Hayderys

Chapitre 1 : Une rencontre inattendue

Hayderys aimait le Pays de Touque. La vie y était paisible, ses habitants agréables, et rares étaient les étrangers qui investissaient les lieux. Elle y vivait depuis maintenant quelques années, et son amour pour la rivière paresseuse, les collines grasses et les forêts sereines était tout aussi vif qu'au premier jour.

La Comté avait d'abord été un refuge. Elle y était entrée faible et égarée, lasse de solitude, dépourvue de biens et de moyens. Là, elle avait découvert les Hobbits, ce peuple qui ne saurait être belliqueux et ne subissait jamais ni les aléas ni les épreuves du sort. Suite à leurs bons soins elle n'en était plus jamais repartie.

Nul lieu n'était plus tranquille, plus propice à l'oisiveté que celui-ci. On n'aimait guère l'agitation au Pays de Touque. La routine, ponctuée des petits plaisirs du quotidien, lui était largement préférable. En s'abandonnant ainsi à la quiétude de la communauté Hobbit, Hayderys parvint à refouler ses instincts,enfouissant sa vrai nature au plus profond d'elle-même.

Maintes fois l'appel de l'inconnu lui était parvenu. Maintes fois elle avait résisté au désir de repartir sur les routes. Elle voulait oublier le sang et la fumée, le fer et le feu. Tout cela ne faisait plus partie d'elle.

Désormais, elle était Hayderys du Pays de Touque, une jeune femme peut-être un peu curieuse d'apparence, mais tout à fait respectable. Et ici, son métissage était vite oublié pourvue qu'elle se présente à l'une des ces jolies portes rondes avec une fournée de gâteaux aux citrons.

La communauté Hobbit l'appelait la fille des Grandes Gens et des Petites Dames. En d'autre termes : la fille des Hommes et des Fées.

On n'avait plus vu ces dernières en Terre du Milieu depuis le Deuxième Âge, c'est pourquoi où qu'elle soit allée avant d'aboutir dans la Comté, Hayderys attirait inévitablement l'attention pour peu que l'on s'aperçoive qu'elle n'était pas une enfant Semi-Elfe, mais une femme Semi-Fée.

Du point de vue des deux peuples, elle aurait été contre nature. Ellen'était pas aussi frêle que le sont les fées ni aussi grande que les hommes, et ses traits n'étaient ni grossiers ni trop pointus.Des premières, elle tenait ses pommettes saillantes, ses yeux en amandes surmontés de gracieux sourcils arqués et ses oreilles pointues. Des seconds, elle avait la bouche charnue, les joues clairsemées de discrètes tâches de rousseur, la couleur noisette de ces iris et l'épaisseur de sa longue chevelure ondulée.

Une apparence hybride, dont en définitive les Hobbits faisaient peu de cas. Hayderys était joyeuse, attentionnée, discrète et polie.C'est là tout ce dont ils se souciaient.

Comme elle ne possédait pas de Trou, la communauté l'hébergeait. C'était pour eux un plaisir de la recevoir à table, et une joie de lui offrir l'hospitalité pour la nuit. Elle passait ainsi d'un Trou à l'autre en fonction de l'humeur de chacun, et nul n'y trouvait à redire. De Trou-de-verre à Trou-d'abeille, en passant par Fond-de-Bocal et Bout-de-Tunnel. Et surtout Cul-de-Sac.

C'est à Cul-de-Sac qu'Hayderys préférait être invitée, car ils'agissait du plus beau trou de Hobbit du pays. Le plus grand, le plus propre, le plus soigné. Et le plus garnit de provisions. Mais surtout, le maître des lieux était son Hobbit favori.

Il avait montré plus de bienveillance envers elle que n'importe lequel de ses voisins. Bilbo Baggins était le pilier solide et tranquille qui la soutenait depuis des années. A son arrivée au Pays de Touque, elle ne savait que survivre. Il lui avait appris à vivre.

Au fil des jours de marché, des jours de fête et des jours de banquet ; au fil des braderies et des moissons, Hayderys était devenu une paisible habitante de la Comté. Et parfois, quand elle observait le miroitant ruban bleu vert de la rivière en compagnie des Hobbits venus faire des ronds du fumée sur la rive, qu'elle versait de la crème sur sa part de fondant au chocolat, ou qu'elle écoutait chanter Myriedith, elle oubliait tout à fait sa vie passée.