Partie 20

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Un cri de terreur m'arracha brutalement à mon sommeil et je réalisai rapidement que c'était moi qui l'avais poussé. Cela faisait une semaine que mes nuits étaient agitées par des cauchemars tous plus réalistes les uns que les autres. Je me retrouvais ainsi de nouveau confrontée à la barbarie de Fred, redevenant un jouet entre ses mains. Une poupée désarticulée qu'il malmenait sans cesse.

Mes larmes coulaient sans que je ne puisse les arrêter, reflet du traumatisme que j'avais subi. Mon esprit avait toujours du mal à réaliser que ces mésaventures sordides m'étaient bel et bien arrivées, même si elles faisaient à présent partie du passé. Alors mon corps tentait d'évacuer le choc à sa manière.

J'étais toujours en train de me faire à l'idée que ce rêve sanguinaire n'était pas réel, du moins qu'il ne l'était plus, lorsque je sentis deux bras musclés m'entourer et me serrer dans leur giron.

Keran.

Il accourait chaque nuit auprès de moi pour me rassurer et me servir de point d'ancrage à la réalité. Je me perdis aussitôt dans son étreinte, profitant de ses caresses réconfortantes le temps de calmer mes sanglots.

Et, comme chaque nuit depuis une semaine, aucun de nous ne parlait. Il se contentait d'être présent, le temps pour moi de recouvrer mes esprits, puis il repartait, me laissant ainsi l'espace dont j'avais besoin. Dont il pensait que j'avais besoin.

Mais cette fois je ne voulais pas qu'il me laisse seule. Je le retins donc avant qu'il ne s'en aille.

— Keran...

Il s'immobilisa sur le seuil de la chambre et se tourna vers moi, attendant la suite.

— Est-ce que tu voudrais bien rester dormir avec moi ? lui demandai-je tremblotante.

Je le vis se tendre à ma question. Son expression s'était fermée et il paraissait mal à l'aise.

— Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, Nae, me confia-t-il de sa voix rauque. Dans ton état...

— Je ne suis pas en train de te réclamer une partie de jambe en l'air, j'aimerais simplement que tu restes auprès de moi. S'il te plait.

Il darda son regard sur moi et semblait peser le pour et le contre.

— Je ne sais pas, je n'ai encore jamais fait ça, m'avoua-t-il avec embarras.

Je ne pus retenir un petit pouffement devant cette révélation. Le dieu du sexe qui me faisait face avait peur de se retrouver seul au lit avec une femme.

Il me jeta un regard meurtrier en me voyant rire sous cape et se rapprocha du lit pour me rejoindre sous la couette.

— Très bien, tigresse, mais ne va pas te plaindre s'il te prend l'envie de te jeter sur moi au beau milieu de la nuit, je produis souvent cet effet là.

— Pfff, bonjour les chevilles hein. Rassure-toi, j'ai simplement besoin d'un nounours et je n'ai pas pour habitude de faire des choses peu catholiques avec mes peluches.

— Mouais... je te jure, Nae, c'est n'importe quoi, grogna-t-il alors qu'il s'installait en cuillère contre moi et gigotait, mal à l'aise.

— Chut. Arrête de t'agiter et contente-toi de jouer ton rôle de doudou protecteur.

Nous n'avions pas encore eu l'occasion de parler de sa nature d'incube. Je savais que ce jour arriverait tôt ou tard mais Keran ne semblait pas plus pressé que moi d'aborder la question bizarrement. Je le soupçonnais même d'être ravi de se servir de mon rétablissement comme prétexte pour échapper à un nouvel interrogatoire de ma part. Trevor, de son côté, était beaucoup moins enclin à me laisser m'en sortir aussi facilement. Il ne cessait de me provoquer pour que je me décide enfin à parler. Mais je trouvais toujours le moyen d'éviter le sujet.

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant