Avant de vous racontercette nouvelle anecdote, laissez-moi poser le contexte. Nous sommesla veille de Noël, et ma super amie (que je nommerai Claire) et moifaisons les magasins pour trouver des cadeaux à offrir. Ce qu'ilfaut savoir, c'est que quand Claire et moi sommes réunis, nous avonsune fâcheuse tendance à diviser notre Q.I. par quatre et à adopterun comportement de gamin. Ce jour-là, cela a conduit à une fâcheusemésaventure...
Hélas pour moi (maistant mieux pour l'existence de cette péripétie), les batteries demon fauteuil électrique n'étaient pas assez chargées au moment oùnous avons décidé, sur un coup de tête, d'aller faire nos achatsde Noël ensemble. Pas de temps à perdre, ni une ni deux nousembarquons mon fauteuil manuel. Tant pis, Claire me poussera, ça luifera les bras et moi je servirai de caddie !
Après avoir déambulépendant deux bonnes heures et avoir trouvé quasiment tous noscadeaux, nous sommes sur le chemin du retour dans l'une des galeriesmarchandes quand j'aperçois une boutique intéressante. « Attends,pas si vite ! On pourrait trouver quelque chose là-dedans ! »m'exclame-je. C'est à cet instant que tout a basculé. Enfin tout...surtout moi !
Claire opère un trèsvif virage, puis, emportée par son excitation d'enfant dans une courde récré, elle ne stoppe pas son mouvement mais continue à mefaire tourner. Sur le coup, ça me fait bien rire, et elle nes'arrête pas, au contraire. C'est rigolo de faire les cons, çapermet d'oublier les tracas quotidiens ! Seulement, comme elle y vaavec tout son entrain, j'ai de plus en plus l'impression d'être dansune énorme centrifugeuse ! Si, en m'accrochant au fauteuil, j'arriveà me maintenir, ce n'est pas le cas de la pile de cadeaux qui estsur mes genoux. Celle-ci penche dangereusement, et j'ai le malheureuxréflexe d'essayer de la rattraper.
Terrible erreur ! Dèsque mes mains se sont décrochées, je suis emporté par la force dutourbillon et je m'envole littéralement de mon siège à roulettes !Je m'écroule de tout mon long, face contre terre, tête la première,et mon esprit s'embrume pendant quelques secondes. Je ne perds pasconnaissance, et j'entends Claire, absolument catastrophée, medemander si ça va. J'ai la bouche engourdie, et quand je luirétorque « t'as essayé de me tuer, hein petite garce ? » enrigolant pour dédramatiser la situation, une grosse gerbe de sanggicle en même temps.
Elle flippe encore plus,et à ce moment-là je regarde le sol : ne serait-ce pas monhémoglobine qui constelle le sol ?
Un gars de la sécuritédébarque et demande ce qu'il s'est passé, me pose des questions dustyle « quel jour sommes-nous ? » et j'évacue le tout (je parlepas de mon vomi cramoisi là) en répondant très rapidement. Je meredresse légèrement et je prends conscience de l'ampleur desdégâts. Les bouquins que nous avons achetés sont mouchetés desang, je me suis ouvert la lèvre avec mes incisives, et j'en aid'ailleurs une des deux qui est pétée.
Ça, ça m'embête un peuplus. Je ne ressens pas de douleur, donc de ce côté-là c'est cool(et ça coule), mais si je dois passer par la case dentiste pour merefaire un chicot... ça va coûter bonbon tout ça ! Ceci dit, pourle moment, il faut déjà me soigner, et je suis donc transporté auposte de sécurité de la galerie marchande, escorté de près parmon amie qui ne cesse de répéter « je suis trop conne », tandisque je ne cesse de lui répondre « il y a rien de grave, tu verrason finira par en rigoler ». Sacrée Claire, c'est elle qui medéfigure et c'est moi qui la rassure !
Le mec de la sécu medonne de quoi tamponner ma plaie pour ne pas que ça dégouline trop,ainsi que de l'eau pour me nettoyer un peu. J'en ai bien besoin carj'ai pas mal de sang englué dans mes poils de barbe. Cependant, jene préfère pas trop frotter sous ma lèvre, au cas où. On nous ditalors que nous avons deux choix : soit nous nous rendons parnous-mêmes à l'hôpital qui nous plaira pour me faire recoudre,soit nous faisons venir les pompiers, mais il m'en coûtera plusieurscentaines de deniers. C'est vite vu, je suis parfaitement capable defaire le trajet en voiture avec Claire, et c'est ainsi que nousrepartons. Je peux vous dire qu'elle était extrêmementprécautionneuse quand elle poussait mon fauteuil ! Tu parles d'untraumatisme...
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Confessions Infirmes
HumorJe suis handicapé. C'est pas drôle. Mais en fait... Si ! À travers mes Confessions Infirmes, je vais vous raconter différentes anecdotes sur mon quotidien en tant qu'handicapé en fauteuil électrique. Pourquoi ? Pour deux raisons : la première, très...