Rob s'empara vigoureusement du bras droit d'Aurore, et la fit avancer, sourd à ses protestations. Lydia voulut tempérer les événements, tentant de rassurer la jeune fille :
"Il ne t'arrivera rien de mal, calme-toi."
"Dites-lui de me lâcher et je me calmerai !", répliqua t-elle alors.
"On ne peut pas te libérer tant qu'on ne saura pas exactement ce qu'est ton aura.", expliqua Lydia.
"Encore ça...", soupira Aurore, "Ne me dites pas que vous croyez vraiment que ce genre de choses existent."
"Le simple fait que tu ne les voies pas ne signifient pas qu'elles n'existent pas.", clama Rob, traînant toujours la jeune fille avec lui.
"Bien sûr ! C'est bien pratique, je ne peux pas les voir..." insinua Aurore, sarcastique.
Lydia pensa alors à quelque chose pour la convaincre :
"Et cet endroit ? Tu penses qu'on est toujours à Paris ou bien ça te suffit pour admettre qu'il y a autre chose ?"
Il y eut quelques secondes de silence, durant lesquelles Aurore observait les murs de pierre froids qui les entouraient. Elle n'y avait pas prêté attention, mais au fur et à mesure de leur marche, le couloir s'était élargi et semblait descendre vers les profondeurs de la terre. Quelques filons de ce qui semblait être du saphir, ou en tout cas une étrange matière indigo translucide, y étaient incrustés et couraient le long des parois, brillant de plus en plus intensément au fil de leur avancée.
"Je...Vous m'avez emmenée dans les catacombes ?", fit l'adolescente, perturbée.
Rob se passa la main sur son visage, désespéré, tandis que Lydia affirmait :
"On ne peut pas y accéder comme ça...Et les catacombes ne ressemblent pas à ça de toute façon."
"Oh, je suppose que c'est la preuve que nous avons voyagé dans un monde parallèle, alors !", ironisa Aurore.
"Tu verras.", rétorqua Rob.
Ils marchèrent alors pendant quelques minutes, durant lesquelles Aurore se plaignit régulièrement, tandis que les deux autres essayaient de la supporter. Ils finirent par atteindre un croisement dans ce tunnel qui se séparait en deux galeries, l'une des deux étant parsemée de pierres brillant d'un vert émeraude, l'autre étant ornée de ces mêmes pierres bleues qu'ils avaient vues auparavant.
Rob emmena Aurore dans cette dernière, précisant au passage :
"Ferme les yeux, si tu tiens à tes convictions."
La jeune fille ne comprit pas cette remarque, jusqu'à ce qu'ils parvinssent à un détour dans le couloir : le bout du tunnel brillait d'une étrange lueur pervenche, ce qui était curieux car il n'y avait rien qui pouvait produire une telle lumière aux alentours...Mais quand elle arriva à la sortie de la galerie, tout s'éclaira. Littéralement : l'azur emplit profondément ses pupilles, jusqu'à ce qu'elle fut aveuglée, comme par un éclair céruléen.
Puis, dans un clignement d'œil, elle reprit sa lucidité, et vit la chose la plus incroyable qu'elle eut jamais vue : une salle entière, qui semblait être sculptée dans un écrin de saphir irradiant sa lumière d'un bleu agressif. Devant elle, un escalier composé entièrement de saphir descendait en spirale dans la pièce. Il y avait quelques personnes à l'intérieur, toutes vêtues de robes turquoises. Quelques unes étaient pris dans des conversations entre elles, d'autres posaient la paume de leurs mains sur la surface des murs et fermaient les yeux, comme entrant en transe.
Quand Aurore arriva au bout du couloir, se montrant ainsi à tous, ils levèrent tous ensemble le regard vers elle et tous se montrèrent surpris, voire choqués par son aura. Le trouble d'Aurore passa alors un cran supérieur, mais ses préjugés tinrent bon.
"C'est une caméra cachée, c'est ça ?", bredouilla t-elle, confuse.
"La plus chère de l'histoire, alors.", plaisanta Lydia, "Viens.", fit-elle simplement en commençant à descendre l'escalier à ses pieds.
Cette fois-ci, Aurore les suivit de son plein gré, et ne pouvait s'empêcher d'admirer les détails merveilleux de l'endroit dans lequel elle se trouvait. Très vite, Lydia alla chercher une autre femme vêtue de bleue, qui semblait être celle qui dirigeait ce comité d'après la couleur légèrement plus foncée de sa robe. Lydia lui chuchota quelque chose à l'oreille, et la femme en robe hocha la tête en signe de réponse. Elle retira son capuchon, se montrant à l'adolescente alors qu'elle avançait vers elle :
"Sois la bienvenue dans le domaine Bleu, Aurore !", clama t-elle, "Je me nomme Claire, c'est moi qui m'occuperait de ton Éveil."
Alors qu'elle s'approchait, Rob, hésitant, ne put s'empêcher une remarque :
"Attendez ! Son aura...C'est négatif, non ?", demanda t-il.
Claire s'arrêta, et eut un léger sourire.
"Son aura est unique. A ce niveau de différence, on ne peut pas distinguer le positif du négatif...Si influence négative il y a, elle est sûrement contre-balancée par un même niveau d'influence positive. Mais laisse-moi lui parler. Et enlève-lui ça.", ajouta t-elle en désignant le fardeau de pierre qui enserrait ses bras.
Rob s'exécuta, et la jeune fille fut soulagée de retrouver sa liberté de mouvement. Il s'éloigna tout de suite après, laissant Claire approcher davantage.
Elle parla à Aurore de façon à ce qu'elle seule puisse entendre ce qu'elle lui dit :
"Tu sais ce qu'est l'Éveil ?", demanda t-elle.
Aurore répondit positivement d'un hochement de tête.
"Bien. Ne t'inquiète pas. J'étais comme toi avant...tout ça. Moi non plus, je n'y croyais pas. Et puis, Blanche m'a Éveillée.", confia t-elle d'une voix douce.
"Blanche ?", demanda Aurore en fronçant les sourcils.
"Notre guide à tous. Tu pourras la rencontrer après, si tu veux. Mais d'abord...Concentre-toi. Je veux que tu fermes les yeux."
Une réaction bizarre se passa dans le cerveau d'Aurore. Un instant, toutes les objections qu'elle avaient envie de hurler s'effacèrent. Alors, simplement, elle s'exécuta et tenta de se calmer.
"L'Éveil...est un exercice simple.", annonça Claire, "Mais pour qu'il réussisse, il faut que tu y mettes du tien. Je vais te montrer la voie, mais il faut que tu sois prête à t'y engager."
"C'est-à-dire ?", fit Aurore, les paupières toujours closes.
"Ce que je veux de ta part, c'est un acte de foi. Il faut que tu y croies. Que tu croies à l'aura, que tu croies en ta particularité, en ta force. Je veux que tu t'imagines entourée d'une magnifique lumière dorée. Et quand tu rouvriras les yeux, je ferais en sorte que tu la voies.", expliqua Claire.
L'adolescente secoua alors la tête :
"Je ne peux pas faire ça."
"Ce n'est pas difficile."
"Pour moi, ça l'est.", précisa Aurore, "Quelque chose m'en empêche...Je ne peux pas croire. Il me faut une preuve."
"La preuve est sous tes yeux. Il suffit de les ouvrir.", annonça Claire.
Vraiment ? L'avait-elle fait ? Avait-elle réussi à lui montrer l'invisible ? Il n'y avait qu'une seule manière de le savoir...
Lentement, progressivement, Aurore ouvrit les yeux et plongea son regard dans l'azur de celui de Claire. Ses pupilles dévoraient les siennes.
Le bleu envahit son champ de vision. Un éclair turquoise surgit, la salle entière s'illumina ensuite d'un éclat doré.
Et Aurore perdit connaissance.

VOUS LISEZ
Aura
FantasyElle vous est très certainement invisible, mais comme tout le monde, vous possédez une aura. Vous n'en n'avez pas conscience, mais certains voient briller sa couleur aussi clairement qu'un phare dans la nuit. Vous ne le savez surement pas, mais la c...