Point de vue de Maëlys :
18 heures 56. J'entends une personne crier mon prénom. Je crois que la voix masculine vient d'en bas.
« Quoi ? » criais-je énervée de devoir quitter ma musique.
« A quelle heure a-t-on rendez-vous avec la conseillère ? » me répond tranquillement mon père.
Franchement, je ne sais pas et je ne me souviens même plus avoir été à la vie scolaire pour prendre rendez-vous. Il faut que je trouve une excuse pour gagner du temps
« Attends je regarde sur mon carnet. » répliquais-je.
Je n'ai rien trouvé de mieux, il faut que je fasse vite. Peut-être mon compte sur le site du lycée ? Non, je n'ai pas mes codes. Il faut que je trouve quelque chose. Mon subconscient est un génie ! Mon carnet, mais où est ce que je l'ai mis... C'est alors que je vis dépassé sur mon bureau un petit cahier bleu tout mouillé par la pluie battante de ce matin. Merci. « Rendez-vous avec Mme **** à 20 heures salle F102. »
« 20 heures papa. » criais-je fière de ma petite victoire.
Je n'écoutais pas sa réponse. Je me replongeais dans la douce musique et laissais divaguer mes pensées. D'un coup celles-ci s'arrêtèrent sur maman. Elle n'est toujours pas rentrée. Elle ne viendra pas à ce rendez-vous. Elle ose dire qu'elle s'occupe de moi, qu'elle s'intéresse à moi. Elle préfère aller jouer avec des jeunes hommes, aller se donner un peu de plaisir plutôt que d'être avec ceux qui l'aime. Elle commence vraiment à me dégouter, enfin plutôt à m'exaspérer. Elle fait du mal à tout le monde, à mon père qui n'a rien fait, à ma sœur quand elle va apprendre qu'ils vont divorcer et moi. Je partirai avec papa sans hésitation. Pas question de rester avec cette femme. Qu'elle m'oublie comme elle le fait si bien jusque-là. Je suis sûre que si je lui demande comment s'appelle ma meilleure amie elle ne sait pas.
19 heures 45. Papa ferme la porte. Personne ne parle, ni Mathilde ni moi. Pas à cause de ma retenue, non parce que même si tout le monde sait que maman n'est pas très investie pour moi, jamais elle n'avait loupé une réunion ou autre chose du genre. Là elle vient de prouver qu'elle se fichait de moi, de savoir ce que je faisais ou bien encore ce que je veux faire plus tard. Elle vient de signer sa disparition dans ma vie. Juliette SURT ? Désolé vous devez vous tromper, je ne connais pas cette personne. D'ailleurs je souhaite qu'elle ne rentre jamais à la maison. Elle n'avait qu'à avorter si elle ne voulait pas d'enfants, il fallait qu'elle assume ses enfants, ses deux enfants.
« Tu sais ... » commença mon père.
« Qu'elle ne me parle plus jamais. Elle n'existe plus pour moi. » répondis-je froidement.
Plus personne ne parla le reste du chemin. Je marchais légèrement en avant énervée contre Juliette. Plus jamais je ne l'appellerai « maman ». Elle ne mérite pas ce titre.
Une odeur de cigarette me sort de mes pensées. Nathan qui fume encore et toujours, malgré son niveau scolaire. D'ailleurs vu ses résultats il est sensé savoir que cette pourriture nous détruit de l'intérieur. Qu'est-ce qu'il a à fixer ma bouche ? J'ai mal mis mon rouge à lèvre ? Je ne le connais pas mais je peux vous assurer que je ne le porte pas dans mon cœur.
On raconte à son sujet que l'année dernière il avait dit à ces amis qu'il connaissait depuis la maternelle, qu'il a un appartement à New York et qu'il pouvait les héberger pendant 2 mois pour les vacances. C'est dans l'avion qu'il leur a envoyé à chacun un message pour leur dire qu'il pouvaient aller voir ailleurs et leur dire à tous leurs défauts ainsi que les secrets de toutes les autres personnes du groupe. Quelqu'un a également placardé des affiches en ville avec marquer dessus les secrets les plus honteux de ces personnes (personne ne le soupçonne car il était à Boston pendant les faits). Il peut me regarder comme ça qu'il aille voir ailleurs, en plus je suis sûre qu'il a une soirée de prévue, qu'il s'en aille, ça me fera de l'air en plus.
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22 heures 04. Je vais dans mon lit après avoir mangé. Tout ce que disait la conseillère est passé à la trappe. Personne n'a écouté. Même pas mon père qui pourtant est le premier à tout enregistrer. La seule chose qui nous importait était l'absence de Juliette. Même quand elle n'est pas là elle arrive à capter l'attention. Elle m'a dégouté. Même pas un message pour savoir comment ça s'est passé. Rien aucune trace de vie. Elle doit drôlement bien s'amuser où elle est, je lui souhaite parce que le jour où elle revient ici je peux dire qu'elle va vite regretter ce qu'elle a fait, alors j'espère pour elle que le jeu en valait la chandelle. Je ne sais pas si je dois être en colère ou triste, pleurer, crier ou même rire. Pourquoi rire ? Parce que j'aurais dû savoir que c'était tout ce qu'elle était capable de faire. Partir.
Heureusement une petite bouteille de vodka ne traine pas loin, pour noyer son chagrin, rien de tel. Arrêter de penser et de réfléchir juste quelques instants et planer. Sans drogues bien sûr. A l'ancienne, Juliette aurait pu m'apprendre ça, l'art de boire et de fumer, elle sait. Pardon savait, dans mon esprit elle est morte.
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Sens
Mystery / ThrillerMaëlys, 16 ans, fille originaire de Strasbourg. Elle avait une vie sans rien de spécial, une soeur et des parents à la limite du divorce. Tout allait plutôt bien, comme tout les adolescentes de son âge, elle avait des relations tendues avec ses par...