Mars et les trois photos volées

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Mars et les trois photos volées

PLayList : Yann Tiersen - Comptine d'un autre été Radiohead – No surprises Damien Saez – Il y a ton sourire [Choisie par Livioute]

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Eowyn saute dans mes bras avec un sourire immense aux lèvres. Elle porte sur son dos le lourd fardeau d'une journée d'école. Je la sers doucement contre mon corps, celui qui ne m'appartient plus, et je lui embrasse le front. En me relevant, je lui retire son cartable et le porte à bout de bras tout en lui tenant la main. Elle est belle. Elle porte sa toute nouvelle robe, celle que je n'ai pas pu résister à acheter. Celle qui m'a coûté une nuit de plus hors de ma vie et de mes pensées.

Pour une robe et un sourire. Son sourire. Celui qu'elle a esquissé lorsque je lui ai tendu la poche rouge. Ses yeux pétillaient, des feux d'artifice éclataient. Lorsqu'elle avait déchiré le paquet cadeau, elle hurlait presque. C'était celle qu'elle voulait. La jolie robe blanche à fleurs du magasin rose. Une petite robe de mi-saison, printanière. Parce qu'il est arrivé. Il est là, le Printemps.

Avec lui, les fleurs sont nées. Elles fleurissent ci et là dans une harmonie singulière. Les arbres sont roses, le ciel est bleu, le soleil chauffe timidement le monde et les barres au chocolat fleurissent devant les bouches gourmandes des enfants à l'heure du goûter. Des Mars. Et le soleil rend sa peau doré, ses cheveux brillants. Eowyn, étoile du soir, belle comme le jour. Nous nous baladons dans les rues de Londres, elle rie, elle me raconte sa journée.

Elle me raconte l'histoire de ses trois crayons de papier, celle des trois flocons de pollen qui se courent après, et celle de la maîtresse qui raconte l'histoire des trois petits cochons. Et elle rie. Je l'accompagne, heureux de la voir avec ces yeux brillants et ce sourire. Heureux de pouvoir aller la chercher alors que cela n'arrive jamais. J'ai cette envie folle de prolonger cet instant, de rire à n'en plus finir. Alors nous partons vers un parc et elle court vers les jeux. Je l'accompagne, riant doucement.

Elle est belle, elle hurle de joie en descendant du toboggan. Elle court vers les balançoires et je la vois tenter de voler. Plus haut, encore plus haut.

« - Papa ! Viens me pousser ! »

Alors je la pousse. Encore et encore. Son rire résonne en moi comme la plus belle mélodie. Elle me redonne l'envie de vivre, pour entendre ce rire jusqu'à la fin. Elle semble voler. Et je devine ses yeux briller, sa bouche s'étendre en un doux sourire. Je la vois presque, avec les pommettes rouges et ses cheveux blonds encadrant son visage, voletant doucement dans les airs. Lorsqu'elle arrête, elle me tire vers ce qu'elle dit être « des lumières qui clignotent ».

Elle court presque, et s'arrête derrière un homme plutôt mince, aux cheveux bruns et ébouriffés. Il semblait prendre des photos du parc et des inconnus qui vagabondaient dans celui-ci. Sans que je ne puisse la retenir, elle commença à prendre la pose en riant, et le photographe rit avec elle. Il la prend en photo, alors que je la vois tournoyer dans sa robe. Elle est si belle. Et c'est alors que je l'entends. Sa voix, à lui. A Harry.

Elle s'arrête en voyant mon corps se tendre et de ce fait, il se tourne vers moi. Nos yeux se rencontrent, et je crois que c'est la première fois. D'habitude, on évite de se regarder. On ne dit rien. On ne se voit pas. On baise. Et je vois ses yeux verts briller étrangement, j'observe un sourire presque gêné s'installer sur ses lèvres. Il me tend une main, comme si nous étions de simples inconnus, et je le remercie intérieurement. Je la sers. Et je frissonne. Il détourne les yeux. Et étrangement, je continue de l'observer.

Sensitive Polaroïd | l.s |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant