Chapitre 25: T'as cru m'avoir?

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Je suis assise sur ce banc. J'attends. Je ne sais pas réellement ce que j'attends, mais j'attends. J'ai le droit à un mp3 pour écouter de la musique. J'augmente le volume au maximum et je suis comme dans ma bulle. Personne ne peut m'atteindre, personne ne peut me contrôler, personne ne peut me faire du mal, tant qu'il y aura Ana avec moi.
Soudain, je vois les buissons face à moi bouger, puis une petite fille sort de sa cachette. C'est Linda, la fille de la directrice avec qui je m'étais liée d'amitié lors de mon premier séjour. On avait même longtemps correspondu par lettre après cela.
Elle n'a pas trop changé. Très légèrement grandi peut-être, mais c'est tout. Elle me regarde, avec ses grands yeux.
J'enlève les écouteurs de mes oreilles. Elle s'avance vers moi.

Linda : - Qu'est ce que tu fais là ?

Je ne lui réponds pas, mais avec son regard m'observant de la tête aux pieds, elle comprend vite. Elle vient s'assoir à coté de moi sur le banc et pose sa main sur la mienne. Je souris légèrement. Une petit larme vient couler sur ma joue. Je ne sais pas pourquoi je pleurs. Linda vient poser sa tête sur mon épaule, puis nous restons là, à contempler le paysage.

Je fais beaucoup de cauchemars en ce moment. Toutes les nuits, je me réveille plusieurs fois en sursaut, mais lorsque j'ouvre les yeux, Ana est assise à mes cotés et me souris « Ne craints rien », me répète-elle.
Les jours se ressemblent tous, je me lève, je prends ma douche, je vais à la pesée, une dame note mon poids, je vais petit-déjeuner, je vais dans le parc, j'attends Linda qui arrive vers 11h45, je vais déjeuner, j'écoute de la musique, je sors dans le parc, j'attends Linda qui arrive vers 16h30, nous restons ensemble pendant une heure à peu près, je vais voir un monsieur pour lui parler, je vais diner, je vais me coucher et ainsi de suite. Les jours passent, sans même que je m'en aperçoive en fin de compte.

Ce banc sur lequel je m'assois tous les jours est comme un refuge pour moi. On me laisse tranquille, et seule Linda peut me rejoindre. Cette dernière arrive et vient s'asseoir à mes cotés, comme d'habitude. Elle est toujours là, elle ne m'a jamais lâchée, même les jours de pluie elle vient me voir.

Linda : - Comment ça va aujourd'hui ?
Moi : - Comme hier.
Linda : - Et comme demain ...
Moi : - C'était bien l'école aujourd'hui ?
Linda : (souriant) – Oui, un garçon est venu me parler à la récréation.
Moi : (souriant) – Oh ! Comment il s'appelle ?
Linda : - Jonathan, il est dans ma classe, mais on ne s'était jamais parlé. (réfléchissant) enfin sauf la fois où j'avais fait tomber mon stylo et qu'il m'avait ramassé.
Moi : - Et qu'est ce qu'il t'as dit ? Linda : - Il m'a donné un biscuit et après on a parlé, il m'a dit que ...

Je n'écoute plus vraiment Linda à cet instant. Mon esprit divague et je pense à Alpha. Je crois qu'il me manque.

Linda : - Et après ça a sonné, donc on est aller se ranger.

Plus tard, dans mon lit, je pense. Aujourd'hui, je n'ai pas vu une seule fois Ana. Mais ça va, je suis bien. Mais cette nuit, je rêve d'elle. Elle est très mécontente, elle veut que j'arrête de voir Linda. Elle me dit que ce n'est pas une bonne personne pour moi. Je lui réponds qu'elle m'aide à aller mieux.

Plus les jours passent, plus je me rapproche de Linda. Mais cette après-midi, lorsqu'elle arrive pour me voir, elle pleure. Je me lève et m'accroupis à son niveau.

Moi : - Qu'est ce qu'il y a ?
Linda : - Maman avait ton dossier entre les mains et ... et ...
Moi : - Et quoi ?
Linda : - Elle était au téléphone et disait que si ça ne s'améliorer pas, tu n'allais pas tenir longtemps ...
Moi : (essayant de la consoler) – Mais non Linda, ta maman a du se tromper, je vais très bien ! (souriant) Regarde, je suis en pleine forme !
Linda : - C'est faux.
Moi : - Pourquoi ?
Linda : - Tu ... Tu n'es pas comme avant. Tu es affreusement maigre, tu as les traits du visages creusés, tu as beaucoup de cernes, tes cheveux sont ternes et ton teint est grisâtre. Tu n'es plus aussi jolie qu'avant.

Je ne sais pas quoi répondre à cela. Ma gorge se sert. Linda me fait un bisou sur la joue et rentre chez elle. Quant à moi, je retourne dans ma chambre. Je m'assois sur mon lit, et la colère commence à monter.
Ana apparaît.

Moi : - Qu'est ce que tu m'as fait ?
Ana : - Qu'est ce que je t'ai fait ? Je t'ai fait devenir pure, magnifique, sans aucun défaut.
Moi : (haussant la voix) - Tu mens ! Tu me manipules depuis le début !
Ana : - Comment oses-tu me parler de la sorte ? Je suis ta seule amie !
Moi : - Non c'est faux ! Tu m'as éloigné de toutes les personnes auxquelles je tenais ! Je te hais !
Ana : - Sans moi tu n'es rien !
Moi : (criant) – Je ne veux plus être avec toi ! Jamais ! Tu entends ? Jamais ! Laisse moi tranquille !
Ana : - Tu ne sais pas ce que tu dis !

J'attrape une chaise et la lance de toutes mes forces en direction d'Ana.

Moi : (hurlant) - Dégage !

Je m'écroule par terre et fonds en pleurs. A ce moment, deux hommes entrent dans la chambre. Ils se précipitent tous les deux vers moi.

Le lendemain matin, je me réveille. Je suis encore dans cette chambre. Mais je me sens bien. Je vais directement petit-déjeuner. J'ai faim, une faim que je n'avais pas ressenti depuis longtemps, ou du moins je ne voulais pas me l'avouer. Un médecin vient s'assoir à coté de moi et me tend un pain au chocolat. Je le prends. Il a un petit carnet et m'observe à travers ses lunettes. J'avance la viennoiserie jusqu'à ma bouche et la croque à pleines dents. Après avoir entièrement fini le pain au chocolat. Le médecin me regarde, plutôt satisfait. Après plusieurs jours comme celui-ci, je suis convoquée chez la directrice. Cette dernière m'annonce que je pourrais sortir car j'ai repris assez de kilos. Je saute de joie. Je me dirige rapidement vers le banc pour rejoindre Linda. Cette dernière vient m'enlacer dans ses petits bras. Je suis si heureuse.

Moi : - Merci, merci pour tout.

Après les au revoir, un taxi vient me chercher pour me ramener chez moi. Je dépose ma valise dans le coffre, puis monte à l'arrière du véhicule. La voiture démarre, je me retourne une dernière fois vers le centre, puis aperçois Ana, devant le portail. Je souris et lui fais un signe rock and roll.

Moi : - A jamais.

Lundi matin, c'est avec plaisir que je reprends les cours. En me préparant, j'essaye de faire attention. Ça fait tellement longtemps que je ne me suis pas bien préparer pour le lycée. Je choisis soigneusement ma tenue, me brosse les cheveux et pose un peu de maquillage sur mon visage. J'ai le sourire aux lèvres. Je suis contente.
De plus que je n'ai dit à personne que je revenais aujourd'hui. Lorsque je suis dans les couloirs du lycée, je sens quelques regards en ma direction, ou quelques chuchotements. Mais je continue mon chemin vers ma salle de classe. J'arrive la dernière, la prof ferme la porte juste derrière moi. Les élèves de ma classe sont surpris de me voir. La matinée de cours se passe très bien. A midi, lorsque je sors du lycée, je sens une main me rattraper. Je me retourne, c'est Alpha.
On se regarde, les yeux dans les yeux, un sourire apparaît sur son visage.

Moi : - Salut !
Alpha : - Tu ... Tu es très belle.

Je souris à mon tour. Il m'embrasse sur le front et me prend dans ses bras.

chronique de roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant