Chapitre 3 : Des ailes et des surprises

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Le matin l'éveilla tel un poignard lumineux. Elle battit des paupières en levant une main devant son visage. Le soleil perçait à travers les frondaisons vertes comme autant de vives étoiles dorées. Dans toute la forêt, les merles sifflaient allègrement. Hayderys se redressa, la nuque raide et le dos endolori. Voilà ce que c'était de s'endormir dans les branches.

L'esprit encore embrumé, elle se frotta les yeux, bailla, puis s'étira longuement. Elle se prit à chantonner d'une voix rauque de sommeil la rengaine des Nains, et soudain la soirée de la veille se rappela avec force à sa mémoire.

Envahit d'une étrange hâte, la jeune femme bondit à bas de son perchoir, et s'élança à toutes jambes vers la Colline. Étaient-ils encore là ? Avaient-ils jamais été là ? N'avait-elle pas rêvé ? Des Nains et un Sorcier – Magicien ! - chez Bilbo, et les princes d'Erebor de surcroît, cela ne pouvait pas être...

A ce moment là lui parvint l'écho d'une autre course précipitée. Elle arrivait à la lisière des bois quand elle vit Bilbo qui cavalait en sens inverse. Un seul coup d'œil à son petit manteau, au lourd paquetage qui lui battait le dos et au parchemin qu'il brandissant lui suffit à comprendre.

- Où allez-vous ? Entendit-elle une voix l'apostropher.

- Je pars à l'aventure ! S'exclama-t-il, réjouit, coupant à travers jardins et vergers, bondissant par dessus les clôtures.

Hayderys sentit son pou s'emballer en le voyant disparaître dans la forêt. Il partait !

Quelque-chose se creusa dans sa poitrine. Fili et Kili étaient bien là hier. Elle avait mangé à la table de la Compagnie et les avait écouté parler de Quête, d'or et de Dragon. Leur passion et leur flamme guerrière avait résonné avec force en elle. Et par dessus tout, elle avait de nouveau entendu la douloureuse complainte des Nains d'Erebor.

Une curieuse chaleur se répandit dans tout son être, lui échauffant les joues. Elle se remémora les rires qu'elle avait partagé avec les deux frères, et la joie que cela avait été de pourvoir leur parler.

Cette nuit là, Svarting s'était réveillée. Et elle ne se sentait plus capable d'étouffer son âme de Dragonne.

Hayderys leva les yeux vers le ciel, qui était d'un bleu limpide. Des nuages vaporeux y filaient, pressés par le vent. Plutôt mourir dès à présent que de s'enchaîner plus longtemps au pays de Touque.

Alors elle s'élança à travers les ondulations verdoyantes des collines, faisait fi des bonnes manières pour faire irruption chez les Hobbits. Elle les visita les un après les autres, juste le temps de rassembler ses affaires éparpillées dans tout le Pays de Touque. Sa bonne vieille sacoche de cuir tanné retrouva sa place sur son épaule. L'hybride y fourra une tunique de lin, un morceau de savon, un sachet de flocons d'avoine, des biscuits et quelques pommes. Elle alla ensuite chercher son escarcelle pour la passer à sa ceinture et y ranger son peigne, ses pochettes de grosse toiles bourrées d'assortiments d'herbes, ses flacons d'huile, ses épingles et sa maigre bourse, puis dégota à droite et gauche un doublet de laine brune, un pourpoint de cuir noir à manches trois quarts, une paire de bottes à lacets ainsi qu'un manteau de voyage fermé par une attache de cuivre. Elle se chaussa en hâte et prit les reste de ses effets sous le bras avant de courir au dehors.

Des ouvertures pratiquées dans le dos de sa tunique jaillirent alors quatre longues ailes membraneuses, plates et plus fines que des feuilles d'arbre, le long desquelles courraient un réseau de nervures irisées.

Comme chaque fois qu'elle sortait ses ailes de Fée, Hayderys prit le temps de les faire s'agiter un moment sans décoller, afin de s'assurer que les antérieurs comme les postérieurs répondaient bien à ses injonctions. La brise les caressa délicieusement et des frémissements la parcoururent des radicales aux omoplates. Sa vérification terminée, elle frappa le sol d'un pied, et se propulsa vers le ciel.

HayderysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant