Chapitre 7 : Le récit de Balïn

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  Bien après que le camp fut dressé et que chacun eut reçu sa part de ragoût, Hayderys laissa la Compagnie à ses bouffées de tabac et sortit du cercle de lumière dessiné par les flammes. Elle entreprit de contourner l'éminence rocheuse hérissée de pins sylvestre bruns-verts sous laquelle les Nains s'étaient abrités, puis prit son essor et se jucha sur le couronnement du promontoire dans un bref bourdonnement d'ailes. Là-haut le sol jamais foulé par le pied d'une quelconque créature bipède faisait un tapis de broussailles sèches et de terre friable ponctué de rochets couverts de lichen. Elle prit place sur l'un d'entre eux. Le paysage tout autours lui apparut alors comme une succession de reliefs acérés, de vallons plongés dans l'obscurité et de plateaux argentés par la lumière stellaire. Ça et là, apparaissait les lacets scintillant d'un cours d'eau. Les plaine frémissaient sous la brise, parcourues d'ondulations laiteuses, et contre la voûte étincelante se détachaient les arrêtes noires de monts lointains.


Un désir ardent monta dans sa poitrine, qu'elle refoula. Quand-bien même elle répondrait à l'appel des cieux, ce serait en tant que Semi-Fée. Or c'était Svarting qui se languissait des longs vols nocturnes et des grands courants d'air sur lesquels elle pourrait planer en silence.


La jeune femme retint un soupir mélancolique et porta la main à ses cheveux pour en retirer les épingles. Ses ondulations châtains se déroulèrent sur ses épaules. Elle tira son peigne et un flacon de son escarcelle, ôta d'un coup de dents le bouchon du récipient et versa une noisette d'huile au creux de sa paume. Elle en enduisit sa chevelure, la tête inclinée sur le côté, puis la démêla lentement. Malgré la lotion, des étincelles crépitèrent au passage du peigne. Sa tâche achevé, l'hybride releva ses cheveux en un chignon serré sur la nuque, sachant pertinemment que des mèches récalcitrantes ne tarderaient pas à revenir folâtrer autour de son visage.


Un cri étrange, à mi-chemin entre le crissement et le sifflement, lui fit dresser l'oreille. Hayderys ne distinguait pas grand chose de nuit, mais aucun mouvement alarmant ne sembla se déclarer dans les environs. Elle ne fut pas la seule que le feulement intrigua, car elle entendit Bilbo demander en contrebas :


- Qu'est-ce que c'était ?


La nervosité contenue de sa voix la fit sourire. Elle se leva et s'avançant au bord du tertre, observa les masses des Nains déjà endormis lovés dans leurs couvertures. Le feu craqua, et des escarbilles montèrent jusqu'à elle.


- Des orques, répondait Kili d'une voix grave.


La jeune femme fronça les sourcils. Un orque ne pouvait définitivement pas émettre un tel son.


- Des orques ? Répéta Bilbo, s'étranglant presque.


Et tandis qu'il se rapprochait du feu à pas vifs, Thorïn tressaillit et se redressa brusquement, le regard alerte. Il posa un regard sombre sur l'hybride quand elle quitta son perchoir pour venir se poser au côté du Hobbit.


- Des coupe-jarrets, précisa Fili. Ils doit y en avoir des douzaine. Les landes en sont infestées.


Ce disant, il fixa Hayderys, sur le visage de laquelle se peignait une suspicion ostensible. Lorsqu'elle avisa la lueur moqueuse dans les yeux verts elle secoua la tête, hésitant à prévenir son ami que les deux frères se jouaient de lui. Déjà, Kili reprenait, d'un ton bas et lugubre, en bon comédien :

HayderysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant