Partie 29-1

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Media : Never let me go - Florence and the machine

Nae

Je m'étais réfugiée dans la cuisine dès l'instant où j'avais entendu quelqu'un frapper à la porte d'entrée. La personne s'acharnait depuis déjà quelques minutes, le temps pour mon père de s'assurer que j'étais bien cachée avant d'aller ouvrir.

Je lorgnai sur la fenêtre qui me faisait face, prête à la franchir à la première occasion. Heureusement que mes parents habitaient en rez-de-chaussée, je me serais mal vu effectuer un saut de l'ange dans le cas contraire... aucun moustique n'aurait été là pour me rattraper cette fois-ci... et la sensation que me procurait la chute avait beau être libératrice lorsque je me jetais du haut de la citadelle, je n'étais pas encore totalement folle au point de plonger sans l'assurance d'un atterrissage largement amorti.

J'entendis papa se déplacer et déverrouiller la porte pour ouvrir à notre visiteur impromptu.

— Hermès ! Je ne m'attendais pas à ta visite, ne devions-nous pas nous rejoindre sur la place dans une heure ?

Mon cœur s'affola. Keran était là, à seulement quelques pas de moi.

Je retins ma respiration, effrayée à l'idée qu'il puisse m'entendre ou sentir ma présence d'une quelconque façon... je ne bougeai plus d'un cil.

Je n'étais pas prête pour cette confrontation, pas encore. Mes oreilles bourdonnaient, mon estomac me remontait dans l'œsophage, j'avais du mal à ne pas défaillir.

— Si. Tu as parfaitement raison, William.

L'entendre s'adresser à mon père était très étrange. Si on m'avait dit qu'un jour les deux hommes de ma vie seraient réunis dans la même pièce, j'aurais voulu le voir pour le croire. En l'occurrence, je ne le voyais pas d'ailleurs, mais l'effet n'en était pas moins déstabilisant.

Keran paraissait agité, presque stressé. On sentait qu'il essayait de se contrôler au maximum.

Le timbre de sa voix tremblait. Je n'aurais jamais cru entendre ce genre de ton incertain dans sa bouche. Il avait toujours eu l'air si sûr de lui quand je le fréquentais, il paraissait tellement... inébranlable à l'époque. Là il me semblait presque fragile.

Je déglutis en comprenant que j'étais probablement la cause de son trouble. Après tout, il s'adressait au père de sa défunte... sa défunte quoi d'ailleurs ? Qu'étais-je pour lui ? Nous n'avions jamais eu l'occasion de définir notre relation. Et notre amour était si évident que je ne m'étais jamais posée la question... avant aujourd'hui.

— Je... je suis là pour une toute autre raison en réalité, poursuivit-il comme s'il cherchait ses mots. J'ai appris que toi et Denise abritiez une jeune femme dans votre appartement depuis hier.

Merde, je ne m'attendais pas à ça... il était au courant.

Les battements de mon cœur accéléraient de plus en plus, j'étais proche de la tachycardie.

— Oh... oui, c'est exact. Je suis désolé de ne pas t'en avoir informé plus tôt mais comme nous devions nous voir très bientôt, j'ai pensé que je t'avertirais à ce moment là.

— Bien-sûr, je comprends. Je voulais simplement savoir... Est-ce que... est-ce que c'est Nae ?

L'espoir que je pus discerner dans sa voix me brisa définitivement le cœur.

Je m'en voulais atrocement de lui infliger une telle douleur. Le souvenir de ce que je ressentais alors que je le croyais mort était toujours présent en moi, il hantait mes rêves. Et pourtant, je n'arrivais pas à savoir ce qui était le pire... être séparée de lui pour toujours, ou choisir de revenir dans sa vie et prendre le risque de le voir mourir encore une fois pour finalement le perdre à jamais ?

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant