Besoin De Toi [Terminé]

Allez vous battre

81.

Chacun était à sa place et en garde. L'on scrutait les bois sans rien apercevoir ; certains se concentrait au mieux pour ne pas se laisser faiblir par la neige tandis que d'autres n'étaient en rien affectés par le froid ; des plus tardifs qui avaient remarqué l'attroupement, rejoignaient encore les rangs et se faisaient une place pour protéger leur terres.

Seul au loin, demeuraient deux êtres en pleine action effrénée et brutale ; le chef de clan, Jaeyoung, et le sous-fifre de Kaisong, Sungguk.

Leurs respirations étaient lourdes aux deux, mais l'un peinait plus que l'autre. Le plus vieux, Jaeyoung, résistait et ripostait, mais il réalisait sous sa propre expertise qu'il ne faisait pas le poids face au loup balafré. Comme jamais vu encore, Sungguk avait une force et une vitesse insoutenable, et Jaeyoung avait peur que son loup ne prenne le dessus. À son âge, une transformation n'est pas souhaitable car les risques sont plus important.

À la suite de s'être repoussé mutuellement avec force, les deux loups furent éloignés l'un de l'autre d'une plus grande distance le temps d'un court instant. Très vite, ils s'élancèrent à nouveau pour se rencontrer férocement, se retrouvant les paumes jointes à celles d'en face et les doigts emmêlés avec ceux d'autrui. Exerçant chacun une pression sur l'autre du mieux que la force de leurs bras leur permettaient, leurs visage s'étaient rapprochés. Des nuages de respiration se mêlèrent et deux rudes regards s'affrontèrent.

Le sourire et ricanement de l'un agaça l'autre. Le balafré se ramassa alors une droite d'une telle frénésie qu'il en cracha du sang, tintant de rouge la blanche neige encore fraîche des précipitations de la veille.

— En quoi cette situation t'amuse-t-elle ? questionna Jaeyoung.

— Je te l'ai dit, répondit le loup à la cicatrice et d'un coup de manche il essuya ses lèvres. Tu t'acharnes encore et encore sur moi jusqu'à t'en épuiser alors que de toute manière c'en est fini de toi et de cette tribu. Chaque Alpha et Bêta périra.

— Pas si l'on parvient à vous arrêter !

Sans même avoir attendu la fin de sa phrase, Jaeyoung était reparti à la charge. Il lui attrapa les épaules pour le jeter au sol et se retrouver au dessus avec l'idée de le maintenir immobile, mais n'y parvint pas ; Sungguk échangea leurs positions puis tenta un coup de griffe. Bien pensé, seulement le plus vieux gardait de bons réflexes, il l'empoigna avant qu'il n'atteigne son visage.

— Souhaiterais tu connaître la raison de cette cicatrice sur mon visage ? demanda à son tour Sungguk.

Il parvint à atteindre du bout de son ongle le visage de Jaeyoung, le zieutant comme un tableau qu'on s'apprête à peindre, et le père, lui, usait de toutes ses forces pour l'éloigner de sa joue.

— Je me l'a suis faite moi-même, continua-t-il, pour que mon loup m'obéisse, pour ne pas finir à mon tour comme l'un de ces monstres.

Jaeyoung qui ne perdait pas espoir dans son combat, redressa le haut de son dos et envoya un coup de tête qui étourdit son opposant. Alors qu'il s'éloignait de quelques pas pour gagner du temps et reprendre des forces, Sungguk, lui, riait en prenant son temps pour se redresser.

— Il est donc vrai, dit Jaeyoung le souffle court, que vous utilisez des loups pour en faire ces bêtes.

— Crois-tu qu'elles soient apparu sans raison ? Suite à une volonté divine peut-être ? se moqua Sungguk. Oh non, elles ne sont que des échecs ! Voilà ce qu'elles auraient dû devenir.

Tout en se redressant, le loup ennemi sembla souffrir, ses muscles était au plus tendu et l'on pouvait suivre chaque tracé de veines tant elles avaient gonflé. Jaeyoung comprit alors qu'il prenait forme bestiale. Il ne pouvait pas le laisser se transformer ou ses chances de le vaincre seraient nulles.