Beyond Love

10. Callie

Je marche jusqu'à l'hôtel d'un pas hésitant. Je ne sais pas pourquoi, j'appréhende de voir mon père. Je me demande dans quel état je vais le retrouver. On est pas très loquace sur les sentiments dans la famille. J'ai de qui retenir.

Papa est en pyjama, à 11h du Matin. Je ne crois jamais l'avoir vu en pyjama, même le dimanche matin. Malgré sa mauvaise mine, il a l'air heureux de me voir. Surpris mais heureux. Je m'assieds sur le bord d'un immense fauteuil en velours miteux. Mon père prend place sur le bord du lit, en face de moi. Mes mains tremblent, je suis fébrile et je déteste le voir si affaibli et si silencieux. Je rompe l'ambiance fragile :

- Maman m'a dit pourquoi tu dors ici. Tu vas rester longtemps ?

Ses épaules s'affaissent et il me regarde enfin.

- Je ne sais pas... J'ai besoin de faire le point. Je vais revenir, peut-être lui pardonner, mais j'ai besoin de temps.

Ba ça alors. Je ne m'attendais pas vraiment à ce que Papa revienne à la maison à vrai dire.

- Est ce qu'elle t'as dis avec qui elle m'a trompé ? Demande t-il doucement.

- Non. Ca me paraît pas vraiment important de le savoir, dis-je mal à l'aise de parler de l'amant de ma mère à mon père. C'est important ? Je demande prudemment.

- Oui.

Pourquoi ? C'est qui ? Le président ?
Toutes les visages des personnes que je connais d'environ 50 ans défilent dans ma tête. Mon père stoppe ce bordel mental par une phrase un peu tordue :

- Quand elle m'a trompée, c'était il y a 24 ans.

Il répète cette phrase deux fois avant que je la comprenne.

Oh mon dieu ! C'est quoi cette connerie ?  C'est impossible... Et mon père dit ce que je ne veux pas entendre :

- Je ne suis pas ton père biologique.

Ma respiration s'arrête, et me paupières restent gelées quelques secondes avant que je me jette dans les bras dans mon père.

- Papa ! Crie-je.

Un océan de larmes se déversent sur mes joues. Dans les bras de mon père, je pleure comme quand j'avais 5 ans. Entre deux sanglots, j'arrive à articuler :

- Je ne veux pas le croire.

Il soulève doucement le menton et me dis calmement.

- Je suis ton papa car je t'ai aimé et élevé comme ma fille. Même si mon sang ne coule pas dans tes veines, notre relation ne changera pas. Je te protégerais et t'aimerais toute ma vie Callie.

Je lui souris, j'aime entendre ces mots rassurants. Il m'explique ensuite qu'avec ma mère, ils ont essayés d'avoir un enfant pendant cinq ans avant ma venue au monde. Leur couple était au bord de la rupture, mon père vivait très mal son manque de paternité et faisait culpabiliser ma mère qui n'y était pour rien.

- Mais pourquoi vous ne pouviez pas avoir d'enfant ? Je demande tout bas.

Mon père hausse les épaules.

- C'était inexpliquée. Nous pouvions concevoir mais les médecins ne trouvaient pas les raisons des échecs à répétions. Mais un jour, le miracle s'est produit. Toi. Tu as éclairée nos vies. Nous étions si heureux.

- Est ce que tu le savais ?

Je n'ai pas besoin de détailler ma question pour qu'il la comprenne.

- Non. J'ai toujours été certain d'être ton père. Jusqu'à cette semaine.

Je hoche la tête. Et le serre de nouveau dans mes bras.