Chapitre 19 : Encore

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« Nao, concentre-toi! » Elle me regardait, et tapait du pied. « Ça fait déjà deux jours, et toujours rien. Même pas un fragment de couleur ou une once de changement. » Elle passait ses mains sur son visage et retournait s'asseoir sur le divan. « Nao? » Elle me lançait un regard réprobateur, l'intensité du gris de ses yeux était lourde. 

« Je n'y arrive pas. » Elle pointait un doigt vers moi. « Ne me dis pas une fois de plus que c'est parce que je n'essaie pas réellement. » Depuis deux jours, elle essayait de se servir de différents pouvoirs, mais rien ne fonctionnait. Je pouvais voir les cernes sous ses yeux, et la fatigue dans ses traits. Je soupirais et me laissais tomber à mon tour sur le divan. 

« Il manque quelque chose. » On s'était retourné vers la voix. Leakan se tenait dans le cadrage de la porte les bras croisés. Il portait le même chandail que Nao avait porté l'autre soir, sur elle il était long et beaucoup trop ample et sur lui, il était ajusté. « Ça ne fonctionne pas, parce qu'il manque quelque chose pour la motiver. » Nao baissait son regard sur ses mains, et elle penchait la tête légèrement pendant que ses cheveux retombaient vers l'avant, cachant une partie de son visage. « Elle ne veut pas vraiment, elle a peur. » Je croyais percevoir de la moquerie dans son ton de voix, ce qui me dérangeait. 

Je me penchais vers elle pour lui murmurer à l'oreille. « Est-ce qu'il a raison? Est-ce que tu as peur? » Elle hochait la tête de façon presque imperceptible. Je me demandais exactement de quoi elle avait peur, et pourquoi elle se retenait autant. « Tu sais que tu es capable de le faire, en fait tu dois réussir cette étape si tu veux pouvoir réussir le reste. » Elle hochait la tête à nouveau. Je passais mes bras autour de ses épaules pour la rapprocher de moi. Elle inspirait profondément et passait son bras autour de ma taille. Leakan soupirait bruyamment et allumait la console de jeux vidéo et s'installait dans le fauteuil. Il commençait à y prendre goût, ce qui me faisait sourire. Je dégageais le visage de Nao, repoussant les cheveux derrière son oreille, son regard était rivé sur le sol. Je lui attrapais le menton pour lui redresser la tête et lui chuchotait à nouveau à l'oreille. « J'ai confiance en toi, et je crois en toi. Tu peux réussir! » Un léger sourire étirait le coin de ses lèvres et elle murmurait un merci. Elle déposait sa main sur ma poitrine et poussait doucement pour se redresser. Elle se relevait brusquement et retournait vers l'espace que nous avions fait pour qu'elle se pratique. Je m'assurais que les rideaux étaient bien fermés, et je retournais à place. 

« OK! J'essaie encore! » Elle se secouait les bras et étirait son cou en faisant des mouvements circulaires. Elle fermait les yeux et je pouvais voir ses traits se plisser sous la concentration. Elle prenait de grandes respirations avant de rouvrir ses yeux. Elle soulevait sa main droite et la regardait intensément. Elle ouvrait et refermait sa main. Son regard restait fixé sur sa paume, pendant que les secondes défilaient. Sa mâchoire se crispait, et elle fronçait les sourcils. Les secondes se transformaient en minutes. J'attendais patiemment devant elle, mais rien ne se produisait. Elle laissait retomber sa main, et soupirait. « Ahhh! » Elle passait ses mains sur son visage, je pouvais voir la sueur reluire sur sa peau blanche. Elle ramassait un élastique sur la table et remontait ses cheveux dans un chignon lousse. « Je crois... » Elle me regardait, le gris de ses yeux intenses. Chaque fois qu'elle posait ses yeux sur moi, je repensais à cette soirée, je retenais l'envie de passer un doigt sur mes lèvres. Je retenais l'envie de l'embrasser à nouveau. « Je crois que j'ai un blocage. » Je soulevais un sourcil, je crois que j'étais celui qui avait un blocage, j'étais celui qui cachait une forme de peur. 

Elle nous pointait à tour de rôle. « Nous? » Elle hochait la tête. « Je ne comprends pas? » J'étais perdu dans mes pensées, je devais me ressaisir, je repoussais les images de cette soirée au fond de ma tête et je reportais ma concentration sur elle. 

ZinnaoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant