Chapitre 4

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Je me réveil le lendemain, mon livre à la main. Il était six heures du matin.

Cinq minutes, et mon réveil allait sonner. Je me suis alors levé, ai parcouru le couloir, et j'ai vu ma mère. C'était comme si je ne l'avais pas vu depuis un moment: je voulais lui dire que je l'aimais, mais les mots ne voulaient pas sortir de ma bouche. Comme si mon cœur voulait dire quelque chose mais que ma conscience me rappelait à l'ordre.

J'ai donc savouré mon petit-déjeuner, et ai attrapé le bus en direction de mon lycée. Le premier pas que je fis depuis quelques jours sur le sol étudiant était comme si quelqu'un d'autre le faisait à ma place. J'avais changé.

Je suis allé à ma place à mon cours de littérature, et j'ai travaillé sans penser aux autres. J'avais l'impression d'être dans une bulle protectrice sans que personne pouvait la percer. J'étais dans ma bulle. A la fin du cours je suis allé parler à ma professeure de ce livre que j'avais lu la nuit dernière. Il me restait que quelques pages et j'avais comme une envie de faire la même chose que ces gens dans ce livre. J'avais envie de partir. Alors, elle m'a dit :

« Cela veut dire que tu as appréciais ton livre. » Et tout prenait un sens. Car oui, avant je ne lisais pas pour le plaisir. Et j'avais pris plaisir à lire ce livre. C'était tout bête, mais ça m'avait aidé. Je l'ai remercié et je suis sorti de cours.

Je mangeai à la cafétéria ce midi et j'ai lu, encore ce même livre. Il me passionnait. Je n'ai pas vu le temps passer qu'il était déjà l'heure de reprendre mes cours. Je recommençais avec art. Tout c'était très bien passé, à ma grande surprise de la lettre de la dernière fois et de ma « motivation ».

Nous devions exprimer notre peur en un dessin, une image, une bande dessinée. Nous étions libres de notre choix. Et je me suis alors laissé aller. Ma plus grande peur, j'ai su l'expliquer en dessin. Je croyais que je n'en avais pas jusque là puis d'un coup j'ai eu cette peur d'être seul. Pourtant je l'étais depuis si longtemps. Mais étais-ce cette solitude dont j'avais peur ? Non, c'était bien plus que ça. C'était d'être dépendant de personne, d'être seul sur une île déserte et de devoir survivre, seul. En effet, ce n'est pas de la solitude dont j'avais peur non, c'était de l'indépendance totale. D'être livré à soi-même, j'avais peur de ça. Car jusque là, oui j'étais autonome, je me faisais à manger, mais derrière tout ça il y avait ma mère, et tout les autres, les producteurs, les commerçants, tout ce monde là. J'étais dépendant d'eux et j'avais peur de les perdre.

J'avais découvert une peur, comme ci elle était ancrée en moi et qu'elle était tellement évidente qu'elle était dans mon inconscient, elle était devenu une habitude.

La sonnerie m'a interrompu dans mes pensées, je devais changer de salle. J'ai ainsi suivi le cours de Mathématiques, d'Histoire Géographie puis il me restait un dernier cours : English ! J'étais tellement mauvais mais j'aimais tellement ce professeur que je n'appréhendais pas ce cours là, non je l'attendais.

Il nous a fait cours, comme chaque fois. Aujourd'hui c'était la journée de la peur, ainsi chaque professeur nous fit un cours sur ce sentiment, cette émotion quelque peu difficile à définir. La peur touche toutes les matières et tout le monde. C'est ça qui est intéressant. En Anglais nous avons décrit notre peur, but in English, so, I'm very bad... Déjà qu'expliquer ma peur en français était presque impossible, en anglais ça l'était encore moins. Et j'ai décidé de procéder autrement, j'ai pensé en anglais, comme la dernière fois. And I think, I'm afraid about a thing difficult to say. I'm afraid about be, like in island, just me... Et de là, j'ai réellement pensé en Anglais. Et même si ce n'était pas toujours juste, j'avais réussi. C'était comme avoir franchi un cap. C'était incroyable, cette sensation d'être anglais, américain, canadien, australien, tout ce que vous voulez mais en tout cas penser en anglais c'est, c'est juste magnifique. Et je savais que j'avais encore beaucoup trop de trajet pour être bilingue, mais j'étais heureux.

