Chapitre 9 - Cartes et Joker

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Dans le chapitre précédent :

« Un mariage selon nos coutumes aura lieu demain devant la Grande Prêtresse.

– Est-ce vraiment nécessaire ? Nous sommes déjà mariés.

– Selon vos croyances. Mais je ne me considère pas marié tant que nos Dieux n'auront pas approuvé notre union.

– Très bien, soufflai-je en optant pour un chignon rapide.

– À partir de demain, l'autre femme logera dans cette chambre tandis que vous partagerez ma couche, » déclara-t-il d'un ton décisif.

C'était seulement la première étape afin de m'intégrer à leur culture différente de celle d'Alexandre. Ce n'était qu'un mariage. Rien de plus. Je hochai la tête à son ordre. Il m'indiqua ensuite que le dîner serait amené dans cette chambre, et que je devais me reposer. Il me regarda longuement avant d'ouvrir la porte. Je fis de même ne sachant que faire.

« Dormez bien. »

J'avais l'impression d'avoir imaginé ses dernières paroles tellement elles étaient chuchotées. Il semblait si distant avec moi que c'était décevant et frustrant. Peu de temps après, Adélaïde vint me porter le dîner sur un plateau. Du pain, de la viande et de l'eau. Je ne me plaignis pas, ne souhaitant pas manger à outrance puis allai me coucher rapidement. Dans mes songes, je repensai à ma première rencontre avec Adonis. Un sourire naquit au creux de ma bouche. Je me laissai aller à ce doux souvenir, jusqu'à ce que je sois aspirée dans un tourbillon blanc m'emmener dans une bâtisse inconnue.

***

Entourée d'un blanc lumineux, je regardais les alentours en quête d'une sortie. Seule une colonne de marbre blanc trônait dans la pièce infinie. En marchant, je remarquai que mes pieds touchaient un sol invisible tandis que mes mains ne brassaient que du vent. Je ne ressentais aucune émotion néfaste, au contraire j'étais apaisée comme dans un songe. Mais n'en étais-je pas dans un ? Peut-être pas. Je n'avais encore jamais vu de paysage aussi blanc. Même la neige possédait une consistance et une froideur nous faisant frissonner, mais ici, rien de tout cela.

Après quelques minutes d'hésitation mêlée d'exaspération, je m'approchai de la sculpture en pierre, curieuse de ce qu'elle pouvait me raconter. Elle semblait être présente uniquement pour que je la voie et la touche. Je répondis à son appel muet et effleurai le haut de la colonne m'arrivant à la taille. Au début, rien ne se passa. Ainsi commençai-je à la tâter pour essayer d'enclencher un mécanisme quelconque comme dans les films d'aventure. Ma persévérance gagna.

Le haut de la pierre verticale s'élargit dans une surface plane. La table blanche ne bougea plus pendant un silence où je pouvais entendre mon cœur battre. Je la fixai sans comprendre avant de poser mes mains à plat sur le support qui n'était ni froid, ni chaud. Comme une clé dans une serrure, mes mains avaient animé la table. Des cartes apparurent dans un souffle doux.

Positionnées sur une même ligne, les cartes de Tarot étaient rangées par ordre croissant de gauche à droite avec le Fou comme étant la carte zéro tout à gauche. La ligne se referma sur le Monde, la carte vingt-et-une.

Ma confusion s'agrandit quand j'aperçus une plume placée juste devant mes mains. Je la pris délicatement, ne trouvant pas d'encrier, et penchai l'outil d'écriture en dessous de la première carte du Fou. La pointe glissa sur la pierre blanche avec facilité sans la détériorer. J'écrivis Joker sous la carte sous une pulsion mélancolique. J'avais l'habitude d'assimiler l'As et le Joker à la carte du Fou. Aussitôt la pointe levée, la plume disparut de mes doigts.

Les Changeurs de Destins - Le Royaume d'HéliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant