Partie 18

8.4K 1.2K 272
                                    

Media : "Cold" - Jorge Méndez


J'étais dans la cuisine de notre résidence familiale. Nous étions attablés en famille et nous discutions gaiement de mon futur.

La fameuse école d'art de Svatantria ! Non mais tu te rends compte, mon chéri, notre fille est sur le point de devenir une véritable star du monde artistique !

Arrête, maman ! Tous ceux qui sortent de cette école ne deviennent pas des célébrités pour autant, gloussai-je devant la réaction disproportionnée de ma mère.

Oui, et puis c'est vrai que c'est un milieu assez traître, ajouta mon père. Nombreux sont ceux à n'être devenus célèbres qu'après leur mort. Tu contredirais la règle si tu gagnais ton premier million avant d'avoir rendu l'âme.

William ! Je t'interdis de penser à ce genre de chose ! Notre fille va vivre une expérience inoubliable dans cette ville et elle a encore tout un tas de beaux jours qui l'attendent. Elle percera dans le métier, c'est une certitude, elle a tout le talent nécessaire pour y arriver.

Mes parents me voyaient parfois comme un véritable génie. Cela pouvait être embarrassant et attendrissant à la fois.

Pour sûr mon, amour, mais il n'en reste pas moins que cette petite démone est sur le point de nous abandonner. Notre petit poussin va quitter le nid et apprendre à voler de ses propres ailes. Je vais devoir me trouver un nouveau sous-fifre, c'est une véritable tragédie.

J'ai 22 ans, Papa, tu devais bien te douter que ce jour finirait par arriver.

Je n'attendais même que ça ! s'exclama-t-il en me faisant un clin d'œil. J'espère simplement que cette aventure ne te servira pas d'excuse pour oublier tes vieux parents. Je compte bien profiter des avantages de ton statut et de ta fortune lorsque tu seras une artiste reconnue.

T'es bête, mon papounet ! Comment pourrais-je oublier deux adorables croûtons tels que vous.

Oooh ! Voilà, elle va me faire pleurer, sanglota ma mère. Viens là que je te prenne dans mes bras ma puce.

Je vous aime, leur avouai-je tendrement tandis que je me retrouvais broyée entre leurs deux corps dans un câlin collectif des plus réconfortants.

Nous aussi, ma chérie, nous aussi, chuchota mon père. Reviens nous vite.


Des larmes dévalaient le long de mes joues au souvenir d'une des dernières conversations que j'avais échangées avec mes parents. Ils me manquaient terriblement.

Jusqu'à présent, je m'étais forcée à penser le moins possible à eux. Imaginer ce qu'il avait pu leur arriver... me demander s'ils étaient en sécurité... Tout cela était beaucoup trop dur, je m'effondrais à chaque fois en imaginant le pire. Craignant de ne plus jamais les revoir.

Mais, ces derniers temps, leur souvenir ne cessait de revenir me hanter. Ils devaient être tellement inquiets de ne pas savoir où je me trouvais, de ne pas savoir si j'allais bien... Je ne pus m'empêcher de pouffer intérieurement à cette idée... s'ils savaient. Ils seraient probablement effondrés s'ils devaient constater par eux-mêmes l'état désastreux dans lequel je me trouvais actuellement. Cela n'avait rien de drôle mais mon esprit était tellement fracassé que je me surprenais parfois à rire pour des choses tristes.

Alors que je me trouvais toujours dans un état de semi-lucidité, je perçus un bruit de pas se rapprochant de ma geôle. Le monstre était de retour. Je me pelotonnai dans un coin, me rapetissant le plus possible, et je priai pour sombrer de nouveau dans une inconscience libératrice.

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant