Chapitre 6

12 0 1
                                    

Point de vue de Nathan :

18 heures 40, une alarme me réveille. J'ai loupé l'entrainement de basket, l'entraineur ne va pas laisser passer ça. Je me lève difficilement, les tacos n'étaient sûrement plus très frais. Et peut-être aussi un mauvais mélange avec bière et héroïne. Pourquoi ai-je mis cette alarme au fait ? Je fouille dans mes faibles souvenirs. Pas pour une vente, ni récupérer. La fête de Sarah, c'est vrai. J'aime bien cette fille, elle n'est pas le genre de fille normale. Enfin ça dépend du sens de normal de chacun. On va dire que Sarah est une fille qui ne cherche pas la popularité, qui se fiche de ce que peuvent penser les autres d'elle. C'est ça qui lui a valu sa popularité. Comme on dit, on suit ce qui nous fuit et on fuit ce qui nous suit. C'est pour ça que j'aime aussi ses soirées, je sais que ce qui se passe là-bas reste là-bas et que personne n'est sur son téléphone pour dire qu'ils ont une vie sociale tellement épanouie. Enfin, je vais aller me préparer et aller acheter des pizzas, elle ne va pas tout payer toute seule la pauvre.

------------------------------------------------------------

21 heures 21. Je toque à la porte de Sarah. Quand elle m'ouvre je me rends compte que tout le monde est là à part Maëlys. Elle m'intrigue cette fille. Elle a l'air sage mais je sens bien qu'il y a quelque chose en elle qui veut sortir. C'est étrange ce que je dis. Je vais m'arrêter là.

21 heures 38. Maëlys entre. Elle est belle, vraiment. Et souriante en plus. Je souris à ses salutations et à ses yeux pétillants, prouvant qu'elle est contente d'être ici. Mon regard se porte sur Benjamin. Il la regarde avec un regard que je ne lui avais jamais connu. Ça ne sent pas bon pour elle. Quand il veut une fille dans son lit, aucune ne lui résiste. Pauvre petite, mais bon, cet évènement ne ferait que d'arranger mon plan, alors soit. Benjamin a totalement oublier que Clara est également là. Il regarde avec insistance Maëlys, et il la drague presque. Enfin heureusement pour lui, seule les personnes le connaissant vraiment peuvent le remarquer. Et peut-être Clara aussi.

----------------------------------------------------------------------

La dispute entre Benjamin et Clara était violente, et vu comment Benjamin a répondu il va bientôt casser avec elle. Ce n'est pas bon pour mon plan. Même pas du tout. Il faut que j'arrange leur couple si je veux m'en sortir sain et sauf. J'arrête de penser et boit avec Benji et Maëlys pour passer une bonne soirée au lieu de me prendre la tête avec le futur. On rigole, on parle, on est dans un autre monde. Dans un monde parallèle où on peut s'attacher sans avoir besoins de mettre un nom sur notre relation. Où on ne nous colle pas une étiquette, où on peut rester avec les personnes qu'on veut sans être juger. Un autre monde où les problèmes sont inexistants, où tout le monde a sa place, où personne n'essaye de rabaisser les autres. Et dans ce monde j'aime être avec Benjamin, Maëlys, Sarah et Pierre. Ils sont sympas et je ressens au fond de moi que je peux leurs faire confiance. J'ai envie d'essayer. Devoir ce que ça fait d'avoir de vrais amis. Juste une fois. Pour voir. Après on verra.

4 heures 50. Il ne reste que Benjamin, Sarah et moi. Je ne me sens pas bien. Je pense que je vais rentrer chez moi. Je prie pour que Benjamin ne me demande pas ce que je pense de Maëlys. Alors que je me lève, je le vois qui s'apprête à parler. Raté.

« Nat', il faudrait que je te parle de quelque chose demain. Ça se voit que tu n'es pas bien, je ne vais pas t'embêter avec ça ce soir. »me dit-il.

Pour toute réponse, je le regarde d'un air fatigué et lui sourit avec beaucoup de peine. Je continue ma course vers la porte. Il me semble que plus j'avance vers la sortie, plus elle s'éloigne. C'est inespérément que j'appuie sur la poignée de la lourde porte en bois. En sortant de l'immeuble, l'air frais me redonne un peu d'énergie pour rentrer jusqu'à chez moi. Je marche ou plutôt déambule dans les rues. Je pense à Lucie, à comment elle me regardait ce soir-là. Je pense à ma mère et mon père, comment ils se regardent. Je me demande s'ils vont bien. Je me demande si... un cri me tira de mes pensées. On aurait dit une femme, comme un cri de torture. Un son dérangeant, instaurant presque une sorte de malaise. Un cri qui m'a pétrifié. Et puis plus rien. Il ne se reproduit pas. C'est sûrement mon imagination. Je continue à avancer, mettant mes écouteurs et essayant de ne pas tomber.

5 heures 01. Je n'en peux plus. Mes jambes me font mal, ma tête aussi et pourtant ça fait à peine 5 minutes que je marche. Et j'ai l'impression de ne pas avancer. Je suis encore loin de chez moi. Il faut que je dorme chez quelqu'un. Sinon ce sera le trottoir. Je déverrouille mon téléphone et passe chaque contact en revue. Mes doigts commencent à être bleus. Pierre, il n'habite pas loin et il n'y a que sa sœur chez lui. Je l'appelle donc en lui demandant, gêné de m'héberger pour la nuit. C'est à mon grand soulagement, qu'il me répond favorablement.

5 heures 41, affiche l'horloge de la chambre de Pierre quand je me laisse aller dans les bras de Morphée.

------------------------------------------------------------

10 heures 03. Je me lève, avec un mal de crâne horrible. Je fixe le mur comme s'il y avait quelque chose d'intéressant. Pierre entre à ce moment dans la chambre. Il a un plateau avec de la nourriture dessus. Et ce n'est que quand il s'approche que je vois aussi tous les médicaments présents sur le plateau. Je rigole à leur vue. Il me sourit à son tour et repartit. Je me rallonge sur le lit double. Je crois qu'en fait, j'aime ma vie.

------------------------------------------------------------

17 heures 52. Mon cou me fait mal et j'ai trop chaud sous la couverture. Je me redresse et jette un coup d'œil à la pièce. J'avais oublié, je suis chez Pierre. Je reconnais le plateau de ce matin. Il n'a pas bougé, toujours sur la chaise à côté d'un bureau. Je me lève pour aller manger le croissant et ingérer les médicaments. Alors que je suis en caleçon et de dos à la porte, Pierre entre. Je me sens rougir. Pourquoi je rougis ? Ce questionnement me fait encore plus rougir et par la suite, fais s'accélérer mon pouls. Enfin je suppose que c'est ça.

« Je suis désolé de devoir te dire ça Nathan, mais ... » me dit-il d'un air gêné.

« Ne t'inquiète pas Pierre j'allais partir. »

« Je dois te dire quelque chose Nathan. La police a appelé et... ils t'ont capté. Un gars t'a balancé. »

Un silence s'installa. Glacial.

« Ils veulent que tu ailles au poste Nath'. » me dit-il en mettant sa main sur son cou et en baissant sa tête.

Un frisson me parcourt le corps et un sentiment étrange se manifeste. Il me semble que c'est entre la douleur et la satisfaction. Avec un peu de stress également. Un doute me vint à l'esprit. J'espère qu'ils n'ont pas prévenus mes parents. Sinon, adieu belle maison, adieu bel héritage, adieu mes amis, adieu liberté. Je mets mes habits et pars de chez Pierre. Il faut que je jette tout ce que j'ai à la maison. Tout. Même si ça va me coûter cher, il faut que je jette tout. Il faut aussi que je supprime tout contact avec mes acheteurs pendant un moment. Et que je trouve la pourriture qui m'as dénoncé. Je vais lui faire la peau. Et en plus cette personne va me devoir 1 092 € d'héroïne.



SensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant