Chapitre 13: Souffrances intérieures

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Je le regardais, il était étendu sur le lit, ses mains reposaient sur son estomac qui se soulevait avec chaque respiration. Je pouvais voir l'ombrage, sur son visage, de branches d'arbres, près de la fenêtre, qui dansaient sous les coups de vent. La noirceur de la nuit à l'extérieur commençait à se dissiper. Simple humain. S'il ne m'avait pas touchée au même moment où je me téléportais, il ne serait pas ici, je serais débarrassée. Ce n'est pas un simple humain, c'est Vincent. Un ami. C'est un ami. Un ami. Un ami. Je devais faire taire cette voix, harcelante, et inutile au fond de moi. Je m'approchais de lui doucement, le plancher craquait sous mon poids, ce qui le réveillait. Il se redressait, regardant autour de lui, la confusion qu'il ressentait était visible. « Nao? » Je penchais la tête sur le côté, j'essayais de capter ce qui ce passait dans sa tête, mais il était encore trop endormi. « Qu'est-ce que tu fais? » 

« Tu ne devrais pas être ici humain, j'ai essayé de te le faire comprendre! » Je levais la main droite pour lui montrer la boule d'éclairs qui s'y formait docilement. Je la faisais grossir et rapetisser avec le mouvement de mes doigts, pendant que je m'approchais un peu plus de lui. Non, ne lui fais pas de mal. VINCENT! Je savais qu'il ne pouvait entendre ces paroles, ce qui me donnait la confiance nécessaire pour poursuivre. 

« Oh! Merde! » Il descendait du lit si rapidement qu'il s'empêtrait dans le bas de la couverture et il tombait à genoux devant moi.  

« C'est là qu'est ta place, à mes pieds. » Je savais qu'il me fixait même si je n'arrivais pas à voir ses yeux à cause de la noirceur de la pièce. 

« Nao, c'est moi, Vincent, tu es plus forte que ça, je le sais. » Il levait les mains devant lui. Je me penchais pour être à sa hauteur, laissant retomber mes cheveux complètement noirs au passage, et j'approchais ma boule d'éclairs vers son visage; ses yeux se plissaient sous l'agression causée par la lumière qui provenait de ma main. Il me suppliait et il pointait sa tête. « Regarde ici, tu vas voir. » Je plongeais dans ses souvenirs, et je revoyais des images de nous quand nous étions chez lui. Je ressortais immédiatement de sa mémoire. Je me redressais et je secouais la tête pour chasser les images, les actions faites par cette traîtresse à son sang. J'avais la chance d'accomplir de grandes choses, mais chaque fois elle m'en empêchait. En réalité, c'était elle qui me brimait, et non cet humain. Je ne te laisserais pas faire; jamais. Mon corps était fatigué, je le sentais. Je pouvais voir mes cheveux se friser et se défriser sans cesse. Je laissais la boule d'éclairs se désintégrer. Je me tapais sur la tête avec mes mains, maintenant libres, pour me ressaisir. J'inspirais profondément et reportais mon attention sur l'humain toujours sur le sol, à mes pieds. 

« Tu n'es qu'un simple humain, tu n'es rien, tu ne le seras jamais. » Je le lui chuchotais à l'oreille pendant que le débat à l'intérieur de moi faisait rage. Ce n'est pas qu'un simple humain, c'est un ami! Vincent est un ami. Ne lui fais pas de mal, ne lui fais pas de mal. NON. Je sentais la sueur coulée sur mon front. Je reportais ma concentration sur ma main pour faire éclore une nouvelle boule d'éclairs, je jouais une fois de plus avec elle pendant que j'essayais de convaincre la voix que c'était la solution. Je relevais le bras, avec difficulté pour me préparer à envoyer le projectile au même moment ou quelqu'un m'agrippait par les avant-bras, maintenant dénudés à cause du pyjama que je portais. Je me cambrais sous la douleur causée par ce contact, relâchant ainsi mon arme sur le sol, ratant ma cible au passage. Je laissais un cri de douleur s'échapper et retombais sur le plancher près de Vincent. La sensation de brûlure était intense, et profonde, j'expirais et inspirais rapidement pendant plusieurs secondes. Je relevais la tête pour voir Leakan qui se frottait frénétiquement les mains. Ma respiration reprenait un rythme normal à mesure que la douleur se dissipait. Je reportais mon regard vers Vincent qui me fixait, hésitant. « Tu as eu de la chance. » 

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