En France, l'accessibilité aux bâtiments publics pour les personnes en fauteuil n'est pas vraiment respectée partout. Si pour certains édifices l'ancienneté de l'architecture ou le caractère historique de celle-ci donne un caractère compréhensible à l'inaccessibilité, d'autres récents n'ont en revanche aucune excuse.
Je pourrais vous parler d'énormément de lieux que j'ai pu visiter (ou que j'ai voulu visiter mais que je n'ai pas pu), mais je vais me contenter dans cette confession de vous raconter comment ce qui s'annonçait être un rêve a failli tourner au cauchemar.
Je suis un fan absolu de Bertrand Cantat, que ce soit avec Noir Désir ou avec Détroit. Cet artiste est à mon sens prodigieusement talentueux et est capable de créer des textes à faire pleurer et vibrer. J'aime ce mec, j'aime ce chanteur et ce parolier. Par contre, n'ayez aucune crainte Mesdemoiselles, je ne risque pas de vous envoyer valser contre un radiateur avec mes bras en pattes de mouche.
Précision importante, je n'ai réellement découvert Noir Désir qu'après leur dernière tournée. Du coup, après l'affaire de Vilnius, je n'avais plus l'espoir de revoir Bertrand Cantat en concert. Puis il y a eu sa libération, puis l'implosion de Noir Désir, et finalement la formation de son nouveau groupe Détroit. Et qui dit nouveau groupe, dit album. Qui dit album, dit tournée.
En 2014, je vivais dans le 95 et je visais des places pour les deux dates annoncées à la Cigale au mois de juin. Je n'en ai pas eu, mais devant le succès des ventes, de nombreux autres concerts ont été proposés à travers la France et j'ai finalement pu obtenir des places pour celui du 8 mai à Amiens. Nous étions quatre : Juliette, Claire, Jasmine et moi-même.
Cela allait être le plus beau jour de ma vie...
Au préalable, je m'étais bien sûr renseigné sur l'accessibilité de la salle. La personne que j'avais eue au téléphone m'avais assuré qu'il n'y aurait pas de problème, que je serai pris en charge comme je cite « toute personne à mobilité réduite doit l'être, fauteuil ou pas ». Me voilà donc rasséréné.
Nous sommes le 8 mai 2014. C'est le jour J, il est 19 heures et nous arrivons sur le parking devant le Cirque Jules Verne, l'édifice accueillant le concert. Et c'est là que la désillusion commence...
Nous cherchons naturellement des places GIC. Il y en a, six, quatre occupées légalement et deux non. Qu'à cela ne tienne, je ne suis pas d'humeur à m'énerver contre les deux enfoirés qui mériteraient qu'on fasse en sorte qu'ils aient le droit de se garer sur ces places ad vitam aeternam. Nous finissons par trouver une place non loin de là, et rejoignons le bâtiment. Une de mes amies rentre à l'intérieur pour demander où se situe l'accès pour les fauteuils roulants. Elle revient en nous disant que c'est de l'autre côté du cirque. Petit détail : ceci n'était indiqué absolument nulle part. Mais bon, passons.
Nous arrivons devant une large rampe qui permet aisément à un fauteuil de monter. Il y a juste un élément qui cloche : avant de pouvoir atteindre cet accès, il faut monter un trottoir d'une vingtaine de centimètres. Nous avons beau faire le tour, regarder ailleurs, il n'y a pas d'autres passages. Alors si par hasard le fabuleux architecte qui a conçu ceci me lit, je voudrais lui adresser ces simples mots : tu es à l'architecture ce que je suis aux 400 m haies. Voire pire.
Heureusement, de braves anonymes viennent à notre aide pour porter mon fauteuil et moi avec jusqu'à la rampe. J'emprunte enfin l'accès aux personnes handicapées et suis terriblement reconnaissant que l'on facilite ainsi ma rentrée dans des établissements de spectacles.
Une fois à l'intérieur, mes amies et moi nous rendons à l'accueil. Nous expliquons la situation, qu'une employée du cirque Jules Verne m'avait garanti qu'il n'y aurait aucun problème pour que j'assiste au concert. Un agent de sécurité nous emmène à l'endroit dévolu aux personnes en fauteuil roulant. Et là, je reste sur le cul (d'ailleurs, c'est toute l'histoire de ma vie ça) : en réalité, il n'y a pas vraiment d'espace réservé aux personnes handicapées, elles sont simplement parquées derrière les personnes qui sont debout dans la fosse. Autant vous dire qu'il m'était impossible de voir quoi que ce soit sur la scène.
VOUS LISEZ
Confessions Infirmes
HumorJe suis handicapé. C'est pas drôle. Mais en fait... Si ! À travers mes Confessions Infirmes, je vais vous raconter différentes anecdotes sur mon quotidien en tant qu'handicapé en fauteuil électrique. Pourquoi ? Pour deux raisons : la première, très...