A la fin du cours, le professeur m'a interpellé :

« Alors comme ça tu as peur de la solitude ?, m'interrogea-t-il avec son accent américain.

-Non, non, j'ai plutôt peur de l'indépendance.

-Hum hum, et tu sais qu'il y a un voyage au Etats-Unis pour s'améliorer.

-Oui, oui, mais je...

-Tu pourrais devenir bilingue, et penser réellement comme un vrai AMERICAN GUY, me coupa-t-il.

-Oui je sais mais je pense que je n'ai pas le niveau, et que je n'en ai pas les capacités et que...

-NON, je ne suis pas d'accord avec toi : tu n'as pas le niveau ça c'est sur, mais les tests se passent dans trois mois. Et tu as comment dirai-je, les capacités j'en suis certain gamin ! Vas-y, fonce, tu n'as qu'une vie, ça pourrait être une expérience formidable !

-Oui, merci monsieur mais je ne pense pas, je n'ai pas les moyens et je dois aller en cours maintenant.

-Il y a des bourses et puis.... »

Je n'ai pas entendu la suite, j'étais sorti de la salle de classe.

Je suis parti. Je me suis posé sur un banc dans la cour de récréation, et j'ai attendu. La sonnerie avait retenti mais j'étais resté sur le banc. J'avais vraiment tout foiré ! J'avais laissé ma famille en plan, ma mère, ma sœur. J'étais incapable de me sentir heureux pour elle. Pourtant je le voulais. Et puis j'étais vraiment bête d'être parti comme ça à l'improviste. Qu'est ce qui m'a prit ? Après tout ma vie c'est de la merde. Je n'ai pas réussi. A devenir adulte. Je suis un pauvre ado, sans cœur. Et pourtant j'avais cette envie de partir mais de rester en vie. Juste pour pouvoir rêver. Juste pour m'imaginer avec un sac à dos et, seulement ça, loin. Ou devenir médecin, ou chirurgien, à Seattle, comme dans Grey's Anatomy. Je regardais trop de film. Il fallait réellement que j'arrête. Je fais que ça rêver : dans un sens c'est bien, j'avais des rêves ! Mais d'un autre côté, je me sentais minable, un bon à rien.

Je me suis donc levé, avec un objectif en tête : faire quelque chose de ma vie. Cela m'était venu comme ça, en quelques heures. Je ne savais pas encore quoi faire de ma vie, mais j'allais chercher...

Après les cours, le soir, je suis allé sur Internet. J'ai regardé les différents métiers, ce qu'il fallait faire... Et je suis resté toute la nuit sur mon ordinateur, tel que je me suis endormi assis, sur mon fauteuil avec l'ordi sur mes jambes à deux doigts de tomber.

Je n'avais pas trouvé grand-chose. Je voulais quelque chose de bien, de grand. Avec de grandes études. Mais une des seules choses qui m'intéressait c'était devenir photographe Reporter. Et bien que ce soit un métier avec seulement comme besoin un sac à dos et un appareil photo, c'était trop risquer. Et puis les débouchés étaient vraiment trop peu nombreux. C'est vrai, je n'avais pas de chance de réussir. Et même si je réussissais, ce ne serait pas une réussite. Ce serait un échec, l'échec de ma vie, car ce n'est pas un métier approprié.

Je suis donc parti de ma maison avec comme seule motivation : un échec. Alors oui, c'est pour ça que je n'étais pas vraiment très très motivé. 

Elliot and nobodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant