Point de vue de Maëlys :
13 heures 26. Je raccroche et pose le téléphone à son endroit habituel. Il faut que je m'assoie. Une chaise. Vite. Ma tête commence à tourner. Je n'en reviens pas. Je ne peux pas y croire. Une sensation inconnue s'empare de moi, une sorte de malaise. Une sensation de tristesse mêlée à une sorte de paralysie. Je suis désemparée. Je ne contrôle plus ce que je fais. Tout me semble sans gravité. Tout ce qui se passe autour de moi est flouté. Je me retrouve seule avec mes pensées. Je m'en veux.
« Mais Maëlys qui a appelé enfin ! Réponds ! » me crie mon père.
« C'est ... » comment leur dire ?
« Parle ! » me crie Mathilde.
Ma tête tourne de plus en plus. Mon souffle s'accélère. Mon cœur bat de plus en plus vite.
« C'était la police. »
« Et ? Qu'est-ce que tu as fait encore ? » me balance Mathilde.
« C'est maman. » lui dis-je. Elle m'énerve. Je me retourne vers elle et la regarde de la façon la plus désagréable que je puisse.
« Qu'est ce qui a ? », en prononçant ces mots papa commence à trembler.
Je sais pourquoi ce malaise que je ressens.
« Elle... elle a été assassinée. » dis-je.
Mon père tombe avec ma sœur sur le sol. Ils commencent à pleurer. Enfin plutôt à gémir. Ils sont plutôt choqués. Et encore je ne leur ai pas dis comment il ou elle l'a tué. Je ne devrais peut-être pas maintenant. Plus tard. Ou peut-être qu'ils vont m'en vouloir si je ne leur dis pas. Je ne sais pas quoi faire. Je suis perdue. S'ils vous plait faîtes-moi un signe.
« Et comment cette ordure l'a ... » m'interroge mon père, sous le choc.
Je pense qu'il vaut mieux leur dire maintenant et je ne veux pas leur cacher.
« C'est compliqué tu sais et je ne suis pas sûre que ce soit le bon moment... »
« Dis-le. » me dis froidement mon père.
Je prends une grande inspiration.
« Elle a été torturée. Elle était attachée dans une machine avec des pics qui la transperçait un peu plus chaque minute. »
Mon père pleura de plus belle et ma sœur cria un son ultra aigu. Mais ce n'est pas ce qui m'importe. Tout en disant ces mots une chose m'a frappée. M'a semblée étrange. C'est ma façon « préférée » de torture dans ma saga de film d'horreur. Au moins elle m'aura honorée dans sa mort. Je sais que c'est vraiment épouvantable de dire ça, mais je remercie son assassin de l'avoir fait comme ça.
Mais pourquoi je pense ça ? Pourquoi je suis comme ça ? Je me sens mal, mal de penser à toutes ses horreurs. Mais le pire c'est que je le pense vraiment. Et je pense que c'est ça qui me dérange vraiment. Je suis en fait une sale égoïste.
Je me lève de ma chaise, doucement, perdue dans mes réflexions. Ils ne font plus attention à moi. Tant mieux. J'essaye d'aller dans ma chambre. Je heurte tous les meubles se trouvant dans le couloir.
Enfin la poignée. Après avoir ouvert la porte, je m'écroule littéralement sur le sol. Je fixe le plafond encore recouvert de nos écritures. Ou plutôt de la sienne.
***
« Maëlys vient j'ai une surprise ! » me cria ma mère.
Je courus alors depuis le salon jusqu'à ma nouvelle chambre. J'aimais ça. Cette sensation. J'avais l'impression de voler entre les meubles et les cartons. D'être enfin chez moi. Que c'était ma place. Découvrir de nouvelles choses, de nouveaux objets à tous les coins de pièce.
Papa et maman nous avaient dit qu'on allait déménager pour pouvoir prendre un nouveau départ. Je savais déjà à l'époque que c'était pour maman. Qu'elle avait déjà gâcher une vie. Elle voulait jouer maintenant à la mère parfaite (soit dit en passant, ce qui a complètement raté).
Je poussais alors la porte avec énergie pour montrer à maman mon diplôme de piano. Un silence s'installa. Je ne compris pas tout de suite, mais quand j'y repense c'est évident. J'aurai dû me douter que tout allait redevenir comme avant. Chasser les habitudes, elles reviennent au galop.
« Et ? Tu attends que je sois fière de toi ? Je le serai quand tu seras reine de beauté. Maintenant vient, monte avec moi, on va signer sur ton plafond. » me dit-elle avec un large sourire.
« Je vais le faire en premier, comme ça tu prendras exemple sur moi, d'accord Maëlys ? »
Plus j'analyse cette scène plus je me rends compte qu'elle me prenait pour une demeurée. Je m'en veux, je m'en veux tellement d'avoir espéré. Je lui en veux tellement de nous avoir fait espérer.
Je la regardais alors faire. Je la fixais prendre tous les crayons de toutes les couleurs. Je me concentrais pour voir comment elle faisait pour bien écrire. Je la regardais. Je l'admirais.
Elle eut fini. Elle est descendue. Moi je sautais partout dans ma nouvelle chambre. Je m'imaginais déjà en haut de l'échelle, hésitant entre deux couleurs. Levant mon bras trop court pour atteindre le plafond. Elle, m'aidant.
Elle m'a regardée. M'a sourie. Est sortie et est partie. Fin de l'histoire.
***
Je sais pourquoi ce malaise que je ressens.
C'est parce que ça ne me fait rien qu'elle soit morte.
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Sens
Mystery / ThrillerMaëlys, 16 ans, fille originaire de Strasbourg. Elle avait une vie sans rien de spécial, une soeur et des parents à la limite du divorce. Tout allait plutôt bien, comme tout les adolescentes de son âge, elle avait des relations tendues avec ses par...