Chapitre 6 : Mission d'éclaireurs

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Hayderys s'éveilla dans la grisaille de l'aube. Elle roula sur un coude en papillonnant des cils pour trouver la source du tapage qui l'avait tiré du sommeil, et s'aperçut qu'il ne s'agissait que de Bofur. Le Nain, levé avant le reste de la Compagnie, s'affairait autour du feu mourant. Ces balourds des montagnes, s'amusa-t-elle, ils ont beau prendre des précautions, ils se meuvent si lourdement...La jeune fille s'assit sur sa couchette en baillant. Un frisson glacé lui fit prendre conscience de l'humidité qui imprégnait ses vêtements. La mousse couverte de rosé jutait sous son poids, imprégnant ses vêtements d'eau. Silencieusement, elle chaussa ses bottes et se leva, frémissante, pour traverser le camp endormi et venir s'accroupir devant les vives flammes ranimées par Bofur.

- Bien dormi, Dame Hayderys ? S'enquit celui-ci déballant un sac de provisions.

- Aussi bien que possible, répondit-elle, le visage et les mains offerts à la chaleur bienveillante du feu.Puis son esprit encore brumeux recouvra brusquement sa lucidité, et l'appellation utilisée par le Nain la fit froncer les sourcils.

- Je ne crois pas descendre d'aucune haute lignée, fit-elle remarquer. Vous n'avez pas besoin de me donner du « Dame ».

- Cambrioleuse, alors ? Proposa Bofur avec indifférence.

- Cambrioleuse. Hayderys, Fée Cambrioleuse. (Elle pouffa.) Ça me convient.

- Eh bien si la Fée Cambrioleuse le veut bien, j'aurais besoin d'un fond d'eau pour le petit déjeuner, ironisa gentiment Bofur en lui tendant un gobelet de bois poli.

Elle se leva, un sourire moqueur aux lèvres.

- Avec plaisir, Nain Cuisinier.

A contrecœur, elle s'éloigna des flammes pétillantes pour descendre au ruisseau. Son récipient remplit, elle rejoignit le Nain et le regarda mettre une marmite sur le feu puis évaluer avec précision le nombre de portions nécessaires.

Le soleil et la Compagnie se levèrent de concert. Le camp s'anima doucement sous la pâle lueur de l'aube, alléché par le fumet odorant qui se répandait autour d'eux. On donna aux poneys leurs picotin d'avoine, on les sella, puis tous se regroupèrent autour du feu pour recevoir leur écuelle de bouillie d'orge sucrée d'un soupçon de miel. Hayderys venait de plonger sa cuillère de bois grossièrement taillé dans la mélasse fumante quand le fugitif sentiment d'une absence la traversa.

- Où est Bi'bo ? Demanda-t-elle à Bombur, la bouche pleine de céréales.Le roux enfournait de si grosses bouchées qu'il fut incapable de lui répondre avant d'avoir déglutit bruyamment.

- Je ne crois pas qu'il se soit réveillé.

Elle poussa un soupir, posa sa bolée à ses pieds et se leva à demi quand un coup d'œil à son énorme voisin, occupé à racler avidement le fond de son écuelle, lui fit reconsidérer son geste. Ainsi alla-t-elle confier sa bouillie à Fili et Kili avant de se diriger vers la petite silhouette solitaire couchée à l'écart du feu. Elle lui secoua doucement l'épaule.

- Bilbo. Bilbo ? Si tu veux avoir quelque-chose dans le ventre avant de reprendre la route je te conseil de t'activer.

Elle n'obtint qu'un marmonnement inintelligible en réponse, et le Hobbit s'enfouit d'avantage dans les plis de sa couverture. Hayderys se mordilla les lèvres, les sourcils imperceptiblement froncée. D'une main délicate, elle tirailla les épaisse boucles blondes qui émergeaient de l'étoffe de laine, mais n'obtint guère plus de réaction.

- Laissez-moi faire, Fée Cambrioleuse, proposa une voix dans son dos.Nori l'avait rejoint, les yeux brillants d'une lueur amusée. L'hybride s'écarta, étonnée que son nouveau surnom ait été adopté aussi vite. Elle avait cru sur l'instant qu'il ne s'agissait que d'une gentille boutade. Nori s'accroupit auprès de Bilbo, le retourna sur le dos, et lui assena une série de claques sèches sur les joues.

HayderysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant