Histoire 43

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Comme souvent, Kuroko et Kagami s'étaient retrouvés sur un terrain de basket en plein air, afin d'améliorer leur jeu ensemble. Le soleil tapait fort, et tant l'américain que le passeur dégoulinaient de sueur. Kuroko passa une main lasse sur son front pour l'essuyer, tandis que le plus grand tirait sur le col de son tee-shirt dans l'espoir d'y faire passer un peu d'air. Haletants sous l'effort, ils parcoururent une dernière fois le terrain en se passant le ballon, de façon de plus en plus audacieuse. Arrivés sous le panier, Kuroko demanda grâce et réclama une pause. Courbé, les mains sur les genoux, le garçon prenait de profondes inspiration. Kagami remarqua que son camarade avait du mal à reprendre son souffle, et que ses jambes tremblaient.

-Peuh, lança-t-il, ton endurance ne vaux rien !

Mais même s'il ne l'avouerai jamais, il était soulagé aussi de faire une pause, et il s'empressa de vider au trois quart la bouteille d'eau qu'il avait eu le bon sens d'apporter. Il ne quittait pas son partenaire des yeux, lequel, à présent adossé au banc, n'avait pas l'air des plus en forme. Finalement, le passeur tendit le bras pour récupérer sa propre bouteille d'eau, qu'il but à petites gorgées. Il n'en avala même pas la moitié, et Kagami se fit la réflexion que ça lui correspondait bien : mesuré en tout !

Enfin, en tout cas, le passeur avait repris des couleurs. Ils restèrent là un moment, en silence, contemplant le ciel azur sans éprouver le besoin de parler. Puis, d'un accord commun quoique muet, ils se levèrent, prêt à reprendre l'entraînement. D'un geste habile qui témoignait de sa longue pratique du basket, Kagami récupéra la balle orange au sol et la lança vers son coéquipier, sans même prendre la peine de vérifier la position dudit coéquipier. Qu'importe. Il savait que Kuroko serait là où il le devrait pour la réceptionner. Il continua donc à courir vers le panier et en effet, il vit arriver le ballon vers lui, à toute vitesse. D'une main experte, il mit un dunk et réattérit sur ses pieds, puis il lança un coup d'œil complice à son camarade, un grand sourire aux lèvres. Kuroko lui sourit également, de son petit sourire plus réservé mais franc, les yeux brillants. Il allait dire quelque chose quand soudain ils entendirent une voix familière les appeler :

-Kagamicchi ! Kurokocchi !

Les deux interpellés pivotèrent d'un même mouvement pour voir une grand silhouette longiligne surmontée d'une chevelure blonde comme les blés se précipiter vers eux, suivie d'une seconde personne au gabarit plus modeste et aux sourcils broussailleux.

-Vous ?! S'exclama Kagami avec son tact légendaire.

-Bonjour, Kise-kun, Kasamatsu-kun, les salua Kuroko avec sa politesse coutumière.

Aussi gai que d'ordinaire, Kise se mit à les bombarder de questions de sa voix pépiante :

-Vous faites quoi ? Vous vous entraînez ? T'as développé une nouvelle technique, Kurokocchi ? Ou toi Kagamicchi ?

Aussi blasés que Kasamatsu, qui attendait dans le dos de son as, Kuroko et Kagami accueillirent cette avalanche de questions sans faillir, ou presque. L'américain finit cependant par craquer :

-Comment tu espères qu'on te réponde si tu nous laisse pas en placer une ?!

Kise, coupé dans son élan, eut un sourire un peu penaud puis, tout son entrain retrouvé, il s'écria :

-Hé, on pourrait se faire un petit match ! Un deux-contre-deux, on a le bon nombre de joueurs.

L'air soudain plus enthousiaste, Kasamatsu sourit :

-Oui, on pourrait même échanger de coéquipiers, pour compliquer un peu le jeu. Ça rajouterai du challenge, d'avoir son propre équipier comme adversaire.

Était-il pressé de se débarrasser de Kise, ou pensait-il vraiment ce qu'il disait ? Incapables de trancher, Kuroko et Kagami acceptèrent, assez excités par l'idée au fond. Kise attrapa aussitôt le bras du passeur fantôme pour le prendre dans son équipe, et les deux autres échangèrent un regard, résignés.

Comme de bien entendu, l'équipe des deux anciens membres de la Génération des Miracles l'emporta, bien que la lutte eut été acharnée.

Surexcité et ravi, Kise bondit en direction de Kuroko, dans l'évidente intention de lui sauter au cou, emporté par l'euphorie de la victoire. Mais il n'atteignit jamais son but : A mi-course, il fut arrêté par deux mains fermes. Une, hâlée, appartenait à Kagami qui le saisit par l'écharpe mauve qu'il portait autour du cou, tandis que la deuxième main, plus pâle et plus familière de Kasamatsu, attrapait le bas du dos de son tee-shirt bleu clair. Tous deux avaient l'air assez agacés.

-Laisse Kuroko tranquille, grogna Kagami d'une voix sourde.

-Il faut vraiment que tu perdes cette habitude de prendre les gens dans tes bras comme ça, renchérit Kasamatsu d'un air réprobateur.

Penaud, Kise se tourna vers son aîné :

-Pardon, Kasamatsu-sempai, s'excusa-t-il.

En réponse, le capitaine lui asséna un coup de pied dans le tibia. Mais à en juger par l'expression de Kise, il avait été plutôt doux. Le mannequin lança un sourire éclatant à son coéquipier lequel, manifestement mal à l'aise, décida qu'il était temps de rentrer et tourna les talons pour s'éloigner à grands pas. Après avoir rapidement salué les joueurs de Seirin, Kise lui courut après.

Restés seuls, Kuroko et Kagami se firent la réflexion que tout était plus calme dès que le blond n'était plus dans les parages.

Kuroko jeta un œil en direction de sa lumière, qui faisait distraitement tourner le ballon de basket sur son index, le regard dans le vague.

-Pourquoi as-tu arrêté Kise-kun ? Interrogea le passeur, bien que connaissant déjà la réponse.

Il avait envie de le taquiner. Il adorait voir le dunker perdre sa contenance, rougir et bégayer, et il était certain que sa question aurait ce genre de conséquences. Aussi fut-il surpris quand son camarade fixa ses prunelles sur lui, très calme.

-Tu sais très bien pourquoi. Je vais pas laisser n'importe quel garçon te sauter dessus comme ça.

Contre toute attente, ce fut donc Kuroko qui se sentit finalement rougir, tandis que Kagami récupérait leurs affaires.

Néanmoins, le joueur fantôme ne manqua pas de remarquer que le plus grand paraissait un peu plus rouge que d'ordinaire, et qu'il évitait son regard tout le long du chemin du retour, et il sourit tendrement.

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