Chapitre 8: Savoir, non.

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Le cri de douleur qui sortait de Zinnaora était si intense que je le sentais jusque dans le creux de mon être. « Nao? » Ses cheveux changeaient de couleur si rapidement que je n'arrivais pas suivre, ils étaient passés du noir au turquoise en passant par le mauve et l'or. Je m'agenouillais devant elle et lui attrapais les mains qui étaient de chaque côté de sa tête. Les muscles de ses bras étaient tendus et ses doigts crispés. Je les relâchais doucement. « Nao? » Je lui redressais la tête, ses yeux étaient complètement virés dans leurs orbites, je ne voyais que le blanc. Elle s'accrochait à mes poignets, les serrant intensément. Je pouvais lire la douleur dans son visage et sa respiration était saccadée. Les cris sortaient d'entre ses dents serrées. 

Tout s'arrêta soudainement, ses yeux gris se plongèrent dans les miens. « Delockdoh! » L'emprise de ses doigts sur mes poignets se relâchait lentement, jusqu'à ce que ses avant-bras retombent sur ses cuisses. Du sang s'écoulait de son nez jusqu'à toucher sa lèvre supérieure. Je l'aidais à s'appuyer sur les armoires derrière elle. La sueur perlait sur son front, et sa peau était moite. Elle repliait ses genoux pour appuyer son front sur ceux-ci. Je me relevais pour faire couler l'eau froide pour lui en donner un verre, me coupant le pied, au passage, sur un bout d'assiette. Je lui tendais le verre, qu'elle vidait d'un seul trait, j'échangeais le verre contre le linge à vaisselle. « Appuie le sur ton nez, il y a du sang. » Elle se passait un doigt sous le nez et observait le liquide rouge sur le bout de ses doigts pendant qu'elle appliquait une pression avec le linge de l'autre main.  

« Ne bouge pas, je vais passer un balai. » Je me dirigeais rapidement vers la salle de bain pour nettoyer la coupure et mettre un diachylon avant de revenir nettoyer rapidement le plancher souillé. Je la débarrassais du linge et je l'aidais à se relever. Elle s'appuyait sur moi, clairement affaiblie par tout ce qui s'était produit dans les dernières heures. Elle me pointait la salle de bain, grelottante, malgré la chaleur de sa peau. « Est-ce que tu veux prendre un bain chaud? » Elle hochait la tête. Ses pas étaient court et mal à droit. Je l'aidais à s'asseoir sur le couvercle de la toilette et je m'installais sur le rebord du bain pour ajuster la température de l'eau avant de mettre le bouchon. 

Elle avait le regard posé sur ses mains. J'avais à peine le temps de remarquer la courbe que ses cheveux commençaient à prendre que le turquoise montait déjà. Je m'agenouillais devant elle, pendant que les larmes coulaient déjà sur ses joues. Elle se laissait tomber sur le sol devant moi. Je la prenais dans mes bras pour la réconforter. Aussitôt que je resserrais mes bras autour d'elle, elle éclatait en sanglots, pendant que je lui frottais le dos, en vain. 

« Je suis un monstre. » Avait-elle murmuré entre deux sanglots. « Je suis un monstre. »  

« C'est faux, je suis certains, Nao. Tu n'es pas un monstre. » Je m'étirais le bras pour arrêter le robinet. Je m'adossais contre la paroi du bain et l'attirais contre moi. « Explique-moi ce qui se passe? » Je parlais doucement, essayant de ne pas la brusquer. 

« Est-ce que tu as peur de moi; Vincent? » 

« Bien sûr que non, voyons! » Elle me souriait, pendant qu'elle retrouvait ses airs habituels, le turquoise se rétractant jusqu'à disparaître complètement. J'essuyais ses larmes avec mon pouce, elle appuyait sa joue dans la paume de main quelques secondes avant de reprendre un air plus sérieux.  

« Les gens comme moi sont de mauvaises personnes, j'en suis certaine. » Elle se redressait pour se rasseoir sur le bord du bain. Je changeais de position et m'installais en indien pour lui faire face. Elle avait des cheveux dans la main, les regardant de plus près.

« Je ne comprends pas? » 

« J'ai vu des images, des souvenirs, enfin, je crois. » Elle soupirait et relâchait ses cheveux avant de tremper ses doigts dans l'eau. Insatisfaite de la température; elle ouvrait le robinet d'eau chaude. « Des gens brusques, des personnes menacées. » Elle bougeait l'eau avec sa main avant de refermer le robinet. « Je ne reconnaissais personne, mais ce n'était pas de belles images. C'était comme si quelqu'un avait joué un film dans ma tête. Un film en désordre et accéléré. » Elle effectuait des mouvements avec ses bras pour démontrer que c'était mêlé. 

ZinnaoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant