Jamais en paix

Chapitre 2

Ce n'est que vers 17h30 que je rejoignis mes collègues pour le briefing de la quotidienne mais aussi du prime. Tout le monde était déjà là, assis sur les fauteuils des loges, à écouter attentivement le patron.

- Bon les gars, l'émission va finir plus tôt ce soir, faut qu'on arrive à caser un max de choses, au pire Camille, tu feras ta chronique pendant le prime c'est pas grave. Donc je veux du débat à fond, vous dites ce que vous pensez, mais n'oubliez pas de vous éclater ! C'est clair les chéris ?

Les consignes de Cyril étaient claires. Il restait du temps avant l'émission. Je discutais avec Valérie et Erika, Cyril essayait de choper les cacahuètes que Matthieu lui lançait au loin tandis que Gilles, Thierry et Jean Michel se montraient on ne sait quel genre de photos sur leurs téléphones.

Toute l'équipe se dirigea tranquillement vers le hall, il ne restait qu'un quart d'heure avant la prise d'antenne. J'en profita pour sortir devant le bâtiment pour fumer, accompagné de Julien, Erika et Matthieu.

Matthieu et Julien se mirent à discuter sport avec Estelle Denis. N'étant pas vraiment calé dans ce domaine, je m'éloigna, d'abord pour prendre des photos avec les gens qui attendaient devant mais aussi pour discuter avec Erika.

- Je reste pas au prime, c'est dommage j'aurais aimé être là pour le premier de la saison.

- Ah ouais merde, ça te dérangerait de rester après le prime, faut que je te parle en fait... ou alors on se retrouve dans un bar comme tu veux.

- Ah pas de soucis, j'espère que c'est pas trop grave. Me répondit-elle, avec son petit rire niais qui m'exaspérait de jour en jour. Tiens tu me passes ta clope, j'en ai plus.

Je lui tendis ma cigarette sans réfléchir, histoire qu'elle me fiche un peu la paix. Il restait quelques secondes avant le début du coming next, nous nous dépêchions alors de rentrer dans l'immeuble.

- Alors Bertrand, ça avance avec Erika ? S'écria un homme au loin

Je me retourna directement, de même pour Erika. Un peu gêné, je pris ça tout de même à la rigolade et continua mon chemin vers le hall.

Bon ça va j'ai pas trop morfler pendant le prime. Contrairement à Camille, heureusement ce soir je ne vais pas chez lui... Mais plutôt retrouver Erika, ce qui m'enchante moyennement, vu ce que j'ai à lui dire. Je sortis vers 00h30 de D8, le debrief avait pris du temps après le prime et le temps de m'enlever les quelques résidus de peinture ? Yaourt ? Enfin bref, je ne sais quel liquide blanc épais qui traînait encore dans mes cheveux après la superbe blague de Cyril en début de prime. Après avoir pris les dernières photos avec les gens qui m'attendaient devant, je jeta un coup d'œil à mon téléphone, mais la lumière m'aveugla surtout après les multiples flashs que je venais de me prendre dans la tête après toutes les photos que je venais de faire.

De :Erika

*Je suis au bar au coin de ta rue, je t'attends, tarde pas trop, la babysitter reste jusqu'à 2h*

Pas besoin de courir pour prendre le métro,comme après chaque prime, Cyril avait réservé un taxi pour me raccompagner. Après être passés devant l'Arc de Triomphe et autres monuments mythiques, le chauffeur me déposa devant mon immeuble. La musique était à fond, l'ambiance au top,comme à chaque fois que je passais devant ce bar pour rentrer chez moi. Je rentra, sans trop faire attention aux hommes qui, je pense,étaient déjà à leur énième verre de whisky, c'est au fond du bar, à l'abri des regards, que je trouva Erika, en train de siroter un mojito.

- Ah bah quand même, j'ai cru ne jamais te voir venir ! Tu m'as manqué tu sais...

- Désolé j'ai discuté avec un gars de la prod' à la sortie, j'ai pas vu l'heure.

- Bon alors qu'est ce que tu avais à me dire. Ca fait des heures que je m'impatiente, j'espère que c'est pas pour une connerie.

- Oui donc voilà, ça fait quelques semaines qu'on est ensemble, tu trompes ton mari. Ca m'enchante moyen tu sais...

- Oh Bertrand t'es mignon... Mais Bachar est jamais là, il me faut bien une petite compagnie.

Elle me regarda du haut de ses grands yeux marrons et posa sa tête contre mon épaule. Je me recula lègerement sur mon siège.

- Erika... Je t'aime beaucoup tu le sais mais y a quelque chose que je ne t'ai pas dis...

- Oh mais on a encore tout le temps d'apprendre l'un de l'autre tu ne crois pas. Je me doute bien que tu ne m'as pas encore tout dis de toi mon petit Chameroy...

Elle posa son index sur ma bouche, comme pour me dire de me taire, mais je ne pouvais pas continuer de lui mentir indéfiniment, j'aimais trop Camille pour ça et ses manières m'insupportaient davantage de jour en jour.

- Erika. Je suis en couple, depuis 3 ans. Désolé de te le dire comme ça mais je n'ai pas pour habitude d'être un mytho.

- C'est une blague ? T'es avec une meuf depuis 3 ans et tu me dis rien ?

- C'est pas une meuf... C'est Camille.

Après un lourd silence malgré le son de la musique qui résonnait dans le bar, Erika se leva, sans dire un motet quitta le bar. Je me retrouva comme un con, au cœur de ce bar, où les odeurs d'alcool et de transpiration se mêlaient. Ecoeuré, je quitta à mon tour le bar pour rejoindre mon appartement quelques mètres plus loin.

Mes clefs posées sur le rebord du buffet et mon manteau jeté à l'aveugle sur la chaise du couloir, je me jeta dans le canapé, exténué par cette journée qui n'avait été en aucun cas reposante. Allongé, fermant peu à peu les yeux, entre réflexion et fatigue, je pensa à Camille, qui devait à l'heure actuelle, essayer de ranger son appartement après la venue de la Compagnie créole et d'autres énergumènes, à Erika qui devait penser que je n'étais qu'un con et à Cyril, me demandant ce qu'il pouvait bien penser de moi. Vers 3h du matin, je parti me coucher mais je jeta un coup d'œil à mon téléphone qui était resté dans la poche de mon manteau.

*569 notifications, 4 messages, 2 appels manqués*

De :Maman

*Nan mais faut pas qu'ils rentrent chez Camille je suis pas d'accord le pauvre*

Tellement mignonne envers Camille... même sans savoir que j'étais avec depuis plusieurs années, j'avais l'impression qu'elle le savait malgré tout...

De :Cyril

*Bravo pour le prime Bertrand, on se voit lundi, bisous mon chéri.*

Ce message m'apaisa quelque peu, j'étais fier que Cyril m'envoie un message pour me féliciter, il l'avait sans doute fait pour toute l'équipe, mais ce genre de message me redonnait toujours un peu confiance en moi.

De : Camille

*J'ai retrouvé une guitare de la Compagnie Créole dans mon salon mdrrrrrrrr. Tu me manques, j'aurais aimé que tu viennes à la maison après le prime. Bisous mon Cham, je t'aime.On se voit ce week end j'espère.*

Quel amour... Et dire que ... oh non je ne peux plus y penser là, quel con j'ai été. Il me restait un message non lu. Et l'émetteur de ce dernier me surpris, mais beaucoup moins que le message en lui même.

De : Erika

*Tu n'as pas fini d'entre parler de moi Bertrand.*

Qu'est ce que cela voulait dire ? Un tas de questions s'entrechoquèrent dans ma tête bien que je dû me rasseoir, quelque peu étourdi.