4. Callie

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Vendredi 26.09.2014

Les rayons du soleil qui baignent ma chambre de lumière me tirent de mon sommeil. J'ouvre difficilement les yeux et me reconnecte doucement à la réalité : Doncaster. Cabane. Vendredi. Alex le Beau Gosse.
Je me lève d'un bond à cette dernière pensée.

Je me remémore les scènes de la soirée comme un film sentimental. Alex et ses yeux aux couleurs de l'océan pacifique. Son sourire redoutable. Sa surprenante curiosité. C'est évident que ce garçon me fait de l'effet. En revanche, je n'ai pas compris pourquoi il est parti si vite. Moi qui n'avait pas envie de faire la fête hier encore, je dois avouer que Ca me plait qu'il vienne me chercher ce soir.

Je tire d'une main un jean de la pile, tout en repoussant de l'autre main, les autres pantalons qui s'éparpillent. Puis, je cherche le pull le plus chaud de la penderie. C'est le pôle nord ici, je vais devoir remplumer ma garde robe si je ne veux pas mourir de froid. Finalement j'enfile un sweat-shirt à capuche aux inscriptions françaises, plus confortable que sexy.

Je rejoins la maison de mes parents à quelques mètres de la cabane.

- Bonjour Maman !

Ma mère est assise dans la cuisine, entourée de papiers, les lunettes sur le bout du nez, la mine concentrée. Elle retire de sa bouche le stylo qu'elle mordille.

- Salut ma chérie, bien dormi ?

- Oui, merci.

Je m'assois autour de la table. Je prends la cafetière fumante et je me sers une tasse. Les yeux rouges et gonflés de ma mère me perturbent. Je dois savoir ce qu'il se passe car ça commence à me faire flipper. 

- Des nouvelles de Papa ?

Maman retire ses lunettes et regarde ses doigts qu'elle maltraitent.

- Je n'avais pas envie de t'embêter le jour de ton retour, mais il faut que tu saches que ton père n'est pas chez ta grand-mère. Il dort à l'hôtel.

- Quoi ? Pourquoi ?

Je me disais bien que quelque chose n'allait pas mais je ne peux pas m'empêcher d'être surprise.

- On s'est disputés.

Ses mots sont hachés par l'émotion. Elle ne me regarde toujours pas.

- Parce que je l'ai trompé.

- Quoi ?

Cette fois, je crie. Et ma bouche reste ouverte, figée.
Non. Pas elle. Pas mes parents.
Devant ma réaction, les larmes de ma mère se déversent sur son visage pâle.

- C'était il y a longtemps. Je sais que je ne suis pas pardonnable. Je suis si désolée.

Ma mère est effondrée. Mais je ne la console pas. Je n'y arrive pas. Car je sais exactement ce que ressent mon père à ce moment là. Adam m'a trompé lui aussi, et je le déteste. Je la déteste maintenant. Elle n'aurait jamais dû me le dire. Je me lève sans un mot et fuit cette maison. Il faut que je m'en aille. Je marche jusqu'à la rue puis continue sans réfléchir. Je ne sais pas où je vais, mais je marche.

Je marche.

Je marche.

J'ai une sensation de déjà vu. Une trahison en chasse une autre. Mais cette fois, je ne pleure pas. Je suis en colère. Contre elle, contre Adam, contre l'infidélité. L'amour éternel n'existe peut-être finalement que dans les fictions romantiques ?

Je ne crois jamais avoir marché aussi longtemps. J'ai mal aux pieds, j'ai froid, et j'ai faim. Le ciel qui se teinte de multiples couleurs chaudes m'indique la fin d'après-midi. Je presse le pas pour rentrer au studio avant que la nuit tombe. J'entends une voiture ralentir dans mon dos. Puis une voix que je connais m'interpelle.

- Je te dépose quelque part, ma beauté ?

L'impertinence de Max.

- Non, je fais mon sport.

- En jean's ?

Je m'arrête net. Il n'a pas tort. Je lève les yeux au ciel avant de contourner la voiture de luxe pour m'y engouffrer. Son attitude est puérile, on dirait qu'il vient d'obtenir une promotion.

- Si tu continues avec ce sourire débile, je sors de la voiture.

Il se redresse et pince ses lèvres.

- Bien Madame.

Je suis étonnée de ne pas entendre le son de sa voix les vingts minutes suivantes. J'ose jeter un coup d'œil dans sa direction. Et je regrette aussitôt. Sa beauté juvénile et son costume ajusté contraste avec mon sweat trop grand, mes cheveux en pétards et mon bout du nez congelé.

Nous arrivons devant la maison de mes parents, ou de mère, ou de mon père. Je ne sais plus très bien. J'ouvre la portière.

- Merci Max.

- De rien. A ce soir, dit-il en me faisant un vieux clin d'œil. Je me retiens de lever les yeux au ciel avant de fermer la portière. Je déteste les clins d'œil, ça veut tout et rien dire. C'est une technique ringarde si c'est pour draguer.

En entrant dans ma cabane, je prends Mon téléphone qui indique 17h30. Et 17 appels en absence. Tous de ma mère. Elle a due s'inquiéter. Tampis pour elle. Je dois me préparer pour la soirée, et je n'ai pas de temps à perdre.

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