"Bonjour maman !" s'écria Aurore, posant son sac sur le meuble de l'entrée.
L'adolescente de dix-sept ans venait de rentrer chez elle avec un soupir d'épuisement, avant de s'affaler sur le canapé du salon.
"Tu rentres si tôt ? Tu ne devais pas voir Mickaël ?", fit la voix de sa mère, Alice, venant de la pièce d'à côté.
Cette simple question innocente venait de retourner le couteau dans une plaie béante. Aurore prit quelques secondes pour répondre :
"Non, on se voit demain, il avait une urgence."
Elle n'avait pas l'intention de révéler qu'il n'était tout simplement pas venu au rendez-vous qu'ils s'étaient fixés. Sans rien dire. Et en ne laissant aucun moyen de le contacter. La voix du répondeur de son téléphone portable avait été le seul interlocuteur d'Aurore quand elle avait essayé de le joindre.
"Rien de grave, j'espère ?" demanda sa mère, qui venait d'entrer dans le salon.
Aurore fixa le visage dont elle avait hérité de longs cheveux blonds et des iris turquoises, se demandant comment elle pourrait lui mentir correctement.
"Non, non, c'est bon, tout va bien.", répondit la fille d'une voix éteinte, sans doute peu convaincante.
Alice n'insista pas. Avec un sourire désolé, elle quitta la pièce, laissant sa fille tranquille. Celle-ci s'empara de la télécommande et décida de se changer les idées en parcourant rapidement les chaînes de son poste. Elle tomba sur une publicité pour de la voyance par téléphone, et un teasing pour une émission concernant les phénomènes paranormaux. Avec un autre soupir, elle éteignit sa télévision et alla chercher ses affaires pour travailler sur ses devoirs.
Au cours de son adolescence, Aurore s'était forgé un solide esprit cartésien, qui prenait peu à peu la forme d'un rejet dédaigneux de tout ce qui touchait de près ou de loin à l'irrationnel. Dans sa classe de première scientifique, elle faisait souvent office de modèle sur qui copier pendant les contrôles, et elle s'ennuyait assez souvent, trouvant le rythme beaucoup trop lent pour elle.
Alors quand quelque chose sortait de son cadre de pensée, elle avait tendance à réagir un peu trop abruptement. Mais son habitude de tout rationaliser l'aidait à gérer ses sentiments. Ce soir par exemple, elle se concentrerait sur des problèmes de mathématiques, plutôt que sur la désastreuse tournure que prenait sa relation avec Mickaël. Surtout, ne pas y penser.
Mais comme prévu, ces simples exercices ne purent occuper son esprit bien longtemps. Que devait-elle faire avec ce garçon ? Ce n'était pas la première fois que son comportement la décevait. L'autre jour, elle l'avait même surpris à dévisager avec insistance un groupe de filles, avant qu'elle ne l'interpelle. Devait-elle le laisser tomber ? Pourtant il lui correspondait, c'était un des seuls à avoir la tête sur les épaules comme elle, et elle ne supporterait sûrement pas un autre caractère. Il lui plaisait depuis qu'elle avait fait sa rencontre à la rentrée : tous deux partageaient la même classe.
Aurore passa sa soirée à ruminer ses pensées, et dormit d'un sommeil plutôt agité, peuplé de cauchemars angoissants.
Mais sur le chemin du lycée, elle était consciente qu'elle serait forcée d'obtenir des explications de sa part aujourd'hui, ce qui dans un sens la rassurait. Dans un autre, elle redoutait de quoi elles seraient faites.
La journée débutait par une séance de travaux pratiques de chimie. Après avoir enfilé sa blouse, Aurore attendit Mickaël de pied ferme...Sans résultats. La professeur fit l'appel sans lui, et alors que le cours était déjà bien entamé, la jeune fille finit par perdre espoir de voir son petit ami aujourd'hui. Elle s'inquiéta même un instant, redoutant qu'il ne lui soit arrivé quelque chose de grave. Mais il finit par se montrer, un quart d'heure plus tard. Elle le fixa, incrédule, passant la porte de la salle et apportant un mot d'excuse à la prof, puis s'installant à côté d'elle, tandis que l'enseignante reprenait ses explications.
Alors qu'elle cherchait le meilleur moyen de lui rappeler qu'il venait de l'ignorer royalement, il se retourna pour saluer les élèves derrière lui avant de se tourner vers elle, ce qui la mit dans une fureur noire.
"Donc tu m'ignores carrément maintenant ?", attaqua t-elle, plantant un regard assassin dans ses yeux.
"Pourquoi tu dis ça ?", fit-il, innocemment.
Cette question ne fit que mettre de l'huile sur le feu. Aurore, sans y prêter attention, haussa le ton.
"Pourquoi ? Pourquoi ? Et hier, on ne devait pas se voir ? En fait je n'existe pas pour toi, c'est ça ?"
Cette fois-ci, ce fut l'enseignante qui intervint :
"Dites, je vous dérange, vous deux ? Ça ne vous intéresse pas, ce que je raconte ?"
Aurore faillit répliquer qu'elle était désolée de manquer la marche à suivre du cinq cent trente-deuxième dosage de l'année, puis se retint de justesse et garda pour elle la deuxième partie de sa phrase.
"Désolé", murmura Mickaël, "Mais je ne peux pas t'en parler maintenant. Promis, je t'explique tout ce soir après les cours. D'accord ?"
La jeune fille le fixa longuement, puis acquiesça mais ajouta en chuchotant :
"Tu as intérêt à avoir une bonne excuse !"
La matinée se passa sous haute tension, et finalement Aurore se sépara de Mickaël pour la pause-déjeuner. Elle devait marcher une dizaine de minutes pour manger chez elle, ce qu'elle fit en essayant de ne pas exploser de rage contre lui.
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Rob et Lydia venaient de s'occuper d'une personne à l'aura orangée particulièrement résistante. Ils avaient dû se concentrer très fortement sur elle, si bien qu'ils avaient fini par attirer son attention à force de la regarder. Rob s'en était inquiété :
"Tu es sûre qu'elle n'était pas Eveillée ?", demanda t-il.
"C'est très rare, de toute façon ça n'a plus d'importance.", répliqua Lydia. "Concentre toi sur les autres."
Reprenant leurs recherches, ils ne voyaient à l'horizon que des auras grises. Mais ils la virent tous les deux, en même temps. Aurore venait de passer au détour d'une rue. Ils ne purent retenir une exclamation de surprise.
Cette jeune fille possédait l'aura la plus brillante qu'ils n'avaient jamais vue.
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Aura
FantastikElle vous est très certainement invisible, mais comme tout le monde, vous possédez une aura. Vous n'en n'avez pas conscience, mais certains voient briller sa couleur aussi clairement qu'un phare dans la nuit. Vous ne le savez surement pas, mais la c...