chapitre 12

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On était donc en plein milieu de la ville, en sueurs. On ne savait pas vraiment ce qu'on allait faire, où allions-nous aller. On était perdu, là. Et j'aimais cette sensation. Perdu avec la fille qui me fascinait. Malheureusement beaucoup de personnes étaient autours, et je n'étais pas vraiment confiant dans tout ça, dans cette société. Je sentais les regards jugeurs, les chuchotements, les rires moqueurs. Après tout, tout le monde juge, non ? C'est fou parce que je n'aime pas juger. Seulement je le garde pour moi, ou alors j'accepte.

J'ai proposé à Eden de partir au centre commercial. Je devais m'acheter quelques affaires de boxe.

Elle n'avait pas d'argent, alors je lui ai proposé de lui payer le bus. Elle refusa.

On a donc marché, marché, marché... Elle ne m'avait rien raconté d'elle, j'avais juste répondu à ses questions, puis on avait finis avec une conversation sur le monde, la vie. Enfin, toutes ces questions auxquelles personnes ne peut concrètement répondre. Le temps passait, sans pour autant que cela me gêne. Enfin, on avait quand même marché trois heures. Le magasin fermait à dix-neuf heures; il était dix-huit heures quarante-six.

Je me suis donc précipité dans le magasin, je ne connaissais pas trop les rayons. J'ai donc cherché, cherché, sous le regard moqueur d'Eden qui me suppliait d'aller demander un vendeur pour faciliter la tache. Or, j'étais têtu, et je voulais faire de moi même. C'était con, parce que juste le temps de voir qu'il n'y avait strictement rien pour moi, tous les magasins du centre allaient fermés. Et Eden devait partir. Elle avait reçu un message et semblait confuse.

"Ça va ? , lui demandai-je

-oui, euh, ma mère, m'a demandé de rentrer, je suis désolée je dois y aller. "

Je n'avais pas vraiment compris, je savais que ce n'était pas sa mère, mais je l'ai laissé partir. J'avais passé une de mes meilleures journées. J'avais presque oublié que j'avais totalement séché les cours. J'avais juste tout oublié, et apprécié. C'était comme si après tous ce que je ressentais, on m'avait donné une nouvelle chance d'être heureux. Je demandais pas de comprendre, juste que tout ça recommence. En mieux, en différent. Sensationnel, je veux revivre ces sentiments. Je ne veux jamais oublié comme une journée de semaine, si simple, puisse devenir quelque chose d'exceptionnel, parce que j'avais cassé cette routine. Et Eden, mon dieu. Elle était là mais je ne comprenais pas comment cette personne pouvait traîner avec moi.

J'allais rentré quand je l'aperçu, de loin. Elle tourna sa tête, et repartie. Comme si de rien n'était. France était là. Et je devais la suivre, lui dire merci. Ou même passer quelques minutes avec elle, lui être redevable de ce qu'elle avait fait pour moi.

Je la poursuivi, en essayant d'être discret. Il commençait à faire nuit. La ville s'illuminait, les reflets dans les vitrines des magasins. La douceurs du vent contre mes joues.

Je me cachais, je courrais, comme dans un film. Je passais dans certaines rues inconnues dans ma ville. Elle tournait sa tête quelques fois comme pour vérifier que personne ne la suivait; peut-être sentait-elle ma présence poursuivre son être.

Une rue, étroite, sombre. Le raisonnement lointain des moteurs des voitures, de quelques discussions. Outre cet écho, rien. Un tel silence me pétrifiait de peur, mais je voulais savoir où allait France. Et elle arriva devant cette porte, chuchota un mot de passe peut-être, à une grande personne. Je n'arrivais pas à discerner le visage du "garde". Elle rentra. J'étais seul, loin. Je ne savais pas où allait. C'était peut-être un réseau malsain de dealer, de prostitutions ou je ne sais quoi. Je n'en savais rien. Soit je me prenais en main, j'allais frapper à cette porte pour avoir des réponses, soit je me dégonflais. Soit je prends des risques, soit je reste dans ma petite bulle. Soit je m'ouvrais à une aventure, soit je fuyais. Soit j'actionnais la pédale pour

"Une pièce s'il te plait petit ? , me demanda un vieillard, sale, un peu bourré.

-Ah, euh bien sûr" Je cherchais alors une pièce dans mon sac, mais rien.

-Excusez-moi, j'ai " lorsque je releva la tête, le vieillard était partis. À sa place cinq hommes, grands, baraqués. Ils avaient des armes de tous genre. Je savais que j'étais foutu. J'espérais voir France sortir de cette porte et me sauver, comme elle l'avait entre autre fait la dernière fois pour moi. J'avais encore une opportunité, fuir.

J'ai fuis, du mauvais côté. J'ai toqué à cette porte. Lui était debout. Il m'avait vu, quelques mili-secondes avant qu'ils me prennent, qu'ils me capturent, qu'ils me battent.

Et il n'avait pas bougé, même sous le regard suppliant que je lui lançais.

Lui, c'était grand front. Et au loin, France était assise sur un vieux divan délabré. Évidemment qu'elle m'entendait, elle savait probablement que je la suivais depuis le début. Peut-être m'avait-elle amené là. Dans quels buts ? Pour gagner de l'argent ? Pour me donner à ce jeune homme ? Pourquoi me voudrait-il ? Pour Eden ?

À peine le temps de me poser quelques questions et je ressentis les coups. Foudroyants, le sang qui coule. Une envie de vomir, une douleur omniprésente. Sur tout mon corps, plus aucuns repères. Mon ventre, ma bouche, mes bras, mes jambes étaient décapités, de l'intérieur et de l'extérieur. Comme si quelque chose m'avait broyé. J'étais brûlé.

Puis tout devint presque apaisant, comme si mon corps était devenu anesthésié. Je ne pouvais plus bouger; j'endurais sans plus rien ressentir. Je voyais ces gens acharnés, ou je les apercevais. Ces mains ensanglantées, ces personnes qui portaient la rage sur leurs visages, comme si ils se vengeaient contre leurs propres peurs. Ma vue était brouillé, je ne pouvais désormais seulement entendre quelques bribes de cris. Je ne pouvais distinguer, mais c'était une voix familière, qui suppliait d'arrêter ce carnage. Avant de tomber dans un sommeil profond. 

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 31, 2017 ⏰

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Elliot and nobodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant