Août etc.
PLayList : All Around Me – Flyleaf / Family Portrait - P!nk.
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Le lait dans le frigidaire est périmé depuis longtemps. Mais je n'ai pas le courage de le jeter. Tous les matins, je regarde cette bouteille comme si le temps s'était figé en quelques centilitres. Dessus, un post-it sur lequel gisent les derniers mots de Louis : « Rappelle-moi ». C'était au lendemain de notre première nuit. Notre première parce que... parce que cette nuit-là avait tout changé entre nous. En me levant le lendemain matin, le lit était vide et je m'étais dit que cela n'était pas permis d'être si heureux sur Terre. D'avoir tout alors que rien ne nous entourait.
Ces quelques mots échoués au fond de mon frigo m'avait redonné envie de sourire et l'espoir des jours meilleurs. Louis voulait bien de moi. Alors je l'ai rappelé dans la journée. Il n'a pas daigné répondre. Il était peut-être occupé. Mais quand... quand au fur et à mesure des jours son absence a commencé à creuser mon coeur, j'ai commencé à paniquer : il ne viendrait peut-être plus. J'ai attendu patiemment son retour en passant mon doigt sur le calendrier. J'avais osé espérer qu'il reviendrait... qu'il mereviendrait. Mais mon monde était vide.
Parfois, j'errais dans le parc où je l'avais croisé avec sa fille par hasard. Je prenais des photos sans vraiment avoir d'objectif. J'avais juste un bon prétexte pour revenir ici et attendre un petit signe de lui. Peut-être que si l'on se croisait au détour d'une rue, il ne pourrait faire reculer les explications. Les explications où il me dirait qu'il... qu'il n'avait fait que son boulot avec moi, qu'il préférait tout arrêter avant que je ne m'accroche à lui, qu'il n'avait pas besoin d'un nouveau fardeau dans sa vie.
Et moi, j'étais toujours là à photographier le monde en attendant que surgisse du gouffre de mes souvenirs l'image de Louis. Son regard gris qui serait gravé à même ces sensitives polaroïds. Son regard gris qui commençait tout juste à s'illuminer à mes côtés. Son regard gris qui avait tout changé. Il y a quelques temps à peine, le dernier soir, j'eus l'impression que nous avions fait l'amour. C'était différent des autres fois.
Mieux. Intense. Vrai.
J'ai tout de suite su qu'il ne simulait pas à ce regard... ce regard mercure, presque noir, voilé. Ce regard charbonneux qui partait en cendre au moindre gémissement. Ces deux pierres précieuses qui étaient rivés à mes yeux, qui me rendaient ma passion entre deux battements de cils.
Contrairement aux fois précédentes, nous sommes restés l'un dans les bras de l'autre juste après. Il ne m'a pas fui. Il ne m'a pas regardé de travers. Il m'a dit... "C'est la première fois de ma vie que j'observe les étoiles sans penser immédiatement à ma fille." Je l'ai trouvé tendre parce que... parce que j'ai réalisé à ce moment-là que c'était un bon père, un père qui ferait tout pour elle, qui faisait passer son propre bien avant le sien. Un père soucieux quant à l'avenir de sa chair et son sang. Il l'aimait. Et c'était tout ce qui comptait. Elle passait avant toutes choses. C'était beau. Là, je me suis aperçu que j'étais foutu : Louis, lui, passait avant toutes choses pour moi.
Je regarde encore le post-it qu'il m'a laissé et décide de prendre la confiture juste à côté. Je me demande ce que peut bien grignoter Louis ce matin. J'espère qu'il arrive à manger quelque chose, d'ailleurs. Il... Il avait l'air tellement perdu la dernière fois qu'on s'est vu.
Il a toqué tout doucement, comme si au fond, il avait eu envie que je ne l'entende pas. Mais mes sens étaient aux aguets depuis que je l'attendais. Je l'attendais le jour et la nuit. Je lui ai ouvert et j'ai vu en premier son regard puis ses cernes. Il semblait à bout - quelque chose ou quelqu'un (peut-être moi) le mettait au bord du gouffre. Je lui ai ouvert en grand ma porte et je l'ai laissé entrer. Il s'est avancé tout doucement, avec prudence. Cet endroit lui rappelait sans doute trop de choses horribles : c'était là que je lui avais tout pris. Il a jeté un regard circulaire au loft, ses yeux se sont attardés vers la baie vitrée et l'escalier en colimaçon puis il s'est enfin retourner pour me regarder, moi.
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Sensitive Polaroïd | l.s |
RomanceIl arrive dans la vie d'un homme qu'il ait envie de mourir ou de vivre. Pour cela il fait n'importe quoi avec n'importe qui. Se vendre en fait parti. Conjuguez cela au masculin. L'argent mêlé de luxure et les voilà prisonniers de ces sensitives pola...