Les Changeurs de Destins - Le Royaume d'Hélia

Epilogue

« On ne se retrouvera pas après notre mort... »

Surprise par son ton lugubre, j'arrêtai de fixer le feu dans la cheminée pour me tourner vers lui. Assis confortablement sur le lit, il plaça les feuilles près de lui puis se frotta les yeux. La nuit était tombée depuis quelques heures déjà, mais j'avais laissé à Adonis le temps d'écrire des messages et d'en lire d'autres.

« Pourquoi parles-tu de ça maintenant ? »

Je me levai en laissant mon plaid sur le fauteuil devant la cheminée et pris place sur mon mari. Sa chaleur m'enveloppa remplaçant celle du feu. Il pouvait être un brasier à lui seul. Ses bras se posèrent sur mes hanches d'instinct.

Mais j'étais plus inquiète qu'autre chose. Son regard sombre me fixa avec tristesse.

« Tu viens d'un autre monde. Quand tu mourras, tu ne seras plus avec moi...

– Je... »

Je secouai la tête, ne sachant que dire. Il avait l'air tellement chamboulé que sa peine se ressentait aussi dans notre lien.

Je pris en coupe son visage pour attirer son attention.

« Écoute-moi bien, Adonis. C'est vrai que je viens d'un autre monde et que dès que je mourrais je partirai d'ici pour un nouveau monde, et toi tu seras toujours à mes côtés. »

Il fronça des sourcils sous la confusion et ses cicatrices se voyaient encore mieux. Je souris en passant mes doigts sur son front plissé.

« Je te retrouve dans chaque nouveau monde Adonis. Ou du moins, tu es censé être présent dans chaque monde où j'atterris. Pourquoi crois-tu que si je meurs, tu perds la vie aussi ? C'est parce que toi aussi tu es envoyé dans un nouveau monde, mais contrairement à moi, ta mémoire est complètement effacée. »

Il resta silencieux un instant. Le bois crépita sous le feu tandis que j'attendais qu'il prenne conscience des informations.

« Je peux vivre sereinement avec cette pensée, » souffla-t-il avec un hochement de tête.

Je souris avant d'écraser mes lèvres sur les siennes. Il ouvrit ensuite la bouche tout rapprochant mon corps du sien.

« On peut faire l'amour maintenant ? demandai-je après le baiser échangé.

– Pourquoi ne m'as-tu pas rejoint plus tôt ? questionna-t-il en passant la tunique que je portais au-dessus de la tête.

– Il fallait bien que tu finisses de lire ces papiers. Léandre a bien de la chance d'avoir un père qui l'aide ainsi. Ce matin il s'est levé quand le soleil était déjà haut dans le ciel. Je pensais qu'il avait passé une nuit torride avec sa femme, mais elle m'a dit qu'il travaillait les stratégies de défense et d'attaque... en pleine nuit.

– Femme, j'aurais pu lire ces messages demain matin, dit-il d'une voix rauque alors qu'il prit en coupe un de mes seins. »

Je me cambrais vers lui sous la caresse. Il sourit alors que sa main descendit plus bas.

« Homme, Léandre a besoin de toi maintenant plus qu'un autre moment alors si je peux éviter de me jeter sur toi quand tu es nu pour que tu lises ces foutus papiers, je le ferai. »

Alors qu'il continuait de me taquiner avec ces doigts, je l'embrassai pour étouffer mon cri de plaisir. Cela faisait vingt-cinq ans depuis notre rencontre, mais chaque jour était comme le premier.

« Je t'aime Adonis. Et ce dans tous les mondes.

– Retrouve-moi dans chaque monde pour que je tombe amoureux de toi encore et encore ma belle Ambre. »

FIN