu que tu détruises tout.
Sa voix tremble sous le coup de la colère, je ne l'ai encore jamais vu comme ça. Pourtant, je comprends, moi aussi j'aurais été folle de rage si du jour au lendemain, il avait disparu sans un mot. Je réalise alors que je lui dois des explications. Maintenant.
Sans un mot, je l'entraine à l'extérieur de la salle de bal, dans les jardins du château, à l'abri des oreilles indiscrètes.
Nous nous asseyons sur un petit banc de pierre. Et je commence :
-Tu as le droit de savoir. En commençant par le tout début, je me remémore à haute voix, la journée d'abord si heureuse, puis si tragique de la naissance de mon fils. Il m'écoute, tout d'abord méfiant, puis de plus en plus troublé.
À la toute fin de mon récit, je lève la tête vers lui tout doucement, craintivement en attendant on jugement... et sans préavis, il m'embrasse alors que le sang au creux de mon poignet continue à goutter...
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La Marâtre
ФэнтезиSeule l'histoire de ma belle-fille, Blanche-Neige, est passé à la postérité...Cependant, comme tout bon conte, le mien aussi doit commencer par il était une fois... Certaines personnes naissent pour être reines. C'est mon cas. Ma mère était une fée...