Partie 9-1 : PDV Keran

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Une partie un peu courte mais comme il s'agit d'un PDV différent, je préfère l'isoler de la suite.

J'espère que vous apprécierez d'être dans la tête de Keran pour un temps :)

***


Keran

Nae pris une grande inspiration et se lança :

— Petit un : En toute honnêteté, que sais-tu des anges et de tout ce qui entoure leur apparition ? Petit deux : Comment peux-tu affirmer que tu ne m'envoies pas tout droit dans un piège ? Et petit trois : Sans rien omettre, si j'étais ton ennemie, que serait-il bon que je sache sur toi ?

J'esquissai un sourire moqueur en entendant Nae énumérer à une vitesse folle les questions qu'elle avait pris le temps de noter de façon si studieuse dans son cahier. Comme si ces dernières étaient d'une importance capitale et qu'elle devait les réciter le plus rapidement possible pour s'assurer qu'elles ne s'évaporent pas entre temps.

Elle affichait un air sérieux tout à fait adorable. On voyait qu'elle avait consciencieusement réfléchi à la formulation de ses questions. Et le temps qu'elle avait passé dans la chambre à les mettre au propre ne faisait que le confirmer. Cette folle furieuse était plus maligne qu'elle ne voulait bien le montrer.

J'étais heureux que la tension de la matinée se soit finalement dissipée. Je n'avais pas prévu de m'énerver de la sorte. En temps normal je contrôlais toujours parfaitement mes changements d'humeur, j'étais imperturbable, je me devais de l'être. Je n'avais aucun mal à revêtir un masque de neutralité de façon à ne rien laisser paraître de mes émotions. Mais quand je repensais à la façon dont elle s'était mise en danger... c'était plus fort que moi, je ne me contenais plus.

Je n'aurais pas dû en être aussi affecté. Après tout, si elle voulait risquer de se faire repérer et capturer par ces saletés d'anges, c'était son choix. Je n'aurais d'ailleurs pas dû me mêler de ses affaires, l'expérience m'avait appris à toujours garder mes distances. La ligne de conduite que je m'étais fixée ne m'autorisait pas à interférer, et je n'avais jamais transgressée cette règle de vie jusqu'à cette nuit là. 

Mais lorsque j'avais vu ces deux enflures s'en prendre à elle, et ce cinglé la rouer de coups... je n'avais pas pu rester en retrait. Voir son petit corps meurtri à terre avait remis en question des années de détachement calculé et j'avais été forcé d'intervenir.

Qu'on se le dise, j'avais tout simplement perdu les pédales. La carapace que je m'étais forgée depuis tant d'années s'était finalement fendillée.

Je me demandai si Nae avait conscience de l'effet qu'elle produisait sur moi. Elle était magnifique, douce et farouche à la fois. Il me suffisait de poser les yeux sur elle pour oublier tout le reste. La moue boudeuse qu'elle affichait parfois me donnait envie de goûter à ses lèvres sans retenue, et il suffisait qu'elle ait ce petit froncement de sourcil si sexy pour que mes pensées prennent un dangereux virage.

Putain ! Mais qu'est-ce qui clochait chez moi, à la fin ?! Comment de telles niaiseries pouvaient-elles me traverser le crâne ? C'était n'importe quoi, cette fille allait se révéler être un vrai problème si je ne parvenais pas à me ressaisir.

Il devenait urgent que je relâche la tension qui s'accumulait en moi depuis plusieurs jours et que je cesse de me comporter comme une midinette en mal d'amour. Par chance, j'avais déjà pu évacuer un minimum de pression, la veille au soir...

Botter le cul de ces deux fouille-merdes n'avait pas été bien compliqué. Et vu la raclée que je leur avais mise, ils n'allaient pas réapparaître de si tôt. Pas tant que je serai dans le coin en tout cas.

Après avoir ramené Nae à l'abri, je m'étais assuré qu'ils ne remettent jamais les pieds dans les environs. Ils pouvaient déjà s'estimer heureux d'être encore en vie.

J'éteignis la plaque à induction et posai l'assiette de Nae sous son nez. Je pris place de l'autre côté du bar, en face d'elle, et commençai à manger pour l'enjoindre à faire de même. Je préférai avoir le ventre plein avant de subir un interrogatoire en règle.

En espérant que ce repas ne finisse pas comme le précédent.

Je voyais bien que Nae hésitait à reprendre la parole, impatiente comme elle l'était d'en savoir plus. Mais elle se décida finalement à manger, ayant probablement compris qu'il ne servait à rien de me harceler si elle voulait avoir réponse à ses questions.

Elle se jeta sur sa nourriture tout comme elle l'avait fait lors du déjeuner. Cette jeune femme si gracile avait un appétit d'ogre. Cela faisait longtemps que je n'avais pas cuisiné pour deux, et je devais bien admettre que c'était plutôt plaisant. Habituellement je ne laissais jamais personne rester aussi longtemps chez moi mais, étonnamment, j'étais heureux qu'elle soit là plutôt qu'à errer dans les rues. J'aimais la savoir près de moi. Dans mon repaire.

La vie n'avait pas été tendre avec elle depuis deux semaines. Elle ne connaissait manifestement personne en ville et s'était retrouvée livrée à elle-même sans aucune protection ni domicile où elle aurait pu trouver refuge. Je l'avais suivie après l'avoir vu traîner plusieurs soirs de suite en bas de l'immeuble. J'avais découvert qu'elle logeait dans différents squats qu'elle se constituait un peu partout en ville. Elle choisissait toujours des appartements abandonnés jouxtant la barrière d'énergie. J'étais plutôt étonné qu'elle ait fait preuve d'autant de bon sens sans avoir pourtant été préparée à ce type de bouleversement. C'était une battante et je respectais sa force de caractère.

Nae sauça son assiette, ne souhaitant surtout pas en perdre une miette, puis elle posa ses couverts et releva son visage, plantant son regard droit sur moi.

Il était temps de tenir ma promesse. Et je savais déjà quelle question je choisirai de laisser de côté. Il fallait avouer qu'elle avait plutôt bien formulé chacune d'entre elles. S'assurant dans le même temps que je n'omettrai aucun détail et que je lui dirai bien la vérité.

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant