Janvier et le cotillon perdu
PLayList : Archive – Again Puggy – How I needed you Apocalyptica – Fade to Black [Choisie par Livioute]
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J'espérais secrètement que ce nouvel an se déroulerait mieux que ce dernier Noël. Je n'ai pu offrir à Eowyn ce qu'elle désirait. Je lui ai pris une chose bien ridicule qu'elle a fait semblant d'aimer, et je m'en veux encore. J'aurais pu ne pas payer le téléphone pendant un mois, et lui offrir ce cadeau... Alors oui, j'espérais que ce réveillon se passe parfaitement bien. Seulement voilà, un client a voulu que je l'accompagne à une soirée, me promettant le triple de la somme habituelle...
Je lui ai promis de rentrer tôt, l'ai embrassé et suis sorti. Devant ma porte, je me suis permis de laisser une larme s'échapper. Une seule. Elle reflétait pourtant toute la détresse et toute la douleur que je ressens. Mais me voilà partit pour m'afficher aux bras d'un « client ». Que ce mot me répugne. Passer une soirée avec lui, simplement pour recevoir son argent crade. Il n'était pas question de sexe ce soir. Il ne voulait pas être seul. Et moi j'ai besoin d'argent pour payer mes dettes.
Alors je suis avec lui. Je souris aux gens qui me parlent, conversant avec eux sur des sujets qui autrefois m'intéressaient et qui aujourd'hui m'indiffèrent complètement. J'ai perdu le goût de tout, de parler, de sourire, de vivre tout simplement. J'ai bu quelques coupes de champagne, pour faire bonne figure aux côtés de cet homme trop charmant pour moi. Trop dégueulasse. J'ai grignoté quelques petits fours. Deux tout au plus. De quoi faire bonne figure. Encore une fois.
Et puis vint le décompte. Ce décompte ridicule que l'on fait chaque année. Ce décompte que je criais autrefois avec mes amis lors du réveillon. Ces soirées si lointaines... Dix. Dix personnes m'entourant sans jamais me regarder, sans même me remarquer. Neuf. Neuf chapeaux en cartons colorés se posant sur leurs têtes, m'oubliant complètement. Huit. Sept. Six. Cinq. Quatre. Non, ne changez pas l'année, s'il vous plaît. Elle sera pire que celle-ci. Trois. Deux. Un.
Une pensée pour Eowyn me serre douloureusement le cœur.
« - BONNE ANNÉE ! »
Et les cotillons s'envolent, ils tournent dans les airs, tombent sur les tables et dans les verres. Tous les cotillons s'en vont de l'autre côté de la salle, là où les personnes se sont regroupées pour s'embrasser et fêter la nouvelle année. Et un cotillon atterrit à mes pieds. Il est le seul, comme perdu au milieu de cette foule, comme s'il préférait s'isoler. Comme moi.
Je suis ce cotillon solitaire dans un monde trop grand pour lui. Je suis aussi pâle que cette boule mouillée, aussi humide que cette boule décolorée. Seule. Je suis ce cotillon solitaire dans un monde trop cruel, qui le piétine sans pitié aucune. Je suis aussi blessé qu'écrasé par les autres cotillons heureux, colorés, secs de toutes larmes. Je suis aussi détruit que lui, tant physiquement que moralement. Il ne me reste plus rien, à part l'espoir de faire vivre la plus belle étoile du soir... Eowyn.
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En déposant les clés sur un petit meuble dans l'entrée, mon regard balaie l'appartement. Et mon cœur se serre. Je l'ai encore déçu, je ne suis pas arrivé à temps. Je m'avance vers elle, cet ange qui enchante mes journées, celle qui me retient ici malgré tout ce que je vis, pour elle. Et elle dort. Son visage est serein, doux, balayé de toutes larmes. Pourtant, quelques traces humides résistent encore et mon cœur manque un battement. Elle m'attendait, elle m'a attendu pendant longtemps. Trop longtemps.
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Sensitive Polaroïd | l.s |
RomanceIl arrive dans la vie d'un homme qu'il ait envie de mourir ou de vivre. Pour cela il fait n'importe quoi avec n'importe qui. Se vendre en fait parti. Conjuguez cela au masculin. L'argent mêlé de luxure et les voilà prisonniers de ces sensitives pola...