Février et les deux baisers volés

1K 115 10
                                    


Février et les deux baisers volés

PlayList : Some Sun – Micky Green / Goodbye – Archive / Goodbye Apathy - One Republic. [choisie par Dairy's Scribenpenne]

Ooo

.

.

.

Il y avait de nombreuses choses détestables au mois de Février. D'abord, son odeur de pomme d'amour, ses patinoires, sa neige, les couples et tout un tas d'autres choses. Harry n'avait jamais supporté l'hiver, et encore moins ce mois-ci. Mais là, tout semblait changer. Il commençait de nouveau à grignoter des rayons de bonheur malgré la brume hivernale.

Son désir de noyade s'était consumé en même temps que son corps dans un brasier de plaisir. Plus jamais il ne se sentirait seul avec Louis à ses côtés. Perdu il n'était plus. Peu à peu, les sensations dans son corps revenaient après un long engourdissement. Il prenait la vie de Louis au profit de la sienne. L'espoir prend différentes formes.

Parfois, celle qu'on attend le moins...

Harry enfila une veste noire et une écharpe bleu marine. Il prit l'ascenseur qui le conduisit au pied de la Tour Monroe. La neige formait un tapis disparate. Des centaines d'empreintes d'inconnus s'entrecroisaient là-dedans. Des petits pieds. Des grands.

Le jeune photographe ne leva pas le nez vers le ciel mais suivit les traces de ses yeux vert émeraude. Il connaissait le chemin par cœur.

-Par cœur, pensa-t-il. Par cœur...

Et ses doigts allèrent à l'encontre de la bague en argent. Celle qu'il avait achetée deux mois plus tôt afin de l'offrir à Louis. Combien de temps encore ? Combien de temps lui faudra-t-il pour enfin devenir courageux ?

Un entête vert propagea un bref effluve de chaleur tandis qu'un passant entrait dans la boutique. Harry le suivit, se glissant à l'intérieur. Un arôme de chocolat traînait dans l'atmosphère. Sur des fauteuils distincts – formant un mélange éclectique – des personnes papotaient, riant parfois. Puis il y avait les amoureux en tête-à-tête, leurs lèvres en bouton de rose. Comme celle qu'on offrait à sa Valentine.

C'était ainsi au Starbucks Coffee ni rien ni plus que des vies s'entrecroisant comme ses empreintes sur le bitume.

La file d'attente s'étirait devant la vitrine proposant des muffins, des cup-cake et autres viennoiseries. Harry n'avait pas mangé ce matin. Il restait juste dans son estomac quelques gouttes salvatrices du plaisir partagé la veille avec Louis. Et il avait faim. De Louis ou du Starbucks ? Harry ne préférait pas savoir. Alors il prit sa conso ainsi qu'un café Signature dans un gobelet et reparti au dehors.

Il faisait froid. Assez froid pour frissonner. Il resserra son écharpe autour de son cou. Et la seule pensée qui lui vint à l'esprit fut celle-ci :

-J'ai besoin de chaleur humaine pour me sentir mieux.

Machinalement, ses doigts se refermèrent sur son téléphone portable puis composa un numéro qu'il connaissait déjà par cœur.

Une voix familière.

Harry avait besoin de Louis.

Et tout ce qu'il obtiendrait, malheureusement, seront ses services.

Ooo

Harry profitait pleinement du corps offert de Louis. Celui-ci avait détourné son visage et ses yeux bleus fixaient la fenêtre de la Tour Monroe. Dehors, tout semblait paisible. Transi de froid. Et quand il vit les toits enneigés, Louis pensa aux blancs d'œufs montés en neige avec sa fille - Eowyn. Il eut un bref soubresaut et se mordit la lèvre inférieure afin de ne pas faire écouler une plainte au goût de remord. Souvent, il se demandait pourquoi ils faisaient tout ça. Ce n'était pas pour rien. Mais, dans les moments de solitude et d'inquiétude, il pensait à quel homme il devenait au fil des jours à cause de tout ça... Si on pouvait encore l'appeler homme au jour d'aujourd'hui.

Sensitive Polaroïd | l.s |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant