7 - Maman j'ai un ami lézard...

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De retour chez moi, il fallait absolument que je trouve le moyen de faire rentrer Anitpoutititi dans ma demeure. Sérieusement, j'avais aucune idée comment j'allais pouvoir faire pour qu'il passe inaperçu toute la soirée. Je ne pouvais pas tout raconter à ma mère, car elle allait sûrement m'empêcher de le fréquenter et me couper l'accès à l'ordinateur pour que je ne puisse pas aller sur le site scientifique. Je retombai sur mon lit, épuisée de cette longue journée et désespérée de ne pas trouver d'idées. Ma mère choisit ce moment exact pour rentrer dans ma chambre. Elle portait une robe noire courte et un petit veston chic par-dessus. Ses cheveux roux étaient rattachés dans un chignon professionnel. Contrairement à son habitude, elle était maquillée et elle portait des bijoux. La voir dans cette allure me surprit étrangement. Avant même que je puisse lui demander la raison de son look, elle commença à m'annoncer quelque chose:

- Éléonore, je ne veux surtout pas que tu te fâche, mais...

- Non, vas-y allez j'écoute, de toute façon quand tu prononce mon nom complet c'est toujours important, la coupai-je

- Je me suis inscrite sur une site de rencontre, et comment dire... j'ai un rendez-vous ce soir, continua-t-elle.

- Et comment s'appelle-t-il? lui demandai-je en essayant de rester neutre face à sa nouvelle.

- Samuel Béland, me répondit-elle

Non, j'espérais que ce n'était pas ce que je pensais. Elle ne pouvait quand même pas tomber amoureuse d'un vieillard comme mon nouveau prof de français! Si il fallait que cela soit lui, je serais en grand danger. Habiter dans la même maison que la personne qui me détestait le plus au monde, il y avait sûrement rien de pire. Ma mère, remarquant que je ne lui répondait plus, me demanda:

- Quel est le problème avec son nom, Éléonore?

- Rien, c'est juste que ça ressemble un peu à Bélanger, ce serait un peu étrange, non? Et tu es sûre que ce n'est pas un malfaiteur? On entend pleins d'histoire à propos des faux comptes sur les sites de rencontre, demandai-je, essayant d'éviter le pire.

- Oh là franchement Élé, il va falloir que tu grandisse! Je sais que tu as de la difficulté à oublier ton père, mais tu dois accepter que je refasse ma vie après toutes ces années! se fâcha-t-elle

Elle ne comprenait vraiment rien! Mon père, je ne l'avais presque pas connu. Il était mort quand j'avais l'âge de 3 ans, ce qui faisait que je n'avais pas beaucoup de souvenirs de lui. Depuis longtemps que je rêvait que ma mère ait enfin un autre mari. Sauf que s'il fallait que cela soit mon prof de français, je ne survivrais pas. Le problème, c'était que je ne pouvais pas raconter ça à ma mère.

Plus j'y pense, peut-être que ce ne serait pas mon enseignant, seulement quelqu'un qui avait le même nom de famille que lui. Finalement, peut-être que le rendez-vous était une bonne idée, car je pourrais faire rentrer Antipoutititi sans problèmes. Et si il fallait que cela soit mon prof, j'arriverais peut-être à ne pas le faire tomber en amour avec ma mère. Un seul petit rendez-vous ne pourrait pas faire de mal.

- Éléonore, tu m'écoutes, oui ou non? dit ma mère, impatientée

- Oui, oui, désolé, j'étais dans mes pensées...

- Alors je suis désolée, mais il va falloir que tu accepte que je refasse ma vie, je m'en vais immédiatement à mon rendez-vous, continua-t-elle.

- Mais oui, vas-y maman, tu le mérites bien, je suis contente pour toi, la rassurai-je.

- Oh merci ma chérie! s'exclama-t-elle avant de me donner un bisou et de quitter la pièce.

Enfin, j'avais trouvé le moyen de faire rentrer mon voisin dans ma maison et plus que ça, nous avions toute la soirée pour faire des recherches sur notre mystérieux professeur. D'ailleurs, si je voulais commencer bientôt, il fallait que j'appelle Antipoutititi. J'allais composer son numéro de téléphone, quand je réalisai que je n'avais aucune idée de ce que c'était. Il m'avait dit qu'on se verrait ce soir, mais sans me laisser un moyen de le contacter. Je réfléchissais à comment j'allais le joindre quand je me rappelai enfin qu'il était mon nouveau voisin. Comme j'étais stupide parfois! Je me dépêchai d'aller cogner à sa porte pour que l'on puisse commencer plus vite. J'observai le devant de sa maison, des plantes grimpantes montaient très haut sur la demeure, comme si elle n'était pas bien entretenue. Mes anciens voisins n'avaient pas le sens de la décoration, ils préféraient laisser les plantes pour donner une sorte d'intimité. D'ailleurs, quand nous avions fait des rénovations sur notre maison, ils étaient partis en voyage "obligé" pour ne pas endurer le bruit. Après ils venaient chialer pour qu'on leur rembourse en disant que c'était par notre faute qu'ils étaient partis.

ParallèlementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant