Chapitre 1: Nouveau Départ

55 4 2
                                    

« Mademoiselle, nous vous avons trouvé une place où habiter. »

Je levais les yeux du livre que je lisais.

« Vous avez trouvé ma famille? » Mon cœur se serrait, écrasant au passage le dernier tendon d'espoir que je possédais. Le désir de trouver mon identité était si fort et palpable qu'il devait le ressentir.

« Non, je suis navré. Votre identité demeure un mystère pour nous tous, et les médecins qui prennent soin de vous ne peuvent rien de plus. Votre santé est parfaite. »

J'étais dans un centre médical depuis que je m'étais réveillée aux abords d'une route quatre mois plus tôt.

« Ma santé est parfaite, oui, mais je me souviens seulement de mon nom et de mon âge. Mis à part ça, je ne sais rien de ma vie. » Je déposais mon livre sur la table adjacente à fauteuil que j'occupais. « Monsieur Marcil, je crois que vous ne comprenez pas ce que c'est de vivre sans savoir qui vous êtes.» La frustration montait en moi, j'avais une boule au creux de l'estomac. Était-ce possible de détester une personne sans raison?

« Je comprends ce que vous dites, mais ils ne peuvent pas vous garder indéfiniment ici. » Il se frottait les mains ensemble, visiblement inconfortable. « Vous avez réussi chacun des examens que nous vous avons assignés. » Je soupirais. Je baissais les yeux sur le bracelet que j'avais au poignet depuis plusieurs semaines. Mon prénom délavé, presque effacé. C'était mieux que le Jane-Doe que j'avais du porter auparavant.

« Alors? J'y gagne quoi? » Ses yeux se plissaient et sa bouche était une mince ligne face à cette question complètement ridicule. Je ne gagnais rien, bien évidemment.

« Nous savons que vous pouvez compter, écrire, et visiblement, vous savez lire, et plus encore. » Il s'assoyait dans le fauteuil près du mien. « Le moment est venu de commencer une nouvelle vie, peut-être même suivre un cours... »

Je ne lui laissais pas le temps de terminer sa phrase. Je riais. « Suivre un cours et refaire ma vie? Est-ce une farce? »

« Les chances de retrouver... »

« Les chances de retrouver ma mémoire semblent minces, je sais. » Penser que je devais faire une croix finale sur mon ancienne vie me rendait malade. Ne pas savoir qui j'étais et me dire que probablement je ne saurais jamais était dur à avaler.

« Nous avons fait des annonces, des recherches, mais personne n'a répondu à ces appels. Nous avons fait des recherches avec votre prénom et nous ne sommes pas certains que ce soit le bon...» Je voyais l'incertitude dans son visage. « Avouez que Zinnaora, c'est plutôt farfelu...» Avais-je dénoté du dégoût? « Et puis, soyons honnête, rien, aucune réponse, aucun téléphone. C'est comme si vous n'aviez jamais existé. »

Comment une personne peut ne jamais exister?

« Vous êtes ici depuis plus de quatre mois. Je suis désolé, mais il est maintenant temps de poursuivre votre vie. »

Je riais sarcastiquement. « Continuer avec ma vie. Je ne connais pas cette vie. » Il y avait un énorme vide au plus profond de mon être. Personne ne me cherche?

« Nous vous offrons un nouveau départ. »

J'étais entêtée, sans raison, et je le savais. C'était ma meilleure option. Un nouveau départ. Il n'y avait aucune autre possibilité. « Où irais-je? »

Il me souriait. « Mon neveu, un étudiant à l'université, il recherche un colocataire. » C'était un désappointement monstre.

« Votre neveu, un pur étranger? Merci pour votre travail formidable. » Je me relevais du fauteuil que j'occupais depuis son arrivé. Incapable de rester si près de lui une seconde de plus. Je me plantais devant la fenêtre, observant les passants sur le trottoir, trois étages plus bas. Son neveu, mais ça me mènerait ou tout ça?

Il ne répondit pas à mon dernier commentaire.

« Il est prêt à vous accueillir. »

« Pourquoi ne pourrais-je pas vivre seule? »

« Vos médecins, ainsi que moi pensons que c'est dans votre meilleur intérêt de vivre avec quelqu'un au début. » Il était venu me rejoindre au bord de la fenêtre et appuyait sa main sur mon épaule, essayant de me faire sentir en confiance. Je la repoussais. « Je lui ai déjà parlé de votre histoire. Vous n'aurez pas à le faire. »

« Je vois que vous avez tout planifié pour moi. » Je savais que je n'avais pas d'autre choix que d'accepter et que surtout je n'avais rien à perdre.

« Tu quitteras le centre la semaine prochaine. »

Emménager avec un étranger me rendait nerveuse. Ma chambre ici, ce n'était pas beaucoup, mais je me sentais chez moi, et en sécurité. C'était très impersonnel, mais c'était tout ce que j'avais. Ces quatre murs me donnaient l'impression que le monde extérieur ne pouvait pas m'atteindre.

Je me sentais si seule.

« Zinnaora, nous faisons tout en notre pouvoir pour nous assurer de votre bien-être. Nous serons toujours présents pour vous guider dans votre nouvelle vie. »

Je passais la main dans mes cheveux et lui souriait sans conviction. Il me tendit la main, que je regardais bêtement. Il soupirait et quittait la pièce.





ZinnaoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant