Chapitre 6 - Une piste ?

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« How dare you say that my behavior is unacceptable
So condescending unnecessarily critical
I have the tendency of getting very physical
So watch your step 'cause if I do you'll need a miracle

You..

Les cils encore à moitié collés entre eux, je stoppai Adam Levine dans son élan et assommai presque mon téléphone de ma main pataude. Ma fatigue l'ayant remporté la veille, j'avais complètement oublié de désactiver mon alarme ; et me voilà réveillée à huit heures du matin. J'avais beau être une addicte du sommeil, une fois que mon cerveau se connectait à la réalité il m'était quasiment impossible de retourner dans le pays des rêves.

Je baillai à m'en décrocher la mâchoire et me malaxai le front, descendant sur l'arrête de mon nez, puis finis de faire glisser mes doigts pour pincer légèrement mes narines. Je m'étirai de tout mon long jusqu'à l'extrémité de mes pointes de pied avant de soupirer et de frotter mes yeux pour enlever les grains qu'avaient semé le marchand de sable. Je passai une dernière fois une main lasse sur mon visage après m'être doucement assise en tailleur.

Réveil difficile ? Si peu.

Installée sur le trône, je m'esclaffai devant quelques images amusantes des pages que j'aimais sur Facebook. Je fus interrompue dans mon hilarité par l'apparition d'un message dans une petite fenêtre dans le coin gauche de mon écran.

De No, à 08:19

Ok.

J'expirai de soulagement. Ce n'étaient que deux lettres, ce n'était qu'un mot, mais elles assuraient le fait que je le reverrai. Et également qu'il était debout tôt, et donc qu'il allait travailler. Qu'il se reprenait en main. 

Logiquement.

Après un rapide détour dans la salle de bain je m'enfilai quatre tartines de pâte de spéculoos crunchy et avalai le contenu d'une tasse de café, puis répondis à Noah que j'attendrai qu'il finisse son travail pour le rejoindre s'il le désirait.

Finalement je finis tard jusqu'à dimanche au moins. Soit tu y vas seule, soit tu attends la fin de la semaine prochaine. Si tu tiens à ce point à ce que je t'accompagne.

J'eus un haut le cœur en lisant ce court texte ; il n'était pas froid, il était glacial. Mes doigts murent d'eux-même sur le clavier.

Oublie. Je vais me débrouiller.

Mon soulagement matinal s'était brutalement transformé en une profonde déception. J'enfilai des vêtements chauds et sortis sous les rayons du soleil qui contrastaient agréablement avec la morsure du froid.

Il l'avait fait exprès, je le savais. De me donner un faux espoir. Comme une sorte de leçon. Cela me blessait, ça aussi il le savait.

Les rues étaient quasiment désertes en cette douce matinée, en j'en conclus que le monde habituel était parti profiter du temps clair dans les parcs ou les points de vue voisins.

Le trajet jusqu'au local de la DDASS fut tranquille, jusqu'à ce que je n'arrive devant l'enseigne, où était écrit Agence Régionale de Santé à la place de l'ancienne abréviation. J'avais dû manquer ce changement de dénomination lors de la politique de notre cher Sarkozy et j'osai espérer que leur rôle était identique, et surtout qu'ils avaient conservé leurs plus vieux dossiers. Préparée -ou presque- à ce que j'allais peut-être découvrir en entrant, je poussai la porte.

Deux personnes discutaient entre elles à l'accueil en pointant quelque chose du doigt sur l'ordinateur avec sérieux. Lorsque le plus âgé des deux remarqua mon entrée en posant les yeux sur moi, il se décala d'un pas et me sourit. J'avançai vers lui d'un pas décidé.

« Bonjour, je viens pour un renseignement.

— Bonjour mademoiselle, à quel propos ?

— J'étais à la charge de la DDASS il y a de ça un bon nombre d'années maintenant. Et je voulais savoir s'il était possible de se renseigner quant à la personne qui m'a.. déposée ici.

— Veuillez patienter. Votre nom ? »

Il saisit la souris lorsque je le lui donnai et se retrouva à en quelques clics à parcourir une immense liste.

Était-il étrange que j'entamasse ce genre recherche à 21 ans alors que j'en avais toujours eu l'occasion auparavant ?

« Ah vous êtes là, me dit-il soudain en relevant ses yeux bleus sur moi, mais votre dossier est classé confidentiel.

— Comment ça, confidentiel ?

— La personne qui vous à confié au service de l'enfance n'a pas souhaité que l'on communique à qui que ce soit ces données.. L'accès vous n'est donc pas autorisé.

— Mais, vous ne pouvez rien me dire de plus ? Ni un nom, ni une adresse, ni..

— Je suis vraiment navré », me coupa-t-il le plus aimablement possible en me voyant partir dans une longue énumération.

La bouche entrouverte, je fixai l'écran de son ordinateur d'un air absent.

Encore une embûche dans mes recherches. Et pas des moindres. Mon seul espoir était réduit au néant. J'en eus une légère nausée.

Je finis par refermer la bouche, et abaisser mes paupières quelques secondes, avant de feinter un sourire.

« Merci tout de même, dis-je avant de leur tourner le dos.

— Attendez. »

En entendant cet impératif, je me stoppai net et attendis la suite.

« Ne dites pas que je vous ai divulgué cette information, à personne, c'est compris ? »

J'hochai vivement la tête et il enchaîna.

« En ce qui vous concerne, il semblerait que ce ne soit pas une personne qui vous ai déposée ici, mais un groupe de personnes. Ils vous auraient trouvée dans la rue.. »

Impassible, je lui demandai plus de détails mais il m'indiqua qu'il m'en avait déjà trop dit et ferma son onglet.

Lorsque je sortis du local, mon esprit n'était pas plus clair. C'était même presque un ressenti inverse qui me tordait les entrailles.

J'avais une piste. Mais ce fil si fin et presque invisible vers la réponse que j'attendais allait il me mener quelque part ? Comment allai-je trouver quelle serait la prochaine étape à franchir ?
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L'histoire avance lentement, mais sûrement. N'hésitez pas à commenter pour donner vos avis sur les personages, l'histoire, ou voter. Love 💛.

Trojan (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant