Chéri on a gagné au loto !

Chapitre 11

Martin a réservé dans notre restaurent préféré, non, pas un grand lieu luxueux, mais notre bon vieux asiatique du quartier, avec la façade rouge et les lumière jaunes. C'est avec un immense plaisir que j'ai prit un canard à l'ananas avec du riz blanc, aucun resto gastronomique ne peux m'apporter ce moment. Ce n'est pas au bout de trente ans de vie normale qu'on efface ça tout d'un coup, notre cerveau a assimilé ce restaurant au bonheur depuis des années, rien ne viendra effacer ça. Malgré les années, je me demande à chaque fois si je dois manger avec les baguettes ou une fourchette, alors que je commence toujours avec les baguettes pour finir avec ma fourchette, cet outil si pratique.

La patronne, une petite chinoise d'une cinquantaine d'années, brune (comme toutes les chinoises) et qui fait toujours semblant de ne rien comprendre au français a pourtant bien saisi qu'il s'agit de notre premier anniversaire. Elle est venue nous offrir à chacun un petit gâteau (dégueulasse en passant) pour nous souhaiter un bon anniversaire de mariage ! Martin s'est fait un plaisir de lui annoncer que nous sommes mariés depuis plus longtemps que ça, que nous avons en plus fêté notre dernier anniversaire de mariage ici et que là, c'est notre anniversaire de gain au Loto ! Du coup, la serveuse a mit les gâteaux sur la note. Si il y un mot pour définir les restaurants chinois, c'est Rapidité. Quand vous commandez un plat dans ce genre de restos, ils arrivent à table en moins de 3 minutes, c'est pareil avec l'addition, les chinois calculent vite ! On a eu un nouvel aperçu de leur rapidité en sortant, à peine on a passé la porte que la chinoise a fermé le rideau derrière nous et éteint les lumières, nous laissant seuls dans le noir sur le petit parking. Il faut dire qu'il est très tard, houlala, environ 22h30 ! Martin me donne la main pour rejoindre la voiture dans le noir, qu'est-ce que c'est pratique ces clefs à distance. Une fois dans la voiture, Martin me regarde d'un air amusé, et on a commencé à s'embrasser comme deux adolescents dans une voiture un soir de bal du village. Les Mini, c'est confortable quand même, bien plus confortable que les vieilles Twingo ! Ca doit faire très longtemps qu'on a pas fait l'amour dans une voiture, parce que la dernière fois il n'y avait pas ce siège auto géant à l'arrière, qui prend toute la place... Je comprends pourquoi c'est un truc de jeunes de faire ça, juste à cause des sièges pour bébé que tu as neuf mois après et qui prennent toute la place dont tu as besoin en théorie pour bouger... Au bout de quelques minutes dignes du Kama Sutra, ma jambe se retrouve coincée dans le tableau de bord. J'ai d'abord cru à une crampe, mais non, c'est mon pied qui ne peux plus bouger.

- Martin, chéri, attends, j'ai un problème au pied.

Martin se retourne, et prend un grand fou rire.

- Comment t'as fait ça ?

Il rigole encore et regarde ma chaussure Giuseppe Zanotti, dont le talon est encastré dans la grille du tableau de bord, vous savez la grille qui vous délivre le chauffage en hiver et la clim en été.

- Attends je vais te décoincer, bouge pas Aby.

Il commence à tirer sur ma chaussure, mais il s'arrête au bout de quelques (longues) secondes.

- Je crois que c'est bien coincé, bon, déjà, quitte ta chaussure.

On est là, tous les deux à regarder le tableau de bord avec option stiletto coincé. Si on tire trop fort, on risque d'abimer la voiture, ou encore pire, ma chaussure.

- Attends Martin, on verra demain pour ça, en attendant sous ton siège j'ai une paire de rechange, pour rentrer à la maison.

- Tu as une paire de rechange dans la voiture ?

- Ben oui, évidemment.

En fait, j'ai des chaussures un peu partout, ça me rassure. Dans cette voiture se trouve une paire de baskets Adidas-Jeremy Scott, des baskets roses avec une tête de caniche en peluche qui porte des lunettes de soleil. Dans la Twingo, il y a des tongs Havaïanas et dans la voiture de Martin, des bottines Melissa dorées. Ca s'appelle la prévention.

Ce qui est sûr, c'est que Martin va en rire longtemps... Espérons que ça ne va pas faire option tue-l'amour pour lui, les caniches roses ne me mettent pas sous mon meilleur jour.

Au retour, on retrouve Aurélia, la fille de Maria, devant la télé à moitié endormie. Elle m'a regardé d'un air bizarre, je ne sais pas si elle se doute de notre petit extra dans la voiture ou si je deviens parano après un presque orgasme... Peut-être que je suis juste décoiffée et qu'elle a pas l'habitude de me voir comme ça. Où peut-être que c'est à cause de mes baskets en peluche chien qui on remplacé mes escarpins du début de soirée.

Comme baby sitter sinon, elle est top, elle arrive toujours à coucher Anatole et Ange à une heure décente. Bien sûr, j'ai remarqué les emballages de bonbons dans la poubelle, je pense que nos enfants lui font du chantage pour aller au lit ! Avec Aurélia, c'est la première fois qu'on arrive à faire garder nos enfants sans stress. On a bien essayé une fois, avec une fille adorable du quartier, mais au bout de la moitié de notre premier verre, Martin et moi étions tellement stressés que ça se passe mal, que les enfants pleurent, que la fille soit une psychopathe, qu'on est rentrés avant prétextant que le resto était fermé.

Après avoir vérifié si mes cheveux sont décoiffés, je regarde machinalement mes mails sur l'iPad. Comme d'habitude, les pubs du jour sont là, mais un mail de confirmation de rendez-vous que j'attends est enfin arrivé. Franck Muller, une connaissance journaliste d'Alicia, m'a envoyé ce mail pour faire une interview. Ce n'est pas moi en personne qui l'intéresse, mais mon projet. Cette interview va apparaitre dans un magazine féminin, en version française et américaine. Un coup de pub inespéré quoi. Par chance, Ce Franck Muller me demande si on peut se voir rapidement sur New York car il est là bas pour quelques semaines. Ca m'arrange bien. Je vais partir quelques jours dans ma ville préférée avec mes enfants, pour mettre en place mon projet, comme une grande. Martin ne vient pas cette fois, il a un tournoi de golf avec Marc et mon père et ils espèrent bien gagner. Ils se sont mit tous les trois au golf il y a quelques mois. Au pire ils passeront un super moment entre mecs et se prendront une cuite avec les autres membres du club, au mieux ils ramèneront une coupe à poser sur une des cheminées (pas la nôtre).

Pour cette virée au pays des hamburgers, je propose à Aurélia de venir, pour garder les enfants pendant mon rendez-vous. Les enfants vont louper l'école pour m'accompagner, c'est impensable pour moi de les faire garder plusieurs jours d'affilée. Pour faire plaisir à ma mère et ne pas la laisser seule avec trois joueurs de golf bourrés, je lui propose aussi de venir, ainsi qu'à Maria, en prétextant un besoin de ménage urgent dans notre appartement de Manhattan. La dernière personne indispensable pour cette virée, c'est bien sûr Alicia, c'est elle qui a organisé ce rendez-vous décisif.

Dans l'avion j'offre à chacune un petite trousse de voyage Nuxe, pour qu'on arrive toutes fraiches et hydratées. Les enfants qui commencent à avoir l'habitude des avions ont reçu chacun un coloriage en s'installant, qu'ils n'ont pas fait car ils se sont endormis très rapidement pour se réveiller à l'atterrissage, les oreilles bouchées. Une fois arrivés à l'aéroport JFK, c'est avec joie que j'annonce l'adresse au chauffeur de taxi, 250 Riverside drive. Une demi-heure plus tard, les filles, « femmes » n'est plus un mot approprié vu leur excitation, sautent de joie dans l'ascenseur en montant dans l'appartement. Notre petit appartement de 3 chambres sur 200 mètres carrés va accueillir pour la première fois des amies et de la famille, quel bonheur. Ce fut moins le bonheur quand Spiderman s'est mit à pisser sur la moquette, il n'a pas voulu faire pipi dans la rue car les arbres sont entourés d'une barrière. Et moi, bêtement, j'ai cru qu'il n'avait pas envie de faire pipi au lieu de l'emmener quelques mètres plus loin. Je ne sais pas si on doit mettre ce détail sur le compte de l'intelligence ou de l'idiotie quand un chien veut pisser uniquement sur du végétal, mais Spiderman a ce toc. Une fois installés, les enfants dans leur chambre, Aurélia et Maria dans la chambre d'amis, ma mère sur le canapé et Alicia et moi dans ma chambre avec ce chien toqué, on se penche sur le sujet du repas. C'est là que les grandes villes ont un atout non négligeable : La livraison de pizzas ou d'autres aliments délicieux. Après une bataille mentale, on décide de commander deux pizzas, une pour Anatole et Ange, l'autre pour Aurélia, et des sushis pour Maria, ma mère, Alicia et moi. Par chance, il reste de notre dernier passage un pack de Coca Cherry.

Après ça, un épisode des experts Miami en américain et un peu de crème prodigieuse Nuxe, tout le monde a sombré dans la ville qui ne dort jamais.