Adoptée Par Eux ||TERMINÉ||

R

Les nombreux couloirs sont déserts. Des rires se font entendre depuis le réfectoire.

Zoé vient de partir, sa mère l'appelle pour dîner. Mon propre appétit est complètement coupé. Je reste cloîtrée dans ma chambre.

Rien. Aucun mot, aucun message. Juste Paul. Tout était arrangé. Pour eux, je n'étais qu'un simple pari. Mes valises faites sur le palier de la porte. Aucune trace d'eux. Juste un souvenir.

Mes yeux encore rouges et gonflés se posent sur ma guitare, décorée par leur signature.

[Début du flash-back]

Je monte dans ma chambre. Dès que j'ouvre la porte, je sais que quelque chose cloche. Je découvre quoi : ma guitare n'est pas à sa place. Elle est posée sur mon lit. Je m'approche d'elle.

Leur cinq signatures encore brillantes la décorent. Ça lui donne un charme, j'aime encore bien.

[Fin du flash-back]

Mes larmes reviennent. J'attrape mon portable à l'aveuglette et cherche le numéro de Zoé. Elle décroche dès la première sonnerie.

-Olivia ?
-Zoé, je sanglote.
-Respire un bon coup.

Je l'entends mâcher.

-Zoé, j'ai besoin de toi...
-Attends encore un quart d'heure, le temps que je termine de manger, d'accord ?
-Oui. D'accord.

Je raccroche et me couche sur mon vieux lit. Rien n'a changé. Le même lit, le même bureau, la même garde-robe...

Pourquoi ? Pourquoi m'ont-ils mentis ? Pendant trois ans, ils m'ont mentis pendant trois ans.

J'appuie mon visage dans mon oreiller pour étouffer mes sanglots.

-Olivia, chérie.

Miss Roze se tient devant la porte. Elle entre et s'assoit sur la chaise de mon bureau.

-Olivia, je t'assures que je ne savais pas. Ils me l'ont dit il y n'y a même pas deux semaines.

Je la crois. Miss Roze ne ment jamais.

-Oh.

C'est la seule chose que j'arrive à dire.
Miss Roze frotte contre mon bras avec sa main. Elle me lance un regard compatissant avant de sortir. Zoé arrive deux minutes après elle.

-Olivia.

Elle me prend dans ses bras. Je pleure sur son épaule.

-Ça va aller, Olivia. Je suis là pour toi.
-Je sais. Les salopards, j'ajoute.
-Exactement. Laisse-toi aller.

Je laisse échapper toute ma fureur. Les gros mots sortent de ma bouche sans que je ne puisse les retenir.

~

J'ai repris le court de mon ancienne vie. Je continue ma quatrième année secondaire, malgré le fait que je m'incruste au milieu de l'année. Toute ma classe me soutient. Mais j'ai aussi reçu des tas de messages d'inconnues sur les réseaux sociaux. J'en avais ouvert cinq. Deux d'entre eux eux disaient qu'elles me soutenaient de tout leur coeur. Les trois autres disaient que j'avais reçu ce que je méritais. Je retiendrais celui-ci toute ma vie :

"Tu as eu le sort que tu méritais, pétasse. Ils t'ont laissé tomber comme une simple chaussette, salope."

~

Une semaine plus tard, le samedi, j'ai recommencé la danse. Pauline m'a accueilli avec un grand sourire.

-Tu nous as toutes énormément manquées ! Bienvenue à la maison, elle fait avec un clin d'oeil.

Pauline est notre prof de danse. Elle ne veut pas être par appelée "Madame", cela la fait lui sentir plus vieille qu'elle ne l'est.
Avec Zoé, je suis dans le dernier groupe. Sans me vanter, les meilleurs. Je suis fière d'en faire partie.
Momentanément, nous dansons sur "Problem", de Ariana Grande.

Après une heure et demie de danse intensive, je me rends à mon cours de guitare. Notre prof, Gauthier, me fait un énorme sourire, accompagné d'un câlin.

-Olivette, ça fait plaisir de te revoir ! Allez, sors-moi cette guitare !

Cette après-midi m'a fait un bien fou. Zoé m'a raccompagné à l'orphelinat. Elle est un énorme soutient pour moi.
Miss Roze m'acceuille avec un air sévère.

-Olivia, il y a du courrier pour toi.

Je prends l'enveloppe qu'elle me tend. Seul mon nom est inscrit dessus. Je monte dans ma chambre, m'allonge sur mon lit et déchire l'enveloppe. Les larmes se pointent directement.

"Olivia,
Nous pensons que tu as droit à des explications et surtout à des excuses. On aurait dû te prévenir. Le problème, c'est qu'on t'aimait tellement qu'on ne voulait pas te faire de peine. Mais maintenant, tu dois en ressentir 10 fois plus encore.
Quelques mois avant ta venue, des gens sur les réseaux sociaux nous ont lancé une sorte d'insulte : "On parie que vous ne savez pas vous occuper d'une ado pendant trois ans". Cela pourrait te paraître enfantin, mais nous, ça nous a plutôt énervé. Mais à l'époque, on avait 17-18 ans. On a donc accepté le défi. Maintenant, nous n'aurions plus refait la même erreur.
On se rend compte qu'on aurait pas dû accepter. N'empêche que ça nous a donné une expérience inoubliable.
N'essaie pas de nous joindre. Nous avons tous les cinq un nouveau numéro. Cela n'a rien à faire avec toi, c'était pour des raisons de sécurité avec nos fans.
On s'excuse vraiment, tout les cinq. On aurait dû t'en parler, on le sait. Et on sait également qu'on est des gros cons.
On espère que tu acceptes nos piètres excuses.
On te souhaite tout le bonheur pour le reste de ton existence.
Au revoir,
Harry, Zayn, Louis, Niall et Liam."

-Putin ! je m'exclame.

Je déchire la lettre en petit morceaux et jette le tout à la poubelle.
Je les déteste encore plus, maintenant.

C'est une lettre d'adieu définitif. Ils ne veulent plus me voir, je l'ai bien compris grâce au "N'essaie pas de nous joindre.".

~

Je déprime. Heureusement, Zoé, la danse et la guitare son là pour me garder sur pieds.

~

-Et vous aurez un contrôle sur ce que nous avons vu aujourd'hui la semaine prochaine, disons jeudi.

Je souffle. Tout le monde sort son journal de classe.

-Jeudi, on a déjà la blinde, souffle Zoé, assise à côté de moi.
-Tu parles.

Le souvenir de la lettre ne s'efface pas. Il est toujours là, impossible pour moi de l'oublier. Je suis toujours aussi dévastée. Au fond de moi, je sais qu'il m'est impossible de les oublier. Ils font partie de moi. Ils sont ma famille.
Mais comme dirait Elsa de la Reine des Neiges, le passé est passé.