You're in danger tonight

Chapitre 13

     Jimin écarquilla les yeux. Il me jeta ensuite un rapide coup d'œil, légèrement apeuré.  Ses joues brillaient des perles salées qui y avait coulé et il reniflait du nez.
      Taehyung me dévisagea longuement, la bouche ouverte. Il détailla ensuite Jimin. Ses yeux alternaient entre nous deux, il était visiblement assez perplexe.
     J'ouvrai la bouche pour m'exprimer mais V lâcha un "chut" sec et autoritaire avant de faire demi-tour pour nous ramener à l'hôtel. Je refermai donc la bouche et lui emboîtai le pas, suivi de Jimin. Nous restâmes silencieux. Même dans notre chambre. L'atmosphère était pesante, le visage de Tae était fermé et plus impassible que jamais. Celui de Jimin reflétait sa tristesse cachée tant bien que mal, malgré le fait que V ne semblait pas s'en être rendu compte. Ils étaient tout deux dans leur bulle respective, et j'étais entre eux, à me demander quoi faire. Je m'assis sur mon lit alors que chacun était allongé le dos à moi. Comme tous les soirs, ils portaient leurs écouteurs avec de la musique avant de s'endormir. Jimin dormait déjà, sa respiration lente et régulière le confirmait. Je m'adressai à mon autre Hyung encore réveillé.

- Je ne sais pas ce que tu t'imagines, mais c'est probablement faux.
- C'est vrai qu'en vous trouvant dans les bras l'un de l'autre dans un couloir vide en pleine nuit et en sachant ce que vous avez déjà fait, je peux m'imaginer pleins de choses! répondit-il d'une voix éraillée sans même se donner la peine de se retourner pour me faire face.
- J'ai fais mon choix.
- Heureux de l'apprendre.

     Je m'attendais à un peu plus de réaction de sa part. Doutant qu'il ait bien saisi le sens de mes propos, je répétais:

- J'ai fais mon choix.
- J'ai compris. Félicitation à l'élu de ton cœur, mais tu ne devrais pas le laisser seul dans son coin. Il doit certainement t'attendre impatiemment dans son lit.
- Non. Il doit certainement encore pleurer.
- Tant mieux pour lui.

Blanc. Tae daigna montrer son visage.

- Hein?

Je ne pus m'empêcher de lui sourire en voyant sa tête, qui témoignait à quel point il était perdu.

- Il pleure à cause de moi. De ce que je lui ai dit. expliquai-je.
- Tu lui as dit quoi?

Il le faisait exprès ou...?

- Que je ne pouvais pas continuer comme ça avec lui. C'est toi que je choisis, Taehyung.

Je lui avais dit. J'avais plus ou moins avoué à Tae qu'il m'attirait. Malheureusement, je fus surpris de ce qu'il me balança en pleine figure.

- Tu crois que tu peux te jouer de moi comme ça, Jungkook? Me sauter dessus un jour et te jeter sur un autre le lendemain? Me faire croire que tu t'es soudainement rangé? Tu espères vraiment que je vais tomber dans le panneau? Désolé de te décevoir, mais j'ai encore de la dignité, moi, et je ne compte pas le moins du monde donner de la valeur à ce que tu viens de dire.

Je restai béat. Il se retourna sous sa couette et me souhaita une bonne nuit. Je me glissai sous la mienne.
Il n'avait pas tort... Je ne pouvais que l'admettre, mais de là à réagir pareil... Je me sentais blessé. Mon ego en avait prit un coup. Je ne voulais pas passer pour un profiteur, encore moins pour un manipulateur ! Je n'avais d'ailleurs rien demandé de tout ça! Ce sont eux! Eux qui sont venus vers moi, eux qui ont commencé, eux qui m'ont tenté! Jimin et V, ce sont eux qui m'ont demandé de choisir! Et maintenant que je l'avais fait, ils trouvaient encore moyen de me faire des reproches! Je n'étais que victime d'eux... Je me mordis la joue. J'étais vraiment minable. Alors que c'est moi qui les blessais depuis le début, je reportais la faute sur eux. J'étais faible. La douleur et le goût métallique du sang tiède dans ma bouche pâteuse m'aidait à faire passer frustration que j'éprouvais contre moi-même. Mes yeux s'embuèrent mais je retins mes larmes. J'étais un homme, je ne devais pas pleurer. Je ne devais pas...
     Dans le silence de la chambre uniquement troublé par les respirations de ses occupants, une perle salée s'échappa d'un de mes yeux, dévala ma joue, poursuivi sa course folle dans mon cou avant de s'écraser sur mon oreiller. Bientôt, une foule de ses congénères la rejoignit et mes draps devinrent bien vite mouillés. Vide de toute émotion, je sombrai dans un sommeil profond à défaut d'être réparateur.