Chapitre 1

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Point de vue de Maëlys :

Ils s'avançaient là tous les deux. Comme s'il ne s'était rien passé. Comme si rien n'avait changé. Pitoyable. Elle, avec ses longs cheveux de couleur or arrivant au bas de sa taille fine, trop fine. Ce n'était pas un or resplendissant. Non, une couleur or usée, fourchue, abîmée, souillée. Et ses yeux bleu grisés autrefois si prisés, maintenant éteints par le feu de la vie qu'elle n'avait même pas essayer d'éteindre. Ses lèvres, fines mais pourtant pas inexistantes ornaient sa tête et surmontaient son mètre 79. Ancienne mannequin elle avait perdu le goût de la vie paraît 'il. Ce n'était pas l'impression qu'elle donnait hier au club avec ce garçon beaucoup trop jeune pour elle. Et mon père qui ne bougeait pas et qui niait tout pour me protéger. Moi comme si je ne le savais pas, comme si ce n'était pas moi qui ramenait ma mère de chez ces hommes à la maison quand elle avait trop bu.

Voilà où on en est, mon père, 1m 85, je dois le dire assez beau, brun cheveux courts, ancien militaire, reconverti en architecte travaille dur pour satisfaire sa femme qui ne fait rien à part s'occuper de ma sœur qui a 23 ans et vit toujours chez papa maman. En vérité je crois que c'est elle qu'ils veulent protéger avec tous leurs mensonges et leurs faux semblants. Il faut vraiment être aveugle pour ne pas le voir, il ne se parlent plus et de moins en moins devant ma sœur et ne dorment même plus ensemble. Qu'est ce qui les empêche de divorcer ? C'est devenu tellement courant maintenant, je ne vois pas ce qui peut les ralentir et ce serait beaucoup plus simple. Maman pourrait rester dormir chez ses victimes d'un soir et je n'aurais plus à supporter l'ambiance glaciale. Et en plus ce soir ma famille et moi devons aller voir le conseiller d'orientation, je n'imagine pas le climat qui va régner.

« Maëlys, je crois que tu vas être en retard. »m'interpelle ma sœur.

De quoi elle se mêle elle ? En plus il n'est que 7 heures 50 alors que l'on habite à 5 minutes du lycée à pied et que les cours commencent à 8 heures 10.

« Non j'ai encore le temps Mathilde. » lui donnais-je comme réponse.

« Maëlys je sais que tu es choquée par le comportement de papa et maman mais je t'assure que tout va bien entre eux. »

Mathilde, Mathilde, Mathilde, toujours aussi naïve celle là et ce qu'elle m'agace, si je pouvais je lui dirais de s'en aller d'ici, surtout que papa et maman ne roulent pas sur l'or. Et puis de quel comportement elle parle ? Des éclats de voix qui retentissent chaque soir ? Ou bien du fait que maman ne soit pas rentrée hier soir ? Qu'est ce qu'elle s'imagine encore elle, que je ne vois pas que plus rien ne va ?

« Je crois que tu as raison, je vais y aller. Peut-être à ce soir. »

Après avoir prononcé ces mots, je pris mon sac et sortit, errant dans les rues vides et dans ce froid mois de Janvier. Qu'est ce que je vais faire pendant 30 minutes ? Le lycée n'est pas ouvert, mes amis habitent dans un village perdu et les bars ont fermés il y a à peine une heure. Je m'assois alors sur un banc couvert d'une fine couche blanche de neige. J'ai froid et ai oublié mon écharpe, 7 heures 55 indique ma montre rayée.

Un haut-le-cœur me prend et je faillis vomir en pleine rue. Plus jamais de soirée arrosée la veille de cours. Un rire sarcastique me vint alors, juste à cette pensée. Je ne la tiendrais jamais. Pourtant je ne suis pas le genre de fille qui fume et se drogue. Non, juste l'alcool passe bien avec moi. Oui, on va dire ça comme ça.

8 heures 01. Jamais le temps n'avance ici ou quoi ? Je décide de me lever et vais faire une énième fois le tour du parc ridicule et sans intérêt. Soudain un éclair me traverse l'esprit et me rappelle que j'avais un commentaire composé à faire en français. Et le bac qui approche aussi. Mais pour le commentaire, la seule chose que j'ai et qui s'en approche  est un vulgaire morceau de papier avec, pour titre : "Commentaire n° 3". Le reste n'est que vent.

8 heures 08. Ne pas paniquer. En deux minutes, Internet est mon ami. Oups, 1 minute je veux dire. Là je vais avoir du mal. Je cherche dans ma poche et mon téléphone ne s'y trouve pas. Sur la table. Il est resté sur la table tout à l'heure. Bon, adieu la note et bonjour la retenue.

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Direction la maison,  revenir avec une heure de retenue n'est pas chose facile avec Mathilde en plus de Madame et Monsieur. Elle qui avait été l'élève parfaite fait place maintenant à une élève moyenne qui ne réussira probablement pas dans la vie et finira aux oubliettes de la famille. Fille de Juliette SURT mariée à Gary SURT.

Voir la porte grande ouverte m'a tirée de mes pensées. Je rentrais alors en furie dans la maison en criant tous les prénoms et surnoms des personnes habitant ici.

« Arrête de crier !» me balança mon  père descendant de son bureau. Je lui demandais alors directement pourquoi la porte était grande ouverte et il me dit que maman avait piquée une crise et était partie "faire des courses". Mais oui, des courses. 

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Mon ordinateur ou bien mon meilleur ami. Saw ou bien ma série de films préférée. Rien de meilleur que d'être dans son lit avec un paquet de chips et son ordinateur.

Une notification du lycée ? Je n'ai rien à perdre. Une absence ? Aujourd'hui ? Sûrement une erreur, j'irai voir demain à la vie scolaire. Reprenons le film.



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