Chapitre 3

156 11 1
                                    

Deux semaines se passèrent, Camille était redevenu romantique et m'emmenait de temps en temps au restaurant le week-end ou nous partions dès que l'occasion se présentait à Nice,pour profiter du soleil de mon enfance et échapper au ciel gris et pollué de la capitale.

J'évitais Erika, dans les couloirs, les loges ou sur le plateau, je ne faisais plus attention à elle et j'étais de plus en plus agacé des remarques des collègues ou de Cyril sur notre éventuelle « relation ». Mais je ne faisais rien savoir et je souriais comme un con. Manquerait plus que les autres se posent des questions... Depuis son message, pas de signes apparents de vengeance de la part d'Erika, elle avait sans doute renoncer à se comporter telle une gamine, qui n'accepte pas de se faire rejeter.

Fin d'émission, fin de semaine. J'étais heureux de ma chronique, Michel Drucker, le King du PAF avait l'air de l'avoir appréciée et avait été très gentil avec moi.J'attendais Camille derrière D8, le temps qu'il aille chercher la voiture au parking. J'étais dans l'ombre des arbres, pour pas qu'on me repère. J'aimais cette sorte de jeu que l'on avait avec Camille,une sorte d'amour secret, de jeu d'espions, toujours rester discrets pour ne pas que les autres nous voient. Son 4x4 noir remonta la pente du parking et je monta coté passager. Camille avait l'air pensif, un peu énervé ou triste, je ne savais pas trop. Je l'embrassa sur la joue et il redémarra la voiture, en direction de l'appartement.

- Ça va Camille ? T'as l'air bizarre.

- Hmm ? Hein, non rien ça va, je suis fatigué c'est tout.

- T'es sur ? Tu peux tout me dire. C'est Cyril ? Il t'a fait une réflexion ?

- Mais non je te dis, Bertrand tu fais chier, je te dis que ça va !

- Eh ho tu vas te calmer, c'est pas parce que t'a «peut être» passé une journée de merde qu'il faut te venger sur moi.

Il ne me répondit pas et resta les yeux fixés à la route parisienne et moi vers les immeubles, illuminés par les lampadaires atypiques des vieux quartiers de Paris. Camille enfonça la clef dans sa grande porte en chêne. En y repensant c'est vrai qu'on dirait une porte de chalet. Je me mis à sourire naïvement. Camille posa son sac et son manteau sur le canapé rouge du salon et se dirigea directement dans la salle de bain pour se démaquiller. Quant à moi, je m'allongea de tout mon long sur le canapé. Je n'aurais jamais cru dire ça mais Groucho manquait à mes genoux. Mais garde alternée oblige, il était chez Stéphanie. Il était 21h30, j'alluma la télé et mis D8, et oui, je suis fair-play avec les collègues, je regarde donc l'émission de ma copine Enora. Camille me rejoignit et se mit dans mes bras, à la limite de s'endormir. Mais je sentais que quelques chose n'allait vraiment pas, mais pour ne pas envenimer les choses, je me tus et regarda le reportage sur Morandini! où je faisais une courte apparition.

- Bertrand ?

- Mmm ?

- Tu penses quoi des nouveaux chroniqueurs ? Matthieu, Eric, Angela, Erika, tout ça...

- Bah Matthieu est sympa mais un peu concon sur les bords, Angela est super gentille bien qu'on comprend pas trop ce qu'elle dit.

Ma petite blague fit rire Camille.

- Après Eric, j'avoue je suis pas fan, tu trouves pas qu'il me copie le vendredi ? C'est chaud quand même... même les fans le disent...

- Ouais peut être, et Erika ?

- Bah elle est gentille. Pourquoi ces questions ?

- Tu m'as déjà trompé ?

Je me releva d'un coup, me mettant face à Camille.

- Oh c'est quoi c'est un interrogatoire de police que tu me fais là ? Depuis tout à l'heure tu me fais la gueule et tu décroches pas un mot et là ça y est Monsieur se transforme en Columbo ?

- Te fous pas de moi Bertrand, j'ai bien vu ton petit jeu là tout à l'heure !

- Mais c'est quoi cette blague ? De quoi tu parles au juste, essayes d'être clair, j'ai pas la force de jouer aux énigmes du Père Fouras là.

Camille se saisit de son iPhone et me montra une vidéo.

- Oui, les chroniqueurs qui dansent avec Michel Drucker, aux dernières nouvelles j'étais sur le plateau, je me rappelle ce que j'ai vu y a une heure quand même Camille.

- Y a rien qui te perturbe ?

- Bah non, de la danse dans TPMP, c'est pas vraiment une nouveauté.

Il me remontra le moment où Erika et Enora dansaient langoureusement autour de Michel Drucker.

- Et là, toujours rien ? T'as pas l'impression de traîner une gueule pas possible ? Il se passe quoi avec elles ? Enora c'est une de tes meilleures amies, alors un problème avec Erika peut être ?

Je compris de quoi il voulait parler. Pendant sa danse, Erika n'avait cesser de me jeter des regards noirs, me mettant totalement mal à l'aise, bien que ne voulant pas le montrer.Elle voulait me rendre jalouse ou bien mal à l'aise, je le sais bien et elle avait réussi son coup.

- Camille... c'est pas ce que tu crois... c'est Erika elle...

- Vous avez couché ensemble c'est ça ? Tu m'as trompé avec cette pute là ?

Ses cris résonnaient dans l'appartement mais aussi dans mon cœur. Quel con mais quel con... J'avais fais la pire connerie de ma vie.

- C'est elle qui a insisté. Elle arrêtait pas de me chauffer, tu me regardais plus, tu m'ignorais tout le temps, j'ai succombé, mais je l'aimais pas je te jure Camille, crois moi. Je l'ai lâché y a deux semaines parce que je supportais pas de te mentir. Elle a pas supporté elle a dit qu'elle me ferait vivre un enfer. Crois moi Camille s'il te plaît.

- Tu sors de chez moi Bertrand.

A la vue du visage rouge de Camille, au bord de l'implosion, je n'essaya pas de m'imposer. Je le laissa seul et quitta l'appartement sans demander mon reste. Les rues étaient désertes. Je n'avais plus qu'à errer jusqu'à chez moi. J'étais dépité, libéré d'un poids bien sûr, mais je n'osais même pas imaginer l'état dans lequel j'avais laissé Camille. 

Jamais en paixWhere stories live. Discover